Chers lecteurs,
La surface de la planète Terre est essentiellement constituée d’eau (75%). Malheureusement, il s’agit surtout d’eau salée.
La réserve d’eau douce utilisable pour l’agriculture et les besoins humains quotidiens ne représente que 3 % de la réserve totale.
C’est un bien précieux, aujourd’hui soumis à de nombreuses pressions.
L’eau douce est menacée par la pollution, la déforestation, l’urbanisation, le gaspillage, la dérégulation du climat ou encore la surexploitation des ressources.
Le cycle de l’eau ne fonctionne plus
D’après Charlène Descollombes, ingénieure spécialisée dans l’hydrologie, le fameux cycle de l’eau que vos enfants ont appris à l’école est faux.
Il s’agit du processus naturel et continu de circulation de l’eau. (1)
Tout commence avec un mouvement de l’eau à la surface de la Terre qui monte vers le ciel.
Il s’agit de l’eau des rivières, des lacs et des océans, qui s’évapore sous l’action du soleil. Mais c’est aussi l’eau transpirée par les arbres et les plantes.
Toute cette vapeur d’eau, lorsqu’elle parvient à une certaine hauteur, refroidit et forme des nuages : c’est la condensation.
Viennent ensuite la neige, la grêle et la pluie, toutes les précipitations qui tombent avant de ruisseler et d’approvisionner à nouveau les lacs, les rivières et les océans.
Une partie de cette eau s’infiltre dans la roche et tombe dans les nappes phréatiques, qui forment un vaste réseau d’eaux souterraines.
Ces eaux peuvent sortir de terre en remontant vers les sols ou en formant ici et là des sources, des ruisseaux ou de tout petits rus. C’est la résurgence.
Mais Charlène est catégorique : ce schéma idéalisé, qui laisse croire que la ressource en eau est éternelle, est “purement fictif”. (2,3)
Plus exactement, ce cycle de l’eau, depuis plusieurs siècles, a été transformé par l’activité humaine.
Pour de nombreux scientifiques, le cycle de l’eau, pour être vrai, devrait incorporer :
- les interactions humaines avec l’eau ;
- la pollution de l’eau ;
- l’évolution du climat.
Charlène Descollombes explique que, désormais, l’humanité a pris la main sur le cycle de l’eau. (3,4)
Une planète aux ressources finies
Une partie de la communauté scientifique considère que les ressources naturelles qui sont à notre disposition ne sont pas illimitées.
Pour eux, et pour certains économistes, il est grand temps d’intégrer le coût de cette limite dans les activités humaines.
Car, à considérer les ressources naturelles comme infinies, on risque de les épuiser les unes après les autres, sans leur laisser le temps de se renouveler.
Pour certaines ressources, l’épuisement est déjà en cours : c’est le cas des énergies fossiles, par exemple.
Mais cela est aussi vrai pour l’eau douce. Les réserves d’eau douce disponibles seraient en diminution.
La raréfaction de l’eau douce, qui est pourtant indispensable à la survie humaine, devrait mobiliser les gouvernements, les citoyens et l’ensemble des acteurs économiques.
L’avenir de nos enfants, et des leurs, en dépend directement.
Qu’est-ce que l’empreinte eau ?
Pour sortir de la logique du cycle de l’eau, un peu idéalisée et naïve, les hydrologues se sont intéressés à la source d’eau douce disponible pour les êtres humains.
Ils ont inventé l’empreinte eau, sur le modèle de l’empreinte carbone.
Ils ne s’intéressent plus uniquement au cycle de l’eau en tant que tel, mais à l’eau douce disponible pour la vie sur Terre et les activités humaines.
Et pour cela, il est bon de regarder spécifiquement l’approvisionnement en eau douce, qui se fait par les précipitations, en particulier la pluie et la neige.
Les hydrologues ont classé cette eau douce en deux grandes catégories : l’eau verte et l’eau bleue.
Pour calculer l’empreinte eau d’une activité humaine, ils regardent l’incidence qu’elle peut avoir sur l’eau verte et sur l’eau bleue.
Ils ajoutent parfois à cette réflexion l’eau grise, qui est la quantité d’eau nécessaire pour diluer les polluants et retrouver une eau consommable par les humains.
Quelle différence y a-t-il entre l’eau verte et l’eau bleue ?
L’eau verte, c’est essentiellement l’eau de pluie retenue par la végétation et les sols. Elle se situe au niveau des racines des végétaux, qui s’en servent pour leur croissance.
Elle irrigue les prairies et les forêts, mais elle ne se déverse pas dans les rivières et les plans d’eau.
Elle est transpirée par les plantes avant de rejoindre le ciel.
L’eau bleue est celle des rivières, des lacs, des réservoirs et des nappes phréatiques.
C’est de l’eau qui peut être prélevée et utilisée par les villes, l’industrie ou l’agriculture.
Ces deux ressources en eau sont limitées.
Les scientifiques évaluent l’état des réserves en eau verte en mesurant l’humidité des sols.
L’état des eaux bleues se mesure, lui, par le débit des cours d’eau.