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chalutier

Faut-il limiter, voire interdire la pêche industrielle ?

Ce n’est un secret pour personne, les océans sont aujourd’hui directement menacés par l’activité humaine, et en premier lieu par la pêche industrielle.

Au niveau européen, le sujet de la pêche est du reste très sensible.

Il fait l’objet de débats récurrents entre pêcheurs, États membres de l’UE, institutions de l’UE et associations environnementales.

Ces dernières semaines, les discussions entre ces acteurs ont porté sur la pêche électrique.

Le 16 avril 2021, le Parlement européen a définitivement interdit cette pratique industrielle qui était utilisée par les pêcheurs néerlandais dans la mer du Nord pour pêcher la sole. (2)

L’ennui, c’est que cette décision ne s’applique qu’aux eaux européennes et ne concerne pas la pêche aux chaluts géants qui ratissent les fonds des mers et détruisent les écosystèmes marins. (3)

Pour le dire simplement, il y a aujourd’hui trop de bateaux sur les mers, ils sont trop gros et les poissons sont trop rares !

Si l’on ne fait rien, à terme, il n’y aura plus ni poissons, ni pêcheurs…

Faut-il un moratoire sur la pêche industrielle ?

La solution la plus radicale, serait d’interdire bonnement et simplement toute forme de pêche industrielle dans le monde entier pendant 30 ans.

Cela laisserait plus de place à la pêche artisanale qui se fait à la ligne, avec des casiers ou des filets tendus sur le fond de la mer.

Cela mettrait fin aux techniques industrielles qui pillent les mers et détruisent la biomasse marine, garante de toute la chaîne alimentaire. (4)

Une telle mesure a trois inconvénients :

  • le secteur de la pêche perdrait une partie de ses emplois ;
  • les grosses entreprises du secteur perdraient une part de leur profits ;
  • le prix du poisson augmenterait pour le consommateur.

Mais elle aussi aurait au moins cinq avantages :

  • le secteur de la pêche gagnerait en emplois artisanaux ;
  • la pêche deviendrait durable et donc, le métier de pêcheur aussi ;
  • les générations futures pourraient aussi consommer du poisson ;
  • les stocks de poissons et d’autres espèces maritimes pourraient se renouveler ;
  • les fonds marins cesseraient d’être détruits.

Car aujourd’hui 80 % des stocks de poissons commerciaux sont surexploités dans le monde. (2)

Les populations de thon rouge, de cabillaud, d’espadon ou de certaines espèces de requins ou encore la morue de Terre-Neuve, se sont effondrées

Cela veut dire que leurs populations ne vont peut-être pas se reconstituer.

C’est ce qui s’est passé pour la morue de Terre-Neuve.

Pêchée pendant plus de cinq siècles aux larges des côtes islandaises, ses populations se sont effondrées.

En 1992, la pêche à la morue a été interdite.

Hélas, 30 ans plus tard, les stocks ne sont pas reconstitués. (4)

Depuis 30 ans, la consommation de poisson a doublé à l’échelle mondiale. On estime que 80 % des stocks de poissons sont surexploités.

Si nous n’agissons pas dès maintenant, tout notre écosystème s’effondrera. Nous devons protéger cet écosystème pour permettre aux générations futures de pouvoir en profiter.

Légère amélioration en France

Pourtant lorsque la pêche est encadrée et que les pêcheurs se conforment au cadre qui leur est soumis, il est possible d’obtenir de bons résultats.

En France, entre 2000 et 2020, il y a eu un réel progrès dans la gestion des ressources halieutiques.

Voici un tableau comparatif entre la réalité en 2000 et en 2020 (6) :

gestion-ressources-halieutiques

Une partie des populations de poisson ne figure pas dans ce tableau car elles n’ont pas pu être classifiées ou évaluées.

En 2000, 9% des populations étaient en bon état contre 43% en 2020.

C’est mieux !

Ce n’est pas encore assez pourtant.

Il faudrait que les cases “populations effondrées”, « reconstituables » et “dégradés” redeviennent positives.

Une problématique planétaire

Par ailleurs, les océans n’ont pas de frontières pour les poissons. Les efforts des pêcheurs européens ne sont vraiment utiles que si les pêcheurs du monde entier vont dans le même sens.

Et les pays gros consommateurs de produits de la mer vont devoir faire évoluer leurs habitudes. Ce ne sera pas facile !

En 2016, un rapport de la FAO notait que la consommation de produits de la mer par habitant avait doublé dans le monde en 50 ans. Elle est passée de 10 kg à 21 kg par an et par habitant. (7)

Les coréens sont les plus gros mangeurs de poissons avec 78 kg par habitant.
Ils sont suivis des Norvégiens (66kg), des Portugais (61 kg), des Birmans (60 kg), des Malaysiens (59 kg) et des Japonais (58 kg).

L’aquaculture va-t-elle sauver Nemo ?

Je vous le dis tout de suite, les fermes de poissons ne règleront pas le problème !

D’abord, les élevages de gros poissons carnivores comme les saumons sont souvent des catastrophes écologiques. (8)

Ces élevages sont concentrationnaires. Le nombre de poissons au mètre cube d’eau est considérable. Ils sont malades, ils polluent le fond des rivières avec leurs déjections et ils sont gorgés d’antibiotiques.

Les Norvégiens en savent quelque chose puisque les deux tiers de leurs rivières ont été durablement polluées par ces fermes industrielles. (8)

Les élevages bios sont plus respectueux de l’environnement mais ne peuvent pas répondre à toute la demande des consommateurs.

Par ailleurs, pour nourrir ces poissons, il faut surpêcher des petits poissons que l’on transforment en granules. C’est un désastre !

Bref, la seule pisciculture durable est celle de la carpe en Chine ou encore de tilapia qui consomment des végétaux… (9)

Mais c’est loin d’être le modèle dominant…

Une autre alternative serait de développer des cultures d’algues riches en oméga 3. Mais pour l’instant cette filière est loin de remplacer le poisson !

Dans l’immédiat donc, la seule solution possible est de faire baisser la consommation et la pêche mondiale.

Cela passe par une évolution des habitudes et des législations ambitieuses et appliquées.

À défaut, les poissons disparaîtront et les pêcheurs avec eux.

Solidairement,

Julien

 

P.S. : Cliquez ici pour partager la pétition « Sauvez nos océans et notre écosystème : NON à la surpêche ! ».

P.P.S. : vous voulez réagir à cet article ? Évoquez votre ressenti lors de la signature de la pétition ou cliquez ici pour laisser un commentaire au bas de cet article.

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21 Comments
Commentaires en ligne
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Yves Lessart
2 années il y a

Il faudrai sans doute arrêter la politique actuelle qui va vers des bateaux de lus en plus gros et reautoriser la vente directe, sans passer par les criées. Encourageons la pêche côtière aux filets et aux casiers.

negga
4 mois il y a
Répondre à  Yves Lessart

oui

Abraham Chris
2 années il y a

Il y a aussi tromperie sur la pêche durable dont se gargarise le label SMC
On retrouve ce poisson surgelé dans toutes les grandes surfaces.
Ne plus mettre dans son caddy ce produit serait déjà un petit pas vers un peu de sobriété!

Alexandre LE CORFEC
2 années il y a

Bel article pour obtenir des subventions . Thon rouge , tout faux , sa population n’a pas baisse, mais vous ne savez ou ne voulez pas compter !La multiplication des marsoins , phoques ;;;;;;;;;;;;;;;; consomment plus de poissons que la peche industrielle !

Joël Le Tallec
2 années il y a

Je ne pense pas que mon commentaire sera publié car il n’est pas politiquement correct pourtant je suis persuadé que tous les problèmes de pollution, de sur pèche et de sur exploitation des ressources de la planète sont la conséquence d’un problème beaucoup plus compliqué à résoudre pour des raisons politiques, éthiques, religieuses, culturelles, philosophiques … « la surpopulation homo sapiens » pour mémoire un homme que j’admire a dit il y à très longtemps que pour maitriser la démographie de notre espèce il suffirait qu’aucun couple ne face plus de deux enfants … ! ça n’est pas la solution qui est compliquée mais sa mise en oeuvre comment faire pour que tous les homo sapiens deviennent des êtres HUMAIN.

2 années il y a

Interdire pour interdire ? … ? yaka faucon ? ☼

quel sens cela peut-il avoir si en amont il n’y a pas réflexion sur la suite ? la vraie question n’est pas d’interdire mais PAR QUOI LA REPLACER ? avez-vous des idées sur qui sont les clients cette filière ? ses produits transformés ? ses entreprises de transformation? de distribution au service de ces clients ?

Avez vous des propositions à faire en terme économique, d’emploi à ses acteurs ? des propositions de produits de remplacements qui ne soient pas pires à proposer ? par exemple à votre chat qui, pour mémoire est, via ses croquettes un de ses clients fidèles ?

Pourquoi ne pas raisonner système si vous voulez que le système change ?

Alice
2 années il y a

Pourquoi augmenter le prix pour le consommateur doit être un frein ? Puisqu’il faut freiner, aidons-nous à ralentir à grande échelle, cela passe aussi par ce levier, sans doute plus rapide que la sensibilisation, malheureusement ou heureusement. Les plus gros consommateurs de poissons à l’année devraient naturellement être des populations insulaires, côtières.
Dans la chaîne des conséquences, après la disparition des poissons et des pêcheurs, il y a celle de la planète toute entière par dérégulation du climat… Cf le documentaire « Seaspiracy » !
Merci pour cette pétition!

van Horenbeeck
2 années il y a

La pêche au chalut est une catastrophe pour l’écosystème marin, donc de toute notre planète.
Il faut l’interdire dans le monde entier.

Alexandre LE CORFEC
2 années il y a
Répondre à  van Horenbeeck

Quel ecosysteme ? marre de ces lobbys dirigé par des exclus du privé

laleu
2 années il y a

il en est de la pêche comme de l’élevage, qu’il soit de bétail ou de poissons : tout est gavé d’antibiotiques et d’anabolisants car ilfaut produire toujours plus et donc toujours plus mal .
pareil pour l’agriculture ! on s’autodétruit…

gaetan
2 années il y a

pourquoi ne pas faire des zones de non pêche pour un moment, comme nos terrain mi en jachère et gérer comme nos forets, pas des réserves

Jeff
2 années il y a

Et si on commençait par ne produire QUE ce dont on a besoin, quelle que soit la ressource ? Le gaspillage alimentaire est énorme et, bien qu’on montre du doigt les ménages, les restaurants (privés ou collectifs) et la grande distribution en sont des acteurs majeurs, notamment en raison des dates limites qu’on pourrait assouplir…
Et si on devenait »raisonnables ?
Les pays industrialisés sont en tête de la « malbouffe » et de la sur-consommation. Et si on se tournait vers le local en arrêtant de consommer ce qui n’est pas produit à proximité ? Enfin, dernière question : et si on se tournait vers la « sobriété heureuse » ? à réfléchir collectivement ET individuellement !! 😉
(https://toogoodtogo.fr/fr/blog/penseataplanete-gaspillage-alimentaire-2019)

Christelle Ranchou
2 années il y a

Mettre en avant l’interdiction de la pêche électrique

Christelle Ranchou
2 années il y a

Pour le tableau comparatif, trop d’écart entre les dates, on ne voit pas assez le déclin des dernières 20 dernières années. Le cabillaud et la morue c’est la même chose, pourquoi une interdiction de pêche au Portugal et pas chez nous (développement de la filière pisciculture?) je ne signe pas en l’état, mais je suis d’accord sur le fond.

Maianne
2 années il y a

Il n’y a pas que la surpêche, il y a aussi l’agriculture qui est problématique. Nous sommes de plus en plus nombreux sur terre, trop même d’année en années. Plus il y aura d’humains plus il y aura des problèmes de surpêche et de production agricole.
Je pense déjà qu’il faudrait limiter les naissances, ce qui éviterait la surpêche et l’agriculture intensive (pesticides…etc), d’où la mal bouffe et maladies comme le cancer. L’être humain est de plus en plus stupide et cupide, il ne voit que son petit confort. Et au benefice engendré par les sociétés au détriment de la santé.
Je suis ravie qu’il y est des personnes comme vous qui interpellent .
J’espère que cet appel sera entendu.

Francis
2 années il y a
Répondre à  Maianne

Le seul obstacle à la limitation des naissances est une certaine religion qui veut conquérir toute la planète. La mal-bouffe n’a rien à voir avec l’agriculture intensive. Elle ne dépend que des choix alimentaires de chacun.

laleu
2 années il y a
Répondre à  Francis

Monsieur, TOUTES les religions, s’opposent à la limitation des naissances !et la mal bouffe qui génère des maladies, sert les intêrets des grands laboratoires et les choix alimentaires dépendent souvent malheureusement des moyens et de l’éducation

BLANC
2 années il y a

Le meilleur service que l’on puisse rendre à l’océan c’est de lui laisser ses poissons.
La surpêche n’est pas durable qu’elle soit industrielle ou artisanale.
Bien que l’essentiel de la vie marine soit regroupée dans les zones côtières, la haute mer connaît une situation d’impunité totale. Sans contrôle et juridiction, tous les ingrédients sont réunis pour un carnage. 
Aujourd’hui, le problème, c’est la politique des pêches, la vision de l’écosystème marin qui ne correspond pas à la réalité. On compartimente l’océan alors que tout est mélangé.
Il faudrait réduire drastiquement notre consommation de poisson. La pêche est ce qui pèse le plus sur les océans. 
Il n’y a pas 36 solutions pour préserver les océans. Il faut se rappeler que l’être humain n’est qu’une pièce rapportée. On ne fait pas partie du cycle des océans. Dans l’inconscient collectif, cette dimension n’est pas intégrée du fait que ce qui se passe en mer est loin des yeux et des consciences. Les poissons ne sont donc pas considérés comme des animaux et les océans sont perçus comme un espace de marchandises. De cette vision découle cette surexploitation.
L’océan, c’est le premier organe régulateur du climat. Si l’océan meurt nous aussi. Il faut changer drastiquement nos habitudes.

grollemund
2 années il y a

Et comment empêcher les bateaux chinois de surpecher dans les eaux internationales ?

marechal
2 années il y a

Certes la pêche en mer a besoin urgent d’être contingentée.Mais votre affirmation sur l’aquaculture est partiale et partielle .Dommage car ca discrédite vos propos En effet l’aquaculture peut être propre et non concentrationnaire La piscicultuie en étangs est extensive elle relève plus de la cueillette.Vous vous focalisez sur le saumon ouvrez les yeux nous sommes sur une planète et le premier poisson d’eau doiuce consommé est la carpe et de très très loin
Peut être préférez vous offrir l’alternative soit protéines animales consommatrices de soja outre atlantique soit vegan !

suchail
2 années il y a

Je me souviens que dans la fin des annees 70, une revue qui s’appelait « science et vie » ecrivait que les ressources de  »ocean etaient inepuisables ».. (sic). Cette meme revue proposait aussi des montages electroniques pour les bricoleurs debutants dont la grande majorite ne fonctionnaient pas car mal concus.

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