Le bison, que les américains appellent aussi buffalo, est un animal emblématique d’Amérique du Nord. (1)
Mais, il y a 100 ans, on en comptait moins de 1000. (2)
Le bison sauvage a failli disparaître.
Pourtant, il a commencé à vivre sur le continent américain il y a 200 000 à 800 000 ans.
Sa population est montée à 50 ou 60 millions d’individus. (3)
Son aire de répartition s’étendait du Mexique à l’Alaska. Il peuplait les grandes prairies !
Le cheval et le fusil remplacent la chasse traditionnelle
Jusqu’au 18e siècle, les indiens d’Amérique chassaient les bisons en les effrayant près d’une falaise. (4)
S’en suivait une grande chevauchée, et certains bisons tombaient du haut de la falaise et se tuaient.
Les indiens récupéraient tout : les os, la graisse, la peau. Ils en faisaient des vêtements, des tentes, des outils, et ils les mangeaient. (5)
C’est ainsi qu’ils ont survécu dans les grandes plaines pendant des millénaires.
Puis, ils ont commencé à chasser à cheval et à échanger des armes contre des fourrures et des peaux de bison.
La chasse s’est accélérée.
Mais au début du 19e siècle, il y aurait eu encore près de 30 millions de bisons. (6)
Les trains tueurs
C’est l’arrivée du chemin de fer et la conquête de l’ouest qui a changé la donne.
Les autorités américaines ont signé des contrats de paix avec les indiens qui précisait que ces derniers pouvaient chasser dans les grandes plaines tant qu’il y aurait suffisamment de bisons. (7)
Mais dans le même temps, elles laissaient s’organiser de vastes massacres perpétrés par des chasseurs en mal de sensation.
La pression sur le bison est devenue terrible.
Des excursions de soi-disant chasse étaient organisées à partir des trains eux-mêmes.
Mais les trains ne s’arrêtaient pas nécessairement. (8)
Les voyageurs tiraient à vue !
Il y avait des carcasses de bisons tout le long de la voie ferrée. C’était un carnage.
Rapidement, la population de bison s’est effondrée.
Les indiens ont accepté de vivre dans des réserves parce qu’ils n’avaient plus de quoi se nourrir.
Des fermiers sont venus cultiver la terre ou pour élever du bétail.
Yellowstone, terre de rescapés
C’est dans ce qui allait devenir le parc national de Yellowstone qu’un petit troupeau a été retrouvé au fond d’une vallée perdue.
Il a d’abord été semi-domestiqué, ce qui lui a permis de survivre.
Puis, dans la deuxième moitié du 20 siècle, un véritable plan de conservation de l’animal a été mis en place et la population de bison s’est mise à augmenter à nouveau. (9)
Mais les bisons sauvages restent rares.
Ailleurs, en Amérique du Nord, il s’agit souvent d’espèces hybrides, croisées avec les bovins.
À Yellowstone toutefois, l’espèce est restée majoritairement sauvage d’autant que les gènes liés à la domestication tendent à être éliminés avec le temps lorsque les animaux sont confrontés aux maladies et aux prédateurs.
La guerre du Montana
Si le programme de conservation du Parc de Yellowstone, situé dans l’Etat du Wyoming, l’Idaho et le Montana, a été couronné de succès, la bataille n’est pas nécessairement gagnée. (10)
Car en été, les bisons restent dans le Wyoming mais l’hiver, ils cherchent à migrer vers le Montana au Nord où se trouvent de grands ranchs de bétail.
Et dans le Montana, éleveurs et chasseurs sont à l’affût.
Dès que le bison traverse la frontière du parc national, il est refoulé ou tué.
Les éleveurs les font monter dans des camions immenses qui le plus souvent retournent vers le parc naturel. Parfois, cependant, ces camions vont directement à l’abattoir… (11)
Cette transhumance suscite régulièrement des affrontements et des procès entre éleveurs, chasseurs, militants écologistes et conservateurs.
Pour l’instant, aucun compromis satisfaisant ne semble se dessiner au Montana.
Les éleveurs pestent et disent que le bison appartient au passé tandis que les écologistes sont furieux de voir le bison si mal traité.
Les éleveurs accusent notamment le bison de venir avec des maladies susceptibles d’infecter les vaches.
Mais ce qu’ils lui reprochent surtout c’est de prendre trop de place et paître là où des vaches pourraient brouter… (12)
L’étude du Kansas
Ailleurs dans les grandes plaines, une étude fascinante vient d’être publiée par Zak Ratajczak, écologue de l’Université d’État du Kansas et ses collègues. (13)
Pendant 29 ans, ces scientifiques ont étudié l’influence des bisons sur leur environnement.
Ce qu’ils ont découvert pourrait changer l’avenir de ces grands herbivores.
Ils ont travaillé au sein de la réserve de Maxwell State, près de la station de Konza prairie dans un espace de 3500 hectares, qui est la propriété de l’Université d’Etat du Kansas et de The Nature Conservancy, un organisme de protection de l’environnement.
Ils ont utilisé des zones allant jusqu’à 800 hectares pour installer les bisons qui y étaient libres de paître toute l’année.
Ils ont installé des vaches dans d’autres espaces, entre avril et novembre.
Et ils ont laissé des parcelles vierges.
Tous les ans, ils sont venus compter le nombre d’espèces végétales présentes dans ces différentes zones. Ce travail était rude. C’est un territoire infesté de tiques et écrasé de soleil l’été.
Conclusion : là où vivent les bisons, la biodiversité a augmenté de 86%.
Là où vivent les vaches, elle a augmenté de 30%.
Les bisons sont trois fois plus efficaces pour assurer la biodiversité des hautes herbes que les vaches.
Sur les surfaces vierges, quatre espèces de plantes dominent toutes les autres.
Les chercheurs ont également comparé leurs résultats avec 252 autres études portant sur les herbivores dans le monde et leur influence sur leur environnement.
Nouvelle conclusion : les bisons sont parmi les animaux les plus efficaces au monde pour augmenter la biodiversité de leur écosystème !
Comment expliquer ce phénomène ?
Les scientifiques ne sont pas sûrs à 100% de ce qui fait du bison un tel soutien à la biodiversité.
Zak Ratajczak suggère trois hypothèses :
1/ les bisons mangent une grande variété d’herbes, ce qui favorise le déploiement de nombreuses plantes, par les graines semées dans les excréments du bison et dispersées ici ou là.
2/ Le bison préfère paître de manière hétérogène. Il laisse certaines zones peu touchées tandis que d’autres sont nettoyées.
À l’inverse, les bovins broutent de manière plus méthodique et homogène.
3/ Les bisons creusent des bauges ou trous avec leurs sabots dans lesquelles ils se roulent au moment où ils perdent leur fourrure.
Ces bauges deviennent des zones humides propices au développement de nouvelles plantes.
Un argument favorable à la réintroduction du bison dans les grandes plaines
Aujourd’hui la prairie ne couvre plus que 4% de de la surface qu’elle occupait jadis. Elle s’étendait du Texas au Canada. (14)
C’était le territoire de nombreuses tribus indiennes dont les Sioux ou les Apaches.
Certains de leurs descendants rêvent de réintroduire le bison.
Ainsi, le projet Tribal Buffalo au Texas a pour vocation de restaurer le lien entre le peuple autochtone et les bisons. (15)
Les membres de ce projet ont racheté des terres sur lesquelles, ils ont réintroduit des bisons en semi-liberté.
L’objectif est de vendre de la viande de bison prélevée sur des troupeaux libres de leurs mouvements.
Sur ce type de réserves, les humains doivent intervenir le moins possible pour aider l’animal à conserver autant que possible son caractère sauvage.
Les indiens arriveront-ils à recréer un mode de vie autour du bison, compatible avec le capitalisme moderne ?
Ce n’est pas forcément gagné, mais ils ont désormais un solide argument écologique à faire valoir !
Solidairement,
Julien
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Passionnant ! Longue vie aux bisons.
Concernant l’extermination des bisons… : Recherchons sur Google en faisant un copié-collé de : « More people should know about the awful bounty system that paid settlers to kill Native Americans. »
Ces excursions de soit-disant chasse à partir des trains ont surtout eu pour but d’affamer les indiens…
Faire un copié-collé de la suite sur Google :
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