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Comment réindustrialiser la France ?

Le 4 septembre 2024, le four à chaux de la sucrerie de Francières dans l’Oise a été sélectionné par l’équipe du Loto du patrimoine pour bénéficier d’une aide à la restauration.

Ce four à chaux a été construit en 1850.

La sucrerie elle-même date de 1829.

Elle a fermé ses portes en 1869.

Un site industriel comme il y en avait tant…

Entre ces deux dates, elle a survécu à une faillite en 1859, une autre en 1884, la Première Guerre mondiale, puis la Deuxième et enfin la concentration du secteur qui va entraîner la fermeture définitive du site.

L’usine a eu sa ligne de chemin de fer raccordée au réseau national, sa piste cyclable pour les ouvriers qui venaient à bicyclette, ses logements ouvriers, son école et sa chapelle.

Elle a connu l’effervescence industrielle du 19e siècle, le capitalisme paternaliste, le travail des femmes à l’usine et, aujourd’hui, elle se transforme en musée.

En 1969, la sucrerie produit 800 tonnes de sucres par an.

La sucrerie la plus proche, qui a survécu, en produit 12 000. Les plus grandes en France produisent 24 000 tonnes.

Il y a moins de sites, mais ils produisent bien davantage.

L’histoire de la sucrerie de Francière est emblématique.

La France, depuis Louis XIV jusque les années 1990 a été un pays actif, capable de produire ses biens et ses services sur l’ensemble de son territoire.

La France a compté des moulins, des manufactures, des ateliers-usines, etc.

C’est un pays où l’on a aimé produire.

Aujourd’hui, le pays fournit encore des services, mais produit moins de biens.

Dans le même temps, le pays s’appauvrit.

Certains observateurs pensent qu’il existe un lien direct entre la production manufacturière et la richesse d’un pays.

Que vous évoque la désindustrialisation ?

Ce lien n’est pas évident.

Si vous demandez à des personnes autour de vous ce que veut dire la désindustrialisation ou ce qu’elle évoque, ils vous répondront :

  • la perte d’emploi ;
  • les friches industrielles ;
  • la disparition des ouvriers ;
  • les délocalisations.

Tout cela est juste.

C’est même chiffré.

Ainsi,

  • Entre 1970 à 2019, 2,4 millions d’emplois industriels en France ont été détruits.
  • En 1970, il y avait 6 millions d’emplois industriels en France. Cela représentait près de 30% de l’emploi.
  •  Aujourd’hui, les emplois industriels représentent 11% de l’emploi total.
  • L’industrie représentait 17% du PIB en 1995 ; elle ne représente plus que 11% du PIB en 2017.
  • Entre 1995 et 2017 environ un millier d’entreprises ont délocalisé une partie de leur activité, soit plus de 25 000 emplois par an.
  • L’industrie représente en moyenne 80 % des délocalisations entre 1995 et 2017.
  • Historiquement les secteurs qui ont délocalisé sont le textile, l’automobile, les chaussures, l’électroménager, la vaisselle, l’électronique et même une partie des médicaments.

Quels sont les dangers de la désindustrialisation ?

Ce mouvement ne concerne pas uniquement la France. Tout l’Occident a été touché.

Et aujourd’hui, la Chine est devenue la grande usine du monde.

Cela pose toutefois quatre problèmes majeurs :

  • Cela induit une baisse de l’innovation et de l’ingénierie qui suit la production.
  • Cela crée des pénuries de produits en cas de difficultés d’approvisionnement. Cela s’est vu avec la crise du covid 19 qui a en partie bloqué la production en Chine. Mais la fermeture du canal de Suez ou de celui de Malacca aurait un effet encore plus marqué. Une guerre entre Taïwan et la Chine pourrait, par exemple, perturber grandement le commerce international et la production chinoise de biens manufacturés.

 

  • Cela crée une faiblesse stratégique de l’Europe et de la France qui dépend de l’extérieur pour des biens de première nécessité comme les médicaments.

Cela fait baisser la recherche et l’innovation qui, le plus souvent, sont liées au site de production.

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Comment expliquer ces délocalisations ?

La première explication est simple : l’industrie française n’est plus compétitive. (3)

Depuis les années 80 et surtout 90, les pays d’Asie du Sud-Est sont capables de produire des biens comparables à des prix inférieurs.

Sans surprise, les consommateurs optent pour les produits les moins chers.

Cela réduit les marges des entreprises locales. Résultat, elles n’investissent plus et font faillite.

Ou, à défaut, elles délocalisent leur production ou une partie de leur production.

Si la Chine peut produire moins cher, c’est parce que les ouvriers y travaillent plus pour moins cher.

De même, les normes environnementales y sont moins fortes.

La concurrence est faussée.

Bien sûr pour la Chine, ce système a un coût social et environnemental.

Mais tant que les classes moyennes continuent de s’enrichir et que les plus pauvres peuvent espérer vivre mieux demain, cet équilibre tient.

Si l’on veut réindustrialiser la France, il faut donner aux entreprises productrices la possibilité de produire à des coûts concurrentiels. Ou alors, il faut sortir de l’OMC et vivre en autarcie.

Mais il n’est pas dit que ce choix-là soit la meilleure option.

Faut-il sortir de l’euro pour relancer l’industrie des pays du sud de l’Europe?

Traditionnellement en France ou en Italie, lorsqu’un gouvernement souhaitait augmenter les ventes de biens manufacturés, il dévaluait la monnaie.

Parfois, la dévaluation était subie. Mais le résultat était le même. Les importations étaient alors plus chères mais le prix des exportations baissait.

Les industries redevenaient alors concurrentielles.

Et on vendait plus.

L’activité manufacturière était relancée.

Avec l’euro, qui est un peu le mark allemand devenu européen, il n’est plus possible pour les pays du sud de l’Europe de dévaluer.

Résultat, ces pays ont perdu un outil d’adaptation qu’ils utilisaient en temps de crise.

L’alternative serait de dévaluer l’euro, mais les pays de la zone euro sont-ils capables de se mettre d’accord sur ce sujet ? Maintenant que l’industrie allemande est aussi dans la tourmente, qui sait ?

Vous me direz peut-être que si l’on sortait de l’euro, on aurait du mal à payer la dette qui est libellée en euros.

Mais ce sont deux problèmes différents.

Et, si une telle décision devait être prise, une période de transition pourrait être prévue.

La vraie question est de savoir ce que l’on veut.

Si l’on veut redévelopper une industrie française, il est préférable de pouvoir agir sur la monnaie au niveau national.

Si l’on préfère continuer à renforcer les services notamment financiers, l’euro est probablement une meilleure option.

Et l’énergie ?

La production manufacturière n’est possible que si l’énergie disponible est à bas prix.

En France, le choix du nucléaire a permis, pendant longtemps, de garder ce prix plutôt bas.

Au niveau européen, le prix de l’électricité est corrélé avec le prix du gaz.

La négociation sur ce point a tourné à l’avantage de l’Allemagne qui dépendait beaucoup du gaz russe livré à un prix compétitif.

Mais depuis la guerre en Ukraine, les pays européens doivent se tourner vers le GNL américain ou le gaz qatari.

Et cela a une incidence directe sur l’ensemble de l’industrie européenne.

Il est temps de sortir de ce système !

Quelle industrie pour demain ?

Les industries qui ont disparu avaient mis du temps à se développer.

Elles se sont faites aussi à une époque où la France et ses habitants croyaient en l’avenir.

Le 19e et 20e siècle français malgré leurs révolutions et leurs tragédies sont aussi des siècles enthousiastes.

Si l’on veut relancer l’activité, il faut renouer avec un état d’esprit positif et curieux.

Il nous faut retrouver le goût de l’aventure, l’esprit de Jules Vernes.

L’un des moyens d’y parvenir est d’investir dans des technologies durables qui rendront les citoyens fiers de participer à des projets “propres” et utiles.

Parmi les filières qui me plaisent pour la France, je vois :

  • une grande filière de chanvre industriel qui proposerait des vêtements, des matériaux de construction et d’isolement, des jouets, du papier et des emballages : ainsi le plastique pourrait facilement disparaître ;
  • une filière d’algoculture capable de fournir des algues pour les textiles et du gaz naturel par méthanisation, utile pour les transports et certaines centrales électriques ;
  • une filière de déchets, efficace et capable de transformer un maximum de déchets en ressource. Je pense d’abord aux déchets nucléaires qui pourraient fournir une immense quantité d’énergie ;
  • des régions 100% bio d’où les pesticides seraient totalement exclus : nous serions l’un des premiers pays capable de proposer des productions agricoles et donc des denrées alimentaires avec une garantie sans pesticides maximale.

Ce ne sont que des idées bien sûr.

Et il y a évidemment bien d’autres domaines où il faudrait investir comme dans le numérique ou certaines technologies de pointe.

Mais l’avantage d’investir dans l’énergie et l’agriculture est que si vous parvenez à baisser les coûts de la production de l’énergie, l’ensemble des activités économiques en profite !

Et vous, quelles sont vos priorités pour l’industrie en France et l’Europe ?

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Partagez-nous vos idées et vos textes de pétition en cliquant ici.

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Il est important et nécessaire que les opinions et valeurs des citoyens soient prises en compte en permanence et pas uniquement au moment des échéances électorales.

Une pétition est un moyen d’action efficace, pour que les citoyens reprennent le pouvoir sur les combats qui leur semblent justes.

Vous aussi, prenez part à la mobilisation citoyenne !

  1. « Four à chaux de la sucrerie de Francières », Fondation du Patrimoine
  2. « C’est le plus vieux four à chaux encore debout en Europe : la sucrerie de Francières, seule usine betteravière inscrite aux monuments historiques », France 3 Hauts-de-France
  3. Désolé, je ne peux pas accéder directement au lien YouTube pour vérifier les informations exactes.
  4. « L’industrie, la solution pour rendre aux Français leur pouvoir d’achat », Contrepoints
  5. « Industrie manufacturière française : un état des lieux », Direction Générale des Entreprises
  6. « La désindustrialisation en France », Perspective Monde – Université de Sherbrooke
  7. « Le long cheminement des délocalisations », Force Ouvrière
  8. « La désindustrialisation dans le Grand Est : des territoires inégalement touchés », Revue Géographique de l’Est
  9. « Les délocalisations françaises vers la Hongrie », Revue européenne des sciences sociales
  10. « Frexit : Est-il juridiquement possible de sortir de l’euro ? », LinkedIn
  11. « Le nucléaire est-il une énergie chère ? », SFEN
  12. « Prix du gaz et de l’électricité : pourquoi sont-ils liés ? », Ekwateur
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23 Comments
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14 jours il y a

Evitez d’écrire des contre-vérités. Les contrats de dette française ne sont pas libellés en euros, mais dans la monnaie nationale (lex monetae), qui est pour l’instant l’euro.
Ainsi, si la France sort de l’Union européenne, les contrats existants de dette de la France passeront en francs (dans le nouveau franc).

Hors de la sortie de l’UE, outil de vassalisation des pays européens par les USA avec l’OTAN (2 faces d’une même pièce), aucune possibilité de réindustrialisation de la France.

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