Et en France : pas d’études mais des enjeux comparables
En l’absence de travaux comparables à ceux menées aux États-Unis et au Royaume-Uni, on ne peut pas être aussi affirmatif sur la chute des nutriments des aliments en France que dans ces deux pays.
En revanche, il est certain que les causes invoquées pour expliquer cette chute de nutriments existent aussi en Europe.
En effet, les trois grandes raisons qui expliquent la chute des nutriments dans les fruits et légumes sont directement liées aux pratiques de l’agriculture et de l’agro-industrie.
Elles sont aussi liées aux préférences des consommateurs.
Première cause : la sélection des variétés
Pendant des années, les agriculteurs, guidés par la filière agroalimentaire, ont choisi des variétés de fruits et légumes en fonction de leur rendement, de leur apparence sur les rayons et sur leur calibrage. (3,4,5)
Il fallait que ces aliments se conservent bien, soient attirants pour les clients et soient facile à transporter.
À aucun moment la teneur en nutriment n’a été prise en compte dans ses sélections.
À la décharge des agriculteurs et des industriels, il est probable qu’à l’époque personne n’y avait vraiment songé.
Le public lui-même n’était pas sensibilisé à ce sujet.
Deuxième cause : la dégradation des sols
Longtemps, les sols n’ont pas été tellement pris en compte. On se contentait d’en évaluer la qualité et de l’amender avec des engrais lorsque cela était possible ou nécessaire.
Pour beaucoup d’agriculteurs, la terre pouvait tout subir, ce n’était pas un problème.
Mais depuis 50 ans de nombreux chercheurs dont Lydia et Claude Bourguignon, deux ingénieurs agronomes, ont montré que la réalité était plus complexe.
La terre, même la bonne terre, peut mourir.
Pour ces scientifiques, ce qui tue la terre, c’est d’abord des labours trop profonds.
Car la richesse de la terre vient de l’écosystème qui y vit. Les vers de terre qui font des galeries, les bactéries qui aident les plantes à pomper les nutriments, les champignons qui créent des liens entre les racines des végétaux… Tout cela compte.
Mais lorsque la terre est retournée, cette vie cachée est exposée au soleil. Elle meurt. (6,7,8)
La terre s’érode et perd en qualité. Elle aura d’autant plus besoin d’engrais.
La dégradation des sols est aussi due à l’usage de pesticides qui tuent les écosystèmes des sols ainsi qu’à l’arrachage de haies dont les racines sont importantes pour garder l’eau et la vie des sols.
Cette dégradation des sols serait aujourd’hui responsable de la stagnation de la production de céréales dans le monde, voire de la chute des rendements dans certains pays.
Troisième cause : l’usage massif d’engrais
Les engrais permettent aux végétaux de pousser plus vite. Ils pallient les faiblesses d’une terre qui ne donneraient pas assez.
Les végétaux ont besoin notamment de phosphore, de nitrates et de potassium.
Il existe des méthodes naturelles pour enrichir la terre avec ces nutriments de base. (6,7,8)
Mais cela peut prendre du temps et de l’ouvrage.
Il paraît plus simple et efficace d’apporter d’importantes quantités d’engrais chimiques.
Les végétaux poussent plus vite mais ils captent moins de nutriments en croissant.
Ce phénomène est encore plus marqué dans les cultures hors sol où les racines se développent dans un milieu moins riche en bactéries, champignons et parasites qui font la richesse de la terre. (6,7,8)
Bref, si vous voulez avoir des nutriments dans vos légumes, vous avez intérêt à privilégier l’agriculture biologique ou provenant de producteurs qui respectent leurs sols.
L’alternative est de faire pousser soi-même ses fruits et légumes. Mais cela demande un peu d’espace, de temps et de labeur !
Solidairement,
Julien
Désolé Julien mais si le contenu en nutriments baisse de 20%, cela ne veut pas dire qu’il faut « en consommer 2 à 3 fois plus ». Cela signifie qu’ils apportent 1,25 fois moins de nutriments. En gros il faut maintenant manger 6 fruits et légumes par jour au lieu de 5. La situation est déjà assez grave, n’en rajoutez pas …
Bonjour, je suis entièrement d’accord pour votre analyse, cela dit, vous dites que le bio a perdu une partie de ses nutriments et à la fin vous dites qu’il faut manger bio car c’est là qu’il y des nutriments…???
Je pense que le bio est effectivement bien doté en nutriments puisque que le sol n’est pas traité avé des produits chimiques. Je mange bio depuis plus de 35 années, je ne suis jamais malade, je suis convaincu que l’alimentation peut rendre malade !
Le problème, le consommateur ne veux pas de bio , je suis agriculteur bio, mais je jette l’ éponge, pour 2025, je revient au conventionnel.
😮Ne faites pas ça Devos😢! Même avec mes tous petits moyens je m’efforce de n’acheter que du bio (pour l’alimentaire en tous cas), comme je n’achète aucun produit industriel, que des produits bruts, j’arrive à m’en sortir. Mais surtout je veux vous dire que
1/ depuis son ouverture le Biocoop de ma rue à vu sa clientèle quadrupler et est toujours à la recherche de producteurs pour satisfaire l’augmentation de la demande
2/ nous devons faire pression (continuer à) sur l’état pour exiger la justice sur les différences scandaleuses entre les aides et subventions accordées aux exploitations conventionnelles et bio
J’ai 72 ans, bien-sûr que les fruits et légumes de ma jeunesse étaient meilleurs !! Maintenant je ne mange plus du tout de fruit (aucun goût, tous calibrés, parfois ça met 15 j à mûrir, pas normal!) Je mange quelques légumes (par obligation !) Bon appétit quand même.
Beaucoup à pas cher (industrie subventionné avec la pac entres autres) c’est ce que réclame la plus part des consommateurs, c’est incompatible avec l’artisanat de qualité, les intermédiaires se servent bien et les autres …petits producteurs rien! Les tarifs ne peuvent être comparables, mais avec l’ubérisation de la société, beaucoup préfèrent acheter le smartphone que de dépenser plus pour se nourrir correctement…c’est un choix de société.
Apparemment, malgré les correcteurs automatiques, l’orthographe non plus ne ressemble plus à RIEN de ce qu’ont connu nos aïeux (ailleux) …