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Les insectes vont-ils révolutionner le traitement des déchets alimentaires ?

Le défi climatique et plus généralement les défis environnementaux, donnent des idées aux entrepreneurs.

C’est le cas, par exemple, d’Olympia Yarger, une entrepreneuse australienne qui se veut à la fois chef d’entreprise et militante pour le climat.

Cette femme est la fondatrice et dirigeante de la société GoTerra qui traite les déchets alimentaires avec des insectes.

Elle se définit aussi comme étant la “Dame aux asticots” ou “Maggot Lady”. Vous allez vite comprendre pourquoi.

Son entreprise est florissante et ouvre de nouvelles perspectives dans la bio-ingénierie et l’agriculture.

Elle a également fondé une association qui promeut l’élevage d’insectes (Insect Protein Association of Australia).

Des débuts difficiles

Aujourd’hui l’entreprise GoTerra a le vent en poupe.

Olympia Yarger a été nommée “personnalité australienne de l’année de la région de Canberra” en 2023.

Cette distinction existe depuis 1960 et récompense, dans chaque région australienne, une personne dont le parcours a été exceptionnel.

Mais avant cela, la vie d’Olympia a été marquée par de rudes épreuves.

Dans sa jeunesse, elle habitait une ferme proche de Canberra.

Elle y a perdu son premier enfant lors d’un tragique accident à la ferme.

Elle est ensuite partie aux Etats-Unis pour fuir son chagrin.

Elle a vécu 14 ans au Texas dans un ranch où elle élevait 45 chevaux.

Elle explique en pleurs lors d’un podcast, que le travail constant que demandait ces animaux lui a permis de ne plus penser à son enfant disparu.

Elle a épousé un américain, un “marine”. Elle a de lui, deux autres enfants, un garçon et une fille.

En douze ans, son mari est parti six fois pour des missions longues et dangereuses. Elle a souvent eu le sentiment d’être seule à devoir élever ses enfants.

Elle est revenue en Australie où elle voulait lancer une ferme biologique de volailles.

Mais elle n’avait pas les moyens d’acheter de la terre.

Elle savait aussi que la nourriture pour le bétail était coûteuse et représentait un frein au développement de l’activité qu’elle voulait lancer.

En faisant ses recherches, elle s’est rendu compte que certaines fermes de volailles, élevaient des insectes pour nourrir les gallinacées.

Elle s’est passionnée pour ces élevages d’insectes.

Et a décidé de se lancer dans cette activité encore peu développée en Australie. C’était en 2016.

À la découverte de la mouche soldat noire

Olympia a consacré sa nouvelle vie d’éleveuse à un insecte en particulier : la mouche soldat noire (Hermetia illucens).

Ce choix n’est pas lié à la carrière de son mari.

Mais aux particularités de cette mouche et de ses larves.

La mouche soldat noire est originaire naturellement du continent américain.

Sa spécificité est de ne pas avoir de bouche. Elle ne peut pas mordre. Elle ne transmet pas non plus de maladies.

Et elle ne mange pas : ses réserves accumulées à l’état larvaire lui suffisent pour sa vie d’adulte.

Elle a seulement besoin d’un peu d’eau qu’elle va chercher en se collant aux végétaux humides.

Pour le reste, sa vie d’adulte est surtout consacrée à la reproduction.

L’accouplement a lieu dans les airs puis au sol. Et la femelle va pondre jusqu’à 600 œufs.

Une machine à dévorer le compost

La qualité première de la mouche soldat noire ou plutôt de sa larve (ou asticot) est de se nourrir de déchets alimentaires.

Elle n’est du reste pas difficile.

Elle accepte tous les déchets et notamment :

  • les restes alimentaires de restaurant,
  • les déchets alimentaires des villes,
  • les sous produits agricoles.
  • Etc.

La mouche soldat noire combine deux éléments essentiels pour les éleveurs : c’est un insecte utile pour traiter les déchets mais qui ne présenterait pas de risques sanitaires particuliers.

Si des mouches de l’élevage devaient s’échapper, elles ne risqueraient pas de dévorer des cultures (puisqu’elles ne mangent pas) ou de répandre des maladies (puisqu’elles ne mordent pas).

Les larves elles-mêmes ne s’épanouissent que dans des conditions de température et d’humidité très spécifiques.

Relâchées dans la nature, elles mourraient très vite ou seraient les proies des oiseaux insectivores.

Toutes ces caractéristiques font de la mouche soldat noire un atout pour traiter le compost et les déchets alimentaires.

Les insectes disparaissent à une vitesse alarmante, menaçant l’équilibre des écosystèmes.

Il est urgent d’agir contre les pesticides et les pratiques agricoles destructrices !

Réclamons des mesures fortes pour protéger ces espèces vitales. 

Ensemble pour stopper cette catastrophe.

Des conteneurs d’insectes placés chez le client

Au départ, Olympia souhaitait surtout proposer une solution pour nourrir les volailles.

Ses clients naturels étaient les fermes de gallinacées proches de son élevage de larves.

Mais Olympia s’est rendue compte que faire venir des déchets alimentaires sur le site de GoTerra coûtait cher.

Elle a alors proposé à différentes entreprises de venir elle-même avec des insectes pour traiter leurs déchets.

Et c’est ainsi qu’une nouvelle activité est née.

GoTerra dispose de chambres d’élevage qui sont de grands conteneurs connectés que l’entreprise contrôle à distance.

Cela permet aux techniciens de GoTerra de vérifier que la température et l’humidité restent optimales pour les larves et que tout se passe bien à l’intérieur du conteneur.

Les larves y sont placées lorsqu’elles ont 5 jours. Elles deviendront adultes au bout de 17 jours.

Pendant 12 jours, les larves du conteneur, placées chez le client, peuvent avaler l’équivalent de plusieurs fois leur poids de déchets alimentaires.

Et chaque conteneur contient entre 10 à 15 millions de larves !

Un robot est associé au conteneur. Il puise le compost ou les déchets alimentaires et en nourrit les insectes selon une cadence contrôlée à distance.

Les déchets alimentaires réduisent rapidement.

Cette première activité intéresse de nombreux clients de GoTerra, à commencer par :

  • les décharges municipales,
  • les lieux de restauration collectives,
  • les hôtels gigantesque,
  • les invendus des supermarchés.

GoTerra voit ainsi sa clientèle augmenter régulièrement.

Pour les décharges cette solution leur permettrait de gagner de l’espace sur les déchets alimentaires qui mettent parfois plusieurs mois à se décomposer.

La solution de GoTerra est donc plus rapide.

Elle serait aussi plus écologique. En effet, les déchets alimentaires émettent du méthane qui est un gaz à effet de serre.

Les décharges représenteraient même 8% des émissions totales de méthane dans le monde.

Pour GoTerra, cela représente un réel atout.

Les débouchés de GoTerra

Une fois que les larves sont bien nourries et qu’elles s’approchent de leur âge d’éclosion, le conteneur est retiré.

GoTerra utilise du CO² pour les tuer.

À ce moment-là, il ne reste plus dans le conteneur que deux produits :

  • les déjections des larves ;
  • les larves mortes.

On sépare les larves mortes des déjections, puis on les nettoie, on les déshydrate.

Elles sont conditionnées pour devenir des protéines pour le bétail, les animaleries et les élevages de poisson.

On peut aussi en extraire certaines substances comme la chitine, la mélanine ou les protéines.

Certains de ces éléments sont utilisés par l’industrie des cosmétiques ou l’industrie électronique.

Les déjections, quant-à elles, servent à faire de l’engrais riche en azote, potassium et phosphore.

Et cet engrais ne serait pas ou peu toxique en fonction des déchets que les insectes ont ingurgités.

Pour GoTerra, l’élevage de larves a donc 4 débouchés :

1/ Le traitement des déchets alimentaires qui permet de réduire les émissions de méthane de décharges et limite la perte de places des activités économiques qui produisent beaucoup de déchets alimentaires.

2/ La production de protéines d’insectes utiles pour nourrir des animaux et des poissons.

3/ La production de matière première pour certaines industries de pointe.

4/ La production d’engrais.

Sur le papier, tout cela paraît peu ragoûtant mais plutôt efficace.

GoTerra va t’elle être une source d’inspiration pour d’autres projets ?

Verra t’on en France des conteneurs d’insectes pour traiter les déchets alimentaires et le compost.

On connaissait déjà le lombricompostage.

Mais ce qui se présente avec la mouche soldat noire semble se faire à une échelle beaucoup plus industrielle.

Solidairement,

Julien

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Vous aussi, prenez part à la mobilisation citoyenne !

1. « 2023 Australian of the Year Recipients », Australian of the Year

2. « About Us », International Insect Protein Association

3. « How I Got Here: 2023 ACT Australian of the Year Olympia Yarger », HerCanberra

4. « Throwback: Olympia Yarger on Maggots, Motherhood & Marrying an American », Apple Podcasts

5. « Insect Feed for Poultry & Fish Production in the UK & Europe », Insect Innovation

6. Chaîne: Goterra, « How Goterra’s new robotic system works », Youtube

7. « Insect Protein Products », Goterra

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7 Comments
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Rauscher
8 jours il y a

Comment se nourrit elle si elle n a Pas de bouche

Mireille G.
10 jours il y a

Bon article.. mais je ne donnerais pas le feu vert pour son application.
* L’origine précise de cet insecte ?? * Naturel ? ou de laboratoire ?
* Et à l’on terme ? Le contrôle est peu être risqué.. si oui, c’est non !!
Les lombrics (mais le bon) on fait leur preuve pour une solution « vraie » et écologique.
Merci à Eux ! parce qu’ils font du bon travail à plusieurs niveaux. Merci aux chercheurs..

11 jours il y a

L’australienne à l’origine de cet élevage de mouche noire a eu une idée de génie pour que les larves se nourrissent des déchets, mais quant à faire manger les insectes séchés au bétail et poissons d’élevage nous sommes pris une fois de plus pour des cobayes, au moment où notre gouvernement a informé que de la farine d’insecte serait désormais dans les farines biscuits et autres préparations une scientifique a informé que la chitine reste dans notre corps et n’est jamais évacué et est un poison d’ailleurs cette chitine donne des allergies. Je vous laisse imaginer la suite, et au niveau des bêtes d’élevage qu’en est il? S’ils n’éliminent pas non plus cette chitine nous l’ingérerons de cette manière AUSSI.

11 jours il y a

Et dans 20 ans on s’apercevra qu’elle n’a aucun prédateur et cela ferait comme pour les abeilles , cet autre insecte qui tue les oliviers etc etc ….
On connaît très bien le lombric compost
Ça fonctionne magnifiquement bien , qu’on développé la filière car actuellement c’est plutôt un comité restreint .

Hartmann
11 jours il y a

Il faudrait regarder de près la toxicité car la plupart des déchets alimentaires sont toxiques et leur concentration dans ces bestioles n’est sans doute pas rien !!! C’est une bonne idée pour faire beaucoup d’argent MAIS

Maflor
11 jours il y a

Un très vif merci pour cet article si instructif et excellemment bien présenté!

Dorothée
11 jours il y a

Une super idée, par une femme battante. On devrait s’en inspirer dans le monde entier.

Pourquoi créer une pétition ?

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Une pétition est un moyen d’action efficace, pour que les citoyens reprennent le pouvoir sur les combats qui leur semblent justes.

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