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Les grandes métropoles vont-elles bientôt disparaître ?

Il y a quelques jours, je suis tombé sur une vidéo de Guillaume Faburel. Il est géographe et professeur à l’université de Lyon. (Vous trouverez son intervention ici.) (1)

Selon lui, les grandes métropoles du monde vont devoir être démantelées si l’on veut réussir à faire face au réchauffement climatique. (1,2,3,4)

Ce dernier va augmenter la pression partout y compris sur les villes. 

Pour répondre à ce défi, Guillaume Faburel pense qu’il faut aller vers des systèmes d’autonomie. 

Il rêve d’un monde où chaque territoire est capable de se nourrir, de pourvoir à ses besoins énergétiques et de s’autogérer. 

C’est l’idéal anarchique remis au goût du jour. 

L’intérêt de cette réflexion parle à la conscience de la plupart des citoyens de France. 

Mais elle va à l’encontre de tout ce qui se fait aujourd’hui… 

 

Les inconvénients des grandes métropoles 

Selon Guillaume Faburel, la vie trépidante des grandes villes finit par peser sur leurs habitants. (1)

Il concède que l’existence des villes en soi est un avantage. 

Elles mettent en commun des produits, des services et des connaissances. 

Elles sont la base des civilisations. 

Mais lorsqu’elles grandissent, elles ont tendance à tout dévorer y compris leurs propres habitants. 

Il note que les grandes métropoles aujourd’hui, en France ou ailleurs : 

  • fragmentent les populations et peuvent isoler les habitants les uns des autres ;
  • sont, de ce fait, moins accueillantes que ce qu’elles ont été il y a 50 ou 100 ans ;
  • imprime un rythme de vie stressant aux habitants : ces grandes villes sont des lieux de flux constants, d’agilité, de changements incessants ;
  • déconnectent les citoyens de la vie naturelle : ils ne font plus le lien entre ce que la nature produit et ce qu’ils consomment ;
  • nécessitent toujours plus de biens et de services : les grandes villes très denses seraient des gouffres de consommation. Elles seraient la cause des excès d’importations et d’extractions dans le monde.  

 

Les citadins ne sont pas forcément d’accord 

Ce dernier argument fait débat.

Sous la vidéo, quelques commentateurs manifestent leur désapprobation. 

Par exemple, Marissa explique : 

“Son point de vue est faux ! Le gros problème des villes c’est qu’elles se sont construites de manière anarchique et sont inefficaces. Des villes nouvelles bien conçues pourraient consommer beaucoup moins d’énergie et seraient bien plus écologiques que les campagnes. Pour cela il faut en partie enterrer les immeubles pour bénéficier du chauffage et climatisation comme les grandes termitières .(…) Des astuces il y en a plein, mais pour cela il faut oser innover en balayant les anciennes coutumes et habitudes…” (1) 

Et Vincent  complète : 

“Laisser sous-entendre que les villes consomment plus de ressources par habitant que le mode de vie de la campagne avec des maisons individuelles, ça manque de nuance. Je vis en appartement en ville moyenne. Facture chauffage 0 (merci les voisins et l’isolation). Budget voiture 0 (je fais 30km de vélo par jour), pas besoin de voiture avec les transports et le vélo.

Je suppose qu’il voulait dire les mégapoles et les villes nouvelles à l’américaine totalement dépendantes de la voiture. Les villes d’avant la révolution industrielle sont durables au contraire, car conçues pour vivre sans voiture.” (1) 

 

Comment évaluer la consommation des grandes villes ? 

Si le débat est si vif sur le sujet, c’est peut-être parce que les uns et les autres ne regardent pas les mêmes choses. 

En effet, dans les grandes métropoles, la consommation alimentaire ou énergétique individuelle est peut-être plus faible que celles des personnes habitant à la campagne.

En revanche, le besoin en infrastructure collective est plus grand. 

Pour que la région parisienne reste à peu près fonctionnelle, il faut de nombreuses lignes de métro, de tram, de bus et de trains, ainsi que des parkings, des grands centres commerciaux, des rocades toujours en travaux, etc. 

La gestion d’une population au-delà d’un million d’habitants demande une bétonisation permanente, avec des projets toujours plus pharaoniques les uns par rapport aux autres avec des effets de concurrence entre les quartiers ou les communes qui peuvent être pervers. 

En clair, le quartier de la Défense ne serait pas nécessaire s’il n’y avait que 2 millions d’habitants en région parisienne, mais avec 11 millions il paraît justifié. 

Le gigantisme des villes produit le gigantisme des projets urbains qui demandent une surconsommation de matières premières et d’importations lointaines. 

Mais pour que ce débat soit plus précis, il faudrait évidemment disposer d’études chiffrées sur l’impact du nombre d’habitants sur l’environnement. 

 

Aucune grande ville n’est autonome 

D’après Guillaume Faburel, les 100 premières villes françaises en taille n’ont pas plus de deux à trois jours d’autonomie alimentaire. (1,2)

De même leur autonomie énergétique est très limitée. 

Si on imposait demain à tous les départements de France de devenir 100% autonomes, les populations des départements les plus urbanisés mourraient de faim.  (1)

Or pour le géographe, permettre l’autonomie des territoires est une condition essentielle pour se préparer au réchauffement climatique. 

Il estime que si l’on végétalisait tous les toits parisiens, on pourrait couvrir 7 à 8% des besoins locaux.  (1)

Mais ce ne serait pas suffisant. 

Pour que la capitale puisse être autonome, il faudrait qu’elle perde une partie de son territoire qui serait transformée en zone de maraîchage. 

Une partie de la population serait alors obligée de quitter la ville. 

Nos surfaces agricoles s’amenuisent

La population urbaine ne cesse de croître tandis que nos surfaces agricoles se voient disparaître petit à petit.

En France, 2% des exploitations agricoles s’envolent chaque année.

Plus qu’un besoin environnemental, il s’agit d’un besoin humain.

Cultiver en ville contribue au bien-être de nos citadins déconnectés de la nature.

C’est un moyen de se réapproprier la ville.

Vider la région parisienne : une idée ancienne 

Déjà, après la Deuxième Guerre mondiale, des responsables politiques et intellectuels de tous bords ont voulu restreindre le développement de la capitale et de sa région pour freiner l’inexorable exode rural.

En 1960, les autorités ont publié le PADOG : le Plan d’Aménagement et d’Organisation Générale.  (5)

L’idée était de limiter l’attrait de l’Ile-de-France et d’éviter que la population n’y dépasse les 9 millions d’habitants. 

C’est raté. Elle en compte, 60 ans plus tard, 11 millions…

En 1965, on a lancé une autre idée destinée à révolutionner l’Île-de-France : le Nouveau Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme de la Région Parisienne aussi appelé le SDAURP. (6)

On a créé des villes nouvelles comme Évry dans l’espoir de décongestionner Paris. 

Mais le SDAURP n’a pas fonctionné…

Finalement, les autorités ont abandonné la planification et laissé les gens s’installer où ils voulaient. 

Résultat, la population en Île-de-France continue d’augmenter. 

Et pourtant,

  • 80% des Parisiens envisageraient de quitter Paris ; (7)
  • 64% des Franciliens envisageraient de quitter l’Île-de-France. (8)

Si tous ces sondés étaient pris au mot, entre 6 et 8 millions de personnes seraient disposés à quitter l’Île-de-France si on leur en donnait la possibilité. 

Mais leur travail est en Île-de-France, ainsi que leur famille, etc. 

 

Quelles solutions peut-on mettre en place rapidement ? 

L’idée de permettre à chaque territoire d’être autonome est très belle. 

Il est probable que de nombreux Français soient d’accord avec ce principe. 

D’après Guillaume Faburel, cette autonomie suppose à la fois une autosuffisance alimentaire et énergétique ainsi qu’une autogestion. 

La question de fond est de savoir à quelle échelle on peut espérer voir cette autonomie.

Est-ce à l’échelle des communes, des quartiers, des départements ? 

Par exemple, si l’électricité vient d’une centrale nucléaire, on peine à imaginer que le quartier soit le seul bénéficiaire de cette production électrique… 

À mon sens, l’idée d’une autonomie totale, généralisée sur l’ensemble du territoire à une échelle réduite paraît illusoire. 

C’est beau sur le papier, c’est un bel idéal à envisager, mais cela paraît inapplicable. 

Néanmoins, envisager une autonomie au niveau des départements est peut-être plus facile. 

Guillaume Faburel n’aime pas beaucoup l’idée des banlieues maraîchères ou des cités-jardins. 

Il estime que ces systèmes maintiennent des logiques de servitudes : un territoire se met au service d’un autre. 

La ville hype profite de sa banlieue agricole. 

En attendant, à court terme, ces solutions paraissent bien plus efficaces qu’une redistribution complète des territoires et des populations. 

Sans compter que ces débats ne sont valables que si les populations sont d’accord. 

Et si pour la mise en place de tous ces projets on passait par la démocratie directe ? 

Souhaitez-vous que votre quartier devienne 100 % autonome sur le plan alimentaire ? 

Si vous habitez au centre d’une ville densément peuplée, cela impliquerait quelques changements… 

Solidairement,
Julien 

Nos surfaces agricoles s’amenuisent

La population urbaine ne cesse de croître tandis que nos surfaces agricoles se voient disparaître petit à petit.

En France, 2% des exploitations agricoles s’envolent chaque année.

Plus qu’un besoin environnemental, il s’agit d’un besoin humain.

Cultiver en ville contribue au bien-être de nos citadins déconnectés de la nature.

C’est un moyen de se réapproprier la ville.

Sources:

1. « Le meilleur voyage de tous les temps – Documentaire complet » – YouTube
2. « Réduire la densité des métropoles pour lutter contre le réchauffement climatique » – Transitions & Energies
3. « Le géographe Guillaume Faburel veut en finir avec les grandes villes  » – Futura-Sciences
4. « Guillaume Faburel: « Un élu, cela bâtit, cela érige, cela inaugure » » – La Gazette des Communes
5. « L’urbanisation de l’Île-de-France » – FranceArchives
6. « Quatre Villes Nouvelles pour Décongestionner Paris » – Institut Paris Region
7. « Pourquoi les Parisiens fuient-ils la capitale ? » – Infodujour
8. « 64% des Franciliens envisagent de quitter la région parisienne » – Le Parisien

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6 Comments
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Christian
28 jours il y a

Seule question: est-ce l’être humain est logiquement destiné à vivre dans le béton ?
Le preuve, comment expliquer ces ruées lors des moments libres, donc les vacances à la mer, à la campagne, à la montagne, au plus près de la nature…CQFD

1 mois il y a

Totalement à côté de la plaque, si les habitants des villes étaient dispersés sur le territoire il ne resterait pratiquement plus de terres cultivables, peut-être chacun son petit jardin. Dans ce monde d’inquisiteurs qui met réchauffement climatique sur la responsabilité exclusive de l’humanité, alors que cela se produit environ tous les 1000 ans et que d’ici 300 ou 400 ans ils y aura une nouvelle glaciation. Messieurs les inquisiteurs qui vivent de la peur qu’ils diffusés sur le monde, allez au bout de vos idees— premier milliard d’humains dans les années 1840,,,180 ans plus tard 8 milliards,,,tirez les conclusions.

Nounours
1 mois il y a

Lorsque je lis des inepties comme le prétendu réchauffement destructeur de vie, de biodiversité pour baser un article sur l’avenir des métropoles… J’ai vraiment envie de rire si ce n’était pas si dramatique pour le niveau intellectuel des humains.
Le RCA est une pure religion et les meneurs mènent les occidentaux à leur perte.
En effet, il n’existe aucune preuve que le prétendue réchauffement climatique soit d’origine humaine. Le RCA relève de la bêtise humaine.

Un homme a dit qu’il existe deux choses infinies: l’univers et la bêtise humaine. Mais en ce qui concerne l’univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue. Je suis vraiment de son avis en tous cas pour les tenants du réchauffisme.

Hélène
1 mois il y a

Cela me semble une bonne idée mais je ne sais pas si les gens sont prêts à accepter de payer un peu plus cher pour un produit de proximité.
En effet, à l’heure actuelle une grande partie de la population ne regarde que le prix pour acheter plus de produits.
Il faudrait changer quelques mentalités d’abord où comme les plans précédents ça ne prendra pas

Dangeard Bernard
1 mois il y a

La construction des villes s’est faite progressivement, en répondant à des besoins du moment, surtout la sécurité, dans les siècles passés. Aujourd’hui nous prenons conscience brutalement que ce modèle n’est pas économe, pas résilient, fragile par rapport à l’autonomie : alimentaire, énergétique,…La campagne a plusieurs aspects possibles : habitat dispersé, regroupement en villages, hameaux,…Aux confins des déserts, au sud du Maroc par exemple, un ksar, conçu pour résister aux pillards, regroupement de tous les métiers indispensables dans une économie du style « avant la révolution industrielle », avait son autonomie avec 2500 habitants. Qui serait prêt à revivre une telle vie ? Personne, ou presque. Sauf contrainte. Contrainte militaire, siège prolongé, arrêt des flux de marchandises dites indispensables,…Il reste à reconstituer à petite échelle une sécu et des maisons de soins, qui n’auront pas les mêmes possibilités que la médecine occidentale moderne. Là encore, sauf contrainte forte, personne ne fera ce choix…
Avant de détruire ce qui existe, il faut bien réfléchir, même si c’est urgent de changer. Tout ce qui peut être fait par choix volontaire doit être fait. Mais cela ne suffira pas.
Nous avons fait, il y a 50 ans, un choix de vie simple et économe. Difficile à tenir. Sans compter les moqueries. Mais nous ne le regrettons pas. Aujourd’hui il y a moins de moqueries, et beaucoup d’initiatives passionnantes et enthousiastes. Plutôt en campagne, mais en ville aussi.

1 mois il y a

Les villes se sont agglomérées comme la structure d’un cancer. Leur souci permanent est de s’alimenter en toutes choses. La circulation y sera toujours difficile et coûteuse. Les véhicules perdent la moitié de leur énergie à tourner. Les villes auraient dû être conçues linéaires, en copiant la structure de l’ADN, c’est-à-dire tout en longueur avec un axe (routier – fluvial – ferroviaire) linéaire. Largeur de la ville : trois à cinq cents mètres de large environ de façon à ce que chaque immeuble ait un accès direct sur la campagne. Circulation linaire facile, stationnement jamais encombré, pollution immédiatement diluée grâce à la campagne. Et en cas de guerre, faible cible pour le nucléaire…

Pourquoi créer une pétition ?

Il est important et nécessaire que les opinions et valeurs des citoyens soient prises en compte en permanence et pas uniquement au moment des échéances électorales.

Une pétition est un moyen d’action efficace, pour que les citoyens reprennent le pouvoir sur les combats qui leur semblent justes.

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