Le journal britannique The Guardian a révélé le 24 juillet dernier que la très grande majorité des licences d’exploitation du pétrole et de gaz viennent de 5 pays[1] :
- Le Royaume-Uni
- l’Australie,
- la Norvège,
- Les États-Unis,
- Le Canada.
Cela est vrai pour 2024, même s’il est prévu que la Chine et la Russie en émettent de nouvelles d’ici la fin de l’année.
Mais c’est également une réalité qui s’est accélérée depuis 10 ans.
En l’an 2000, environ 700 licences d’exploitation d’hydrocarbures ont été émises dont 40 % environ l’ont été par ces 5 pays.
Jusqu’en 2010, ces chiffres ont peu bougé. Ils ont même un peu diminué. On émettait entre 500 et 700 licences par an et ces 5 pays comptait pour un peu moins de la moitié d’entre elles.
Mais à partir de 2010, on note une hausse sensible des émissions de licences. On est à plus de 1000 en 2019, et plus de 1250 en 2023.[2]
Surtout, la part des 5 pays augmente sensiblement. Depuis 2017, les deux tiers, voire les trois quarts des licences allouées viennent de ces pays.
C’est comme si le monde entier avait freiné sa course au pétrole, tandis que ces 5 pays l’avaient accélérée.
250 employés au service de la transition écologique
L’article du Guardian se fonde sur des données de 2024 produites par L’Institut International pour le développement durable (International Institute for Sustainable Development).
Cet organisme est financé par de nombreux États dont les cinq cités précédemment mais aussi la France ou l’Allemagne.[3]
Seuls des États occidentaux sont présents dans la liste des États donateurs.[4]
Il est également soutenu par de nombreuses fondations, des banques, des universités et divers autres institutions.
L’Institut réunit 250 employés. C’est une grosse machine !
L’Institut assure un suivi mensuel des émissions de licence par les gouvernements du monde.[5]
Pour les chercheurs de l’Institut, le vrai passage à une économie décarbonée commence par la fin de l’émission de licences d’exploitation du gaz et du pétrole.[6]
Mais on en est loin !
Un sevrage inévitable malgré tout ?
Au-delà du réchauffement climatique, il y a aussi un enjeu lié aux ressources.
Les puits et les poches de gaz et de pétrole s’épuisent même en Arabie Saoudite.[7]
Ce qui fait tenir la filière pour l’instant, c’est la découverte de nouvelles réserves ainsi que le développement de nouvelles manières d’extraire le pétrole.[8]
Car la production de pétrole conventionnel a atteint son pic en 2008.
Seule l’arrivée du pétrole de roche ou de sables bitumineux a permis à la production globale d’augmenter.[9]
Mais nous sommes sur un plateau qui devrait chuter brutalement à partir de 2070 ou 2080.
Car les nouvelles réserves découvertes ne sont jamais aussi importantes que celles que l’on a épuisées par le passé.
D’ici 100 ans, le pétrole sera de toute façon une énergie du passé.