La guerre en Ukraine a remis au cœur de tous les débats politiques la question de l’énergie et de la souveraineté énergétique.
Les sanctions occidentales demandées par les États-Unis et appliquées tant bien que mal par les États européens ont rendu l’accès impossible au pétrole et au gaz russe en Europe.
C’est en tout cas la théorie.
Car depuis que les sanctions ont été décrétées, la Russie ne vend plus son pétrole à l’Europe, mais ses ventes à l’Inde ont considérablement augmenté.
L’Inde, quant à elle, raffine ce pétrole et le revend aux Européens, en empochant sa commission au passage. (1)
Un partenaire privilégié de la France
Un autre pays se retrouve au cœur de cette tension énergétique : le Kazakhstan.
Ce pays est le premier producteur d’uranium au monde.
Il fournit même 45% de la production mondiale !
Et c’est un fournisseur important pour la France : 27% des 8 à 9000 tonnes d’uranium importées chaque année pour les 56 réacteurs du pays viennent du Kazakhstan.
Le reste vient du Niger (20%), où la situation est tendue, l’Ouzbékistan (19%) et la Namibie (15%).
Une crise dans n’importe lequel de ces pays menacerait directement la filière nucléaire française. (2)
Or, ces 4 pays sont sous l’influence de la Russie, de la Chine ou des deux.
Le Kazakhstan est également le 12e producteur de pétrole du monde, ce qui le place au niveau de la Norvège ou de l’Algérie.
Et il s’agit du premier fournisseur de pétrole pour la France avec les États-Unis. Chacun de ces pays représente 13% du total. (4)
Le Kazakhstan est un géant de l’énergie pour le 21e siècle.
Mais sa position est délicate.
Et pour la comprendre, il faut regarder de plus près la situation du pays ainsi que son passé.
Un pays à la géographie très particulière
Le Kazakhstan est un pays gigantesque. Sa superficie totale est de 2,7 millions de km2, ce qui en fait le 9e pays le plus grand du monde.
Mais sa population n’est que de 20 millions d’habitants en 2024, ce qui en fait l’un des pays les moins densément peuplés du monde. (5)
C’est aussi un pays totalement enclavé et continental : il n’a aucun accès à l’océan.
Il est bordé par la mer Caspienne à l’ouest, la Russie au nord, la Chine à l’est et l’Ouzbékistan et le Kirghizistan au sud.
Le centre du pays est une vaste steppe semi-aride et parfois désertique. C’est un endroit quasiment inhabité.
Au nord, on trouve des forêts et des prairies. C’est aussi une grande zone agricole.
Le sud est la partie la plus peuplée, notamment le long du fleuve Syr Daria. C’est aussi une zone agricole et montagneuse. (5)
Le pays compte de grandes réserves d’eau douce notamment grâce au lac Balkhach et à ses nombreux fleuves.
Le pays compte 11% de terres arables, ce qui est peu en proportion de la taille du pays, mais cela reste plus que la France qui est trois fois plus peuplée.
L’ancienne capitale du Kazakhstan jusqu’en 1997 est Almaty. Elle est située dans le sud-est.
C’est aussi la plus grande ville du pays avec 1,8 million d’habitants.
La nouvelle capitale est Astana, peuplée de 1,3 million d’âmes. Elle est située au nord du pays.
Un khanat au sud de la Russie
Le terme kazakh a la même racine que le mot cosaque.
Cela veut dire nomade.
Depuis la nuit des temps, les Kazakhs sont des éleveurs nomades qui vivent dans la steppe.
Leur premier royaume officiel est le Khanat kazhakh qui s’est formé au 15e siècle à partir de l’empire mongol.
Le Khanat est un royaume turc ou mongol dirigé par un Khan, c’est-à-dire un Roi.
Les frontières du Khanat Khazak ressemblent à celles d’aujourd’hui moins la bande nord du pays.
Cette dernière constitue, à l’époque, une frontière avec les Russes.
La Moscovie a commencé à s’étendre à partir du 14e siècle. Et les Russes arrivent au nord du pays kazakh au 16e siècle.
Au 18e siècle, ils construisent des forts sur cette bande de terre pour se protéger des raids kazakhs.
Puis, ces forts deviennent des villes comme Guryev, Uralsk ou Semipalatinsk.
L’implantation russe en Asie centrale se renforce.
Nomades kazakhs et sédentaires russes
Au 19e siècle, les Russes finissent par envahir toute l’Asie centrale.
Des colons russes et ukrainiens viennent par centaines de milliers, notamment au nord du pays.
Lors du recensement ordonné par le tsar en 1897, on compte 454 000 Russes installés sur les terres kazakhes. (5)
À ce moment-là, les Russes constituent 11% de la population tandis que la majorité kazakhe est de 83%, soit plus de 3 millions d’habitants.
Mais la différence de mode de vie entre les Russes sédentaires et les Kazakhs nomades créent des tensions entre les deux communautés.
Et en 1916, les Kazakhs se révoltent.
Vraiment un excellent article, très complet et succinct avec toutes les informations qui me manquaient! Merci
Excellent article sur le Kazakhstan!
A mon avis, notre dépendance à l’uranium n’est pas si préoccupante , elle est au contraire bien équilibrée puisqu’on dépend de 4 pays. De plus, il y a de l’uranium aussi en Australie et au Canada.
Donc il y a environ 1 siècle de réserve d’uranium , nous n’en manquerons pas de sitôt.
De plus, nous avons en France la plus grosse réserve mondiale de déchets nucléaires. Ce qui fait peur aux français pour rien (car ils sont maîtrisés depuis les années 70) peut aussi être un atout parce que la génération 4 permettra de les utiliser pour les prochaines centrales (qd l’uranium des mines et l’enrichissement seront trop chèrs…!)
Le thorium est une bonne solution aussi, tout comme la fusion nucléaire, pour l’avenir. IL ne faut rien négliger pour les générations futures, mais on ne peut pas se disperser non plus?
Vous ne dites pas où on en est en France, et surtout qui est le leader dans le monde
Le nucléaire , oui, au thorium il faut continuer vers cette voie bien sur, mais la France n’a pas beaucoup avancé ds ce domaine?
En revanche, la politique énergétique de la France me semble insensée, car à partir du moment où on mise sur le nucléaire (prolongement des anciennes, construction de nouvelles) , donc à des centrales pilotables qui peuvent fonctionner quasi 24h sur 24, les ENR électriques intermittentes dépendantes de la météo et pas liées à nos besoins de consommation ne servent strictement à rien.
Et elles coutent de + en + cher aux ménages, notamment à cause des subventions énormes et pour le coût supplémentaire des réseaux , et bientôt les outils de flexibilité hasardeux, plusieurs milliards d’€ jetés par la fenêtre….
La politique du « en même temps » en matière d’énergie doit être rejetée, notre pays doit faire des choix raisonnés et donner des priorités: si c’est le nucléaire, pas l’éolien! et le PV uniquement sur toitures et en autoconsommation
Et privilégier surtout la chaleur renouvelable (qui est stockable)
Pourquoi n’avoir pas parlé du champ de pétrole de Kachagan!? 400 000b/j. quand même
Bonjour Connaitre d »abord tous les inconvénients du thorium n’est-ce pas encore une pollution pour en remplacer une autre, pour enrichir un peu plus les multinationales? Se poser sérieusement la question ex Pour une planète plus saine : je poupe du bois avec une scie , c’est plus long (que d’utiliser la tronçonneuse) mais cela ne pollue pas
Merci pour cette intéressante présentation du Kazakhstan.
Merci pour cet article passionnant sur le Kazakhstan
Très intéressant, merci beaucoup
Quel lien entre la tragédie Kazakhe et cette promotion ridicule de la prétendue filière thorium ? Le thorium n’est pas fissile, il ne pourrait être utilisé que dans des surgénérateurs que l’industrie nucléaire mondiale échoue depuis 70 ans à mettre au point… (cf Superphénix en France, Monju au Japon, Kalkar en Allemagne,etc. Quant au BN-800 russe, il cahote péniblement et ne réussit aucun des exploits annoncés…)