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L’héritage des grandes civilisations perdues d’Amazonie

Chers lecteurs,

Connaissez-vous la fabuleuse histoire de Francisco de Orellana ? (1)

Ce conquistador espagnol a participé avec Francisco Pizarro à la conquête de l’empire inca. Il a été gouverneur de la ville de Santiago de Guayaquil.

Lors de cet épisode, il a montré ses formidables capacités d’administrateur.

Il a montré que c’était un homme de terrain, réaliste et habile.

Il a notamment su régler un grand nombre de conflits avec les locaux et créer les conditions d’une paix durable autour de la ville.

Vous verrez que ce détail compte pour la suite.

La grande expédition

En 1541, il accompagne Gonzalo Pizarro, le frère de Francisco Pizarro, dans son expédition sur le fleuve Amazone.

Ils partent du Pérou. Leur objectif est de découvrir l’Eldorado et la Terre de Cannelle. (1)

L’expédition est difficile. Elle est ponctuée d’attaques menées par des tribus locales et l’approvisionnement s’avère délicat. De nombreux marins sont malades. Les équipages fondent comme neige au soleil.

Gonzalo Pizarro envoie Orellana descendre un affluent du fleuve Amazone en reconnaissance.

Mais, emporté par les courants, leur brigantin ne parvient pas à remonter le fleuve.

Orellana et son équipage entrent alors dans l’Histoire et dans la légende : ce sont les premiers Européens à traverser l’Amazone d’ouest en est.

Pendant plusieurs mois, Orellana explore les côtes de l’Amazone. Il rencontre de nombreuses tribus qu’il décrit dans ses récits.

Surtout, il rapporte dans ses carnets de voyage, tenus par le chroniqueur de l’exploration, le Père Gaspar de Carvajal, l’existence de plusieurs grandes villes où une civilisation amérindienne prospère. (2)

Orellana a-t-il menti ?

L’explorateur n’a jamais confirmé ses découvertes.

Lors du voyage suivant, il meurt, épuisé et malade, à l’embouchure du fleuve Amazone qu’il avait espéré remonter d’est en ouest.

D’autres explorateurs ont refait son voyage.

Mais ils n’ont jamais retrouvé les villes magnifiques décrites par Orellana. (1)

Ils en ont conclu que l’explorateur avait exagéré.

Mais pourquoi un homme de terrain plutôt fiable, bon administrateur et digne de confiance aurait-il menti sur son voyage ?

Cela paraît d’autant plus improbable qu’Orellana espérait bien partir à la conquête de ces villes et les soumettre à la loi de la couronne d’Espagne.

Comment pouvaient-ils nourrir tout ce monde ?

Cependant, les archéologues ont retrouvé, dans les années 2000, la trace de ces villes perdues. (3,4)

Ces villes existaient déjà il y a 2000 ans.

Ces villes réunissaient des dizaines de milliers d’agriculteurs.

Elles étaient reliées entre elles par un vaste réseau de routes.

Ces villes étaient construites en boue et non en pierre, comme pouvaient le faire les Incas ou les Mayas.

Cela explique pourquoi elles ont disparu.

Pour autant, ces villes existaient-elles encore lors du passage d’Orellana ?

Les archéologues pensent que cela est tout à fait possible.

Ils pensent que, le long du fleuve Amazone, il existait bien une formidable civilisation tout aussi développée que celle des Aztèques, des Mayas ou des Incas, quoique fort différente probablement. (3,4)

Ces villes auraient disparu à cause de l’effacement de la population locale, décimée par les maladies qui accompagnaient les Européens, comme la variole, la rougeole, le typhus ou la grippe. (4)

Elles n’ont donc jamais été conquises, car lorsque les conquistadors y sont retournés, il n’y avait plus personne à conquérir…

Lors de leur passage, Orellana et ses hommes d’équipage auraient-ils propagé la maladie et la mort sans le savoir ?

C’est une possibilité.

Mais c’est une autre question qui nous intéresse aujourd’hui et qui a fasciné un certain nombre d’archéologues : comment cette population nombreuse pouvait-elle se nourrir alors que la terre d’Amazonie est connue pour sa pauvreté ?

Il est mort. Avec lui, un monde entier s’est éteint.
Le dernier chamane Akuntsu, gardien d’une sagesse millénaire, a disparu.
Plus de chants. Plus de rituels. Plus de transmission.

Un peuple effacé par la violence,
Une mémoire sacrifiée sur l’autel du béton et du bétail.

Combien de trésors spirituels faudra-t-il encore enterrer avant qu’on ouvre enfin les yeux ?

La diversité culturelle n’est pas un vestige folklorique.
C’est l’âme même de l’humanité. Et elle se meurt, en silence.

Le secret est dans la “terra preta”

En un sens, c’est bien l’Eldorado qu’ont découvert Orellana et son équipage.

Mais le trésor était dans la connaissance des Amérindiens et leur capacité à fabriquer un sol fertile.

Ce terreau est désormais bien connu et il porte un nom : la terra preta, ou terre noire en portugais.

Son existence a été révélée dans les années 90. (5,6,7)

Il s’agit d’un sol enrichi par les agriculteurs amérindiens qui y mettaient :

  • de grandes quantités de charbon de bois, appelé parfois biocharbon ou biochar ; l’intérêt de cet élément est double : il capte les nutriments et aère la terre. Il représente jusqu’à 10 % de la terra preta ;

  • de nombreux déchets organiques : des os, des arêtes de poisson, du fumier, du compost ou encore des déchets de poterie ;

  • une activité microbienne élevée : c’est un sol vivant !

C’est une terre structurée, qui retient l’eau, qui limite le lessivage des nutriments lors de fortes pluies et qui reste toujours riche en nutriments. (7)

En clair, les cités amazoniennes ont su développer, à partir d’un sol très pauvre, un système de vie 100 % naturel capable de nourrir des foules entières.

Un intérêt grandissant pour la terra preta dans le monde

Ces découvertes archéologiques sont venues compléter les connaissances accumulées des permaculteurs dans le monde, qui s’appuyaient déjà sur différents modèles, tels que :

  • la culture en terrasse des plateaux andins ; (8)

  • la culture traditionnelle des jardins au Japon ; (9)

  • le maraîchage parisien du 19e siècle, qui, sur de toutes petites surfaces, obtenait d’excellents rendements. (10)

La terra preta intéresse aujourd’hui les chercheurs, à la fois pour sa fertilité et sa capacité à stocker du carbone. (11)

Sa fertilité est telle qu’elle permettrait aux arbres fruitiers qui s’y épanouissent de donner trois récoltes par an ! (6)

Il s’agit probablement de la terre la plus fertile du monde, alors même qu’elle est née dans une région aux sols particulièrement pauvres !

Cela montre qu’une bonne terre dépend avant toute chose de sa capacité à générer de l’activité microbienne et à capter les nutriments.

Ce sont les bactéries présentes au niveau des racines des plantes qui produisent de la vie et de la fertilité ! (12)

En clair, l’agriculture conventionnelle, qui utilise massivement les pesticides et ne se préoccupe pas de la qualité des sols, fait fausse route.

À terme, les sols riches surexploités, où poussent les céréales aujourd’hui, pourraient bien être les déserts de demain.

À l’inverse, les sols pauvres, que travaillent les permaculteurs jour après jour, sont la vraie richesse de demain.

Et si vous avez un petit lopin de terre, quelle que soit la qualité actuelle de votre sol, vous pourrez en faire un Eldorado en y mettant du travail, de la patience et les bons apports.

Rassurant, non ?

Solidairement,
Julien

Il est mort. Avec lui, un monde entier s’est éteint.
Le dernier chamane Akuntsu, gardien d’une sagesse millénaire, a disparu.
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Il est important et nécessaire que les opinions et valeurs des citoyens soient prises en compte en permanence et pas uniquement au moment des échéances électorales.

Une pétition est un moyen d’action efficace, pour que les citoyens reprennent le pouvoir sur les combats qui leur semblent justes.

Vous aussi, prenez part à la mobilisation citoyenne !

  1. « Orellana et la découverte de l’Amazone », CAPAC Nantes
  2. « Sur les traces de Orellana et de l’Amazonie en danger », France-Guyane
  3. « Des archéologues trouvent des cités perdues dans la forêt amazonienne », Le Devoir
  4. « Des cités perdues en Amazonie », Pour la Science
  5. « Terra Preta », Kokopelli-semences
  6. « Terra Preta: Le secret de la terre noire d’Amazonie », Natuco
  7. « Terra Preta – Terre noire ancestrale amérindienne », Elementerre Bretagne
  8. « Les terrasses de culture andines », Pérou Préhispanique
  9. « Jardinage écologique inspiré des pratiques japonaises », Fleur de Zen
  10. « Les maraîchers de Paris », Pas à Pas
  11. « Le biochar est-il un produit miracle ? », CIRAD
  12. « Le microbiote des plantes : de son rôle dans la survie végétale à son utilisation en agriculture », Planet-Vie ENS
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5 Comments
Commentaires en ligne
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Nicole Decourbe Munoz
1 jour il y a

Merci pour ce regard sur l’agriculture. Espérons que beaucoup s’y mettront.

Madame
4 jours il y a

Votre pétition est louable, surtout en ces temps de changement climatique, et face aux dégâts perpétrés par l’industrialisation et les maltraitances occidentales à l’égard de la nature.
Cependant, pourquoi utiliser en introduction les découvertes d’Orellana (que vous décrivez comme un gentil aventurier!!!?!!)…en zappant qu’il était au service des colonies européennes; celles qui ont sans vergogne anéanti les autres civilisations, les ont réduites en esclavage sur tous les continents et pendant de nombreux siècles ?
Honte à eux!!
D’autant plus que leurs descendants poursuivent la destruction de la planète et leurs colonisations.
Orellana n’est donc pas à mon avis un bon exemple, pour faire prendre conscience aux peuples qu’ils doivent se mobiliser actuellement, et qu’ils mesurent enfin leurs obligations à signer vos pétitions.

Golt
4 jours il y a

Et c’est pas fini avec le mercosur, c’est nos propres paysans qui vont y être confrontés. Vive le MONDIALISME, hein. Bravo à l’état profond ! Peuples, levez-vous !

Dureau
4 jours il y a

Superbe article , histoire et environnement !

4 jours il y a

Formidable documentaire, merci

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