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Alerte Biodiversité

Le 20 décembre 2010, une résolution des Nations Unies a permis la création de l’IPBES.

Cet acronyme imprononçable désigne “La plateforme intergouvernementale scientifique et politique pour la biodiversité et les services écosystémiques”1.

Bref, c’est l’organisme grâce auquel de nombreux scientifiques du monde se réunissent pour parler de la biodiversité.

En 2019, cette plateforme a publié un rapport alarmant2.

Ce travail était ambitieux.

Plus de 450 experts y ont contribué.

Ils ont travaillé sur plus de 15 000 études et documents officiels pour établir un grand bilan de la biodiversité dans le monde sur les 50 dernières années2.

Leurs conclusions sont inquiétantes mais les experts sont persuadés que l’humanité est capable de s’adapter.

Quelques chiffres pour commencer…

1 million : c’est le nombre d’espèces végétales et animales actuellement menacées d’extinction.

Dans l’histoire de l’humanité, une telle hécatombe ne s’était jamais produite.

40% des amphibiens, 33% des récifs coralliens, 33% des mammifères et 10% des insectes seraient directement menacés d’extinction.

Même les espèces domestiques sont en baisse ! 9% d’entre elles auraient disparu depuis le 16e siècle.

Cette catastrophe a poussé le Pr Settele, l’un des rédacteurs du rapport à affirmer :

Les écosystèmes, les espèces, les populations sauvages, les variétés locales de plantes et les races locales d’animaux domestiques diminuent, se réduisent ou disparaissent. Le tissu vivant de la Terre, essentiel et interconnecté, se réduit et s’effiloche de plus en plus.

Il ajoute :

Cette perte est la conséquence directe de l’activité humaine et constitue une menace directe pour le bien-être de l’humanité dans toutes les régions du monde.

L’activité humaine en cause

D’après les experts de l’IPBES, il y a 5 grandes causes de la chute de la biodiversité :

  • les changements d’usages des terres et des mers, notamment l’urbanisation ;
  • l’exploitation directe de certains organismes : c’est la surpêche par exemple ;
  • le changement climatique ;
  • la pollution ;
  • les espèces exotiques envahissantes.

Ils citent par ailleurs 3 causes indirectes :

  • l’augmentation de la population ;
  • l’augmentation de la consommation par habitant ;
  • l’innovation technologique.

Ils précisent que 75% des surfaces terrestres et 66% des espaces marins sont transformés par les humains.

Ce n’est du reste pas une surprise.

Sans biodiversité, pas d’êtres humains

Après des siècles d’exploration, homo sapiens a fini par atteindre tous les confins de la terre.

Il s’est mis à habiter à peu près partout sauf dans les espaces les plus extrêmes.

Le problème n’est pas qu’il y ait des êtres humains un peu partout, mais que leur mode de vie actuel n’est plus compatible avec la survie de la nature.

Or, si la nature disparaît, l’être humain lui-même périra.

La biodiversité est l’affaire de tous parce qu’elle assure la régénérescence des sols et des écosystèmes. 25% de la biodiversité se trouve par ailleurs dans les sols3.

Elle limite la progression des maladies, des bactéries, des virus, des espèces envahissantes4. Elle permet la pollinisation5. Elle assure les rendements agricoles à long terme6. Elle facilite la dépollution7. Et lorsqu’elle baisse, la pollution augmente7.

Tout cela n’a du reste rien d’un scoop. Les documents qui l’affirment émanent d’organismes officiels.

Les scientifiques savent qu’il n’est pas possible d’imaginer un monde SANS biodiversité.

Plus de 40% des espèces d’insectes sont menacées d’extinction !

L’agrandissement des surfaces agricoles signe tout simplement l’arrêt de mort des insectes sur nos territoires : produire toujours plus vite, toujours plus fort nous mène tout droit à la catastrophe !!

Nature contre culture ? Ce n’est plus tenable.

Dans la guerre terrible entre nature et civilisation, homo sapiens a gagné… au risque de tout perdre.

Il doit apprendre à ne plus lutter contre la nature mais à compter avec elle.

C’est un changement d’optique.

Il aura des effets sur les modes d’alimentation, de transport, d’habitation, de consommation, sur le travail, la manière de s’habiller, sur la médecine, etc.

La civilisation de demain sera naturelle et technologique ou ne sera simplement pas.

Les géniales inventions d’Elon Musk8, les sondes envoyées autour de Mars par les Chinois9, l’exploration du centre de la terre10, rien de tout cela ne se fera, si nous ne sommes pas capables de mieux protéger les écosystèmes dont la vie humaine dépend.

Un problème de ressources

Depuis les années 70, la valeur de la production agricole a augmenté de 300%2.

Cet exploit a mis les réserves d’eau sous tension.

L’agriculture et l’élevage utilisent 75% des ressources en eau douce dans le monde2.

Les rivières sont saturées de pesticides et d’engrais11. Les lacs, les étangs et les mares aussi. Même les nappes phréatiques sont parfois menacées12 !

Les populations de pollinisateurs, notamment en Amérique du nord, déclinent. Les abeilles meurent, on le sait. Le coût de leur disparition a été évalué à 577 milliards de dollars par an pour l’agriculture mondiale2.

Par ailleurs, l’exploitation des forêts bat son plein. La récolte de bois brut a augmenté de 45% dans le monde2.

60 milliards de tonnes de ressources renouvelables et non renouvelables sont extraites chaque année de la planète. Ce chiffre a doublé depuis les années 802.

Les sols, eux, se dégradent. Les terres agricoles ont perdu 23% de leur productivité. La monoculture, les labours profonds qui éventrent la terre et la soumettent à l’érosion, les engrais et les pesticides épuisent la terre.

Si la tendance continue, les grandes plaines du nord de la France ou celles de Flandres en Belgique pourraient devenir des zones arides dans les 50 années qui viennent.

33% des stocks de poissons sont surexploités, 66% sont à la limite. Il y a un progrès pour 7% d’entre eux.

Urbanisation et pollution

Depuis 1992, les zones urbaines ont été multipliées par deux ! En trois décennies ! C’est très rapide !

La pollution par les plastiques a été multipliée par dix depuis 1980.

Environ 400 millions de tonnes de métaux lourds, solvants, boues toxiques et autres déchets issus des sites industriels sont déversés chaque année dans les eaux du monde.

Les engrais qui arrivent dans les écosystèmes côtiers ont produit plus de 400 « zones mortes » dans les océans. Cela représente près de 245.000 km2. C’est une superficie totale plus grande que celle du Royaume-Uni2.

Tout le monde est concerné

En France et en Europe, les choses se sont légèrement améliorées dans certains domaines.

Mais, il ne faut pas penser que les problèmes ne sont que pour les autres.

D’abord, parce qu’en France aussi les rendements agricoles stagnent, les sols s’épuisent et l’urbanisme galopant et désordonné sévit13.

Ensuite, parce que les problèmes d’eau, de désertification, de pollution, etc., ailleurs dans le monde peuvent avoir une incidence directe sur l’Europe.

Ce sera des mouvements de populations ou des conflits par exemple. Sans compter qu’une part de la pollution liée à la production des biens et services a été délocalisée en Chine.

Les Chinois y ont trouvé leur compte pour l’instant. Mais cela ne durera peut-être pas éternellement.

Un jour viendra où l’Europe devra peut-être à nouveau produire ses biens et ses matières premières, ne fut-ce que pour des questions de sécurité des approvisionnements.

La crise du coronavirus et la production des masques a souligné à quel point ce problème était saillant.

L’innovation technologique est-elle durable ?

La crise actuelle a eu le mérite de montrer que certaines activités très polluantes n’étaient pas indispensables : le transport aérien ou le tourisme de masse à l’étranger ont permis au ciel et aux plages de respirer.

Ces activités pourraient aisément être régulées à l’avenir.

En revanche, personne ne parle des dépenses énergétiques liées aux technologies.

Ainsi, la collecte et l’archivage des données par les géants américains de l’informatique et des réseaux sociaux contribuerait massivement au réchauffement climatique14.

Quels seront les effets de la 5G ou de la 6G ? Pour l’instant, les Autorités ne semblent pas s’intéresser à la question…

Les solutions à envisager

La tâche paraît immense !

Toutefois, la pression économique devrait conduire tous les acteurs à s’y atteler.

Trois révolutions sont à prévoir :

  • une révolution philosophique : la nature et la science vont devoir travailler ensemble. Les scientifiques vont devoir partir des équilibres du vivant pour développer de nouvelles technologies : c’est l’un des objets du biomimétisme : s’inspirer de la nature pour innover15.
  • une révolution agricole : l’avenir appartient à la permaculture et à l’agroforesterie, seuls modèle à la fois durables et productifs16 ;
  • une révolution des modes de vie et de consommation. Ces changements dépendent beaucoup des innovations technologiques. Il est à prévoir toutefois que les modes de chauffage et notamment d’isolation évoluent et que par ailleurs la consommation de viande baisse drastiquement. Le plastique pourrait être remplacé par des “plastiques végétaux”17 tandis que la dépollution pourrait être assurée par les champignons18.

Il y a de nombreuses raisons d’aimer le monde qui se prépare. Les solutions sont là !

Au travail !

Solidairement,

Julien

 

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Il est important et nécessaire que les opinions et valeurs des citoyens soient prises en compte en permanence et pas uniquement au moment des échéances électorales.

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7 Comments
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Sitend
3 années il y a

Bon exposé des dégâts et de leurs causes principales (surpopulation, urbanisation, consommation, pollution, surexploitation des ressources naturelles etc….) mais les exemples de solutions proposées relèvent de la pensée bisounours (quid de la surpopulation?), ne concernent qu’une infime partie de la population mondiale (nous), une infime partie des problèmes et ne visent qu’à s’attaquer aux conséquences des dégradations et non aux causes (le plastique « végétal » qui comme les bio carburants augmentent l’emprise de l’agriculture industrielle, prête à sourire). Yann est dans le vrai

Martine Bernard
3 années il y a

J’ai décidé très jeune, il y a 50 ans, de ne pas avoir d’enfant. J’étais parmi les personnes déjà sensibilisées à ce danger. L’humanité n’est pas en voie de disparition du fait d’autres espèces qui la détruiraient. Elle crée le déséquilibre. Elle ne s’auto-régule pas, voilà tout. Donnons l’accès partout dans le monde à la contraception. Il y a 2 millions d’enfants qui meurent de faim chaque année. Pensez-vous que les mères de ces enfants « désirent » vraiment « donner la vie » sachant le drame qui les attend ? Et cela me révolte tellement…

Yann
3 années il y a

Les progrès de la science concernant notamment l’enfouissement du carbone atmosphérique, les énergies renouvelables, le développement des techniques agricoles respectueuses de l’environnement et d’une industrie non polluante, l’interdiction des emballages non biodégradables, l’introduction des normes de durabilité d’un produit (afin qu’il ne finisse pas rapidement sur une décharge mais sert pendant longtemps), les innovations dans le traitement des déchets tels que par exemple la production de biochar, etc., …

… tout cela ne suffira pas si l’accroissement de la population humaine mondiale ne devient pas négatif et y reste pendant quelques siècles. Cela devrait faire partie de principaux efforts de l’humanité au même titre que la réduction des émission des gaz à effet de serre, la protection de l’environnement et de la biodiversité. Les médias ont ici un rôle à jouer pour que les politiques s’en saisissent mais on dirait que c’est une sujet tabou. Et les médias ce sont aussi les sites web ou les listes de diffusion, comme par exemple Les Lignes Bougent. Je n’ai vu aucun pétition à ce sujet, ni ici, ni sur Avaaz, ni sur WeMove, ni sur SumOfUs, ni ailleurs.

marc aumont
3 années il y a

La vie s’est installée sur la Terre depuis un milliard d’années. La chimie du vivant est grosso-modo la même pour tous les êtres vivants, c’est à dire que l’on y retrouve les mêmes molécules. Toute nouvelle molécule, depuis les insecticides jusqu’au micro-plastiques, ne peut EVIDEMMENT pas être traitée par les êtres vivants, l’organisme ne sait pas quoi en faire. Dans le pire des cas elle les tue (néocotinoïdes), dans le meilleur elle est simplement éliminée, mais la plupart du temps elle va s’accumuler dans l’organisme y provoquant des désordres graves (cancers, stérilité, etc). L’industrie chimique (dont l’agro-chimie) est en train de tuer la vie sur Terre, et en particulier celle des humains. Qui osera leur faire un procès pour crime contre l’humanité? (quoique crime contre la vie serait plus juste).

Claude
3 années il y a

Tout cela n’est pas neuf ; çà dure même depuis longtemps ; allez donc relire « Printemps silencieux » de Rachel CARSON en 1962… édifiant…

Monique Dul
3 années il y a

On aura beau changer nos modes de vie et faire tout ce que vous proposez, tant que la population continuera à croître, les problèmes demeureront.

Catherine Stef
3 années il y a

Le problème majeur, selon moi, est comment espérer que suffisamment de gens s’estiment concernés, estiment seulement pouvoir avoir un impact, pouvoir se mobiliser, pouvoir consentir à changer de paradigme…… j’en doute moi même, à 68 ans. Mais je sais que les 25-35 ans sont d’ores et déjà dans le monde de demain. Pourront ils agir? Les enjeux financiers les lobbies les politiques …. sont autant d’obstacles ….. pas très optimiste donc!

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