Il est un sujet dont on parle peu : la pollution lumineuse.
C’est à tort.
Car en réalité, c’est une question très importante.
Saviez-vous, par exemple, que plus de 4 personnes sur 5 dans le monde vivent dans un ciel pollué par des lumières artificielles (1) ?
Cela veut dire qu’il fait jour 24h sur 24 autour d’elles.
Peut-être est-ce le cas pour vous également. Votre rue est-elle éclairée toute la nuit ? Votre bureau reste-t-il éclairé en permanence pour permettre une rotation du travail ?
Ce phénomène est répandu sur tout le globe et plus particulièrement dans les grandes villes.
Il s’agit d’une situation inédite dans l’histoire de l’humanité.
Pendant des millénaires, Homo Sapiens a connu la peur du noir.
Au paléolithique, il devait allumer de grands feux pour se tenir chaud, avoir un peu de lumière la nuit et tenir éloignés d’éventuels prédateurs.
Plus tard, les grands ports se sont organisés pour avoir des feux permanents afin d’aider les navires à circuler. C’est le fameux phare d’Alexandrie.
Mais il a fallu attendre le XIXe siècle et l’invention de la lampe électrique pour que se répande l’éclairage public et privé.
Est apparue en premier, la lampe à arc électrique, inventée par Humphry Davy en 1809, qui illumina les villes de New York, Londres et Paris. Puis, Thomas Edison inventa la lampe électrique à incandescence en 1878.
Son invention géniale, se répandit dans le monde entier comme une traînée de poudre…
Villes, villages, appartements, bureaux, magasins, ruelles etc, la lumière électrique s’imposa partout.
Quelle revanche sur les peurs du passé !
Cette extraordinaire conquête technique a révolutionné les modes de vie : la nuit vous appartient !
Pourtant, le moment est venu de faire le point sur cette avancée. Et il est peut-être temps d’adopter une attitude plus sage vis-à-vis de l’éclairage total.
La puissance du feu
Une simple ampoule se voit à des dizaines de kilomètres.
Or aujourd’hui, on a tendance à mettre des leds partout, qui sont beaucoup plus puissantes que les anciennes ampoules, soi-disant pour des raisons écologiques.
Elles sont censées tenir plus longtemps, ce qui reste à prouver tant elles sont fragiles…
Depuis l’espace, toutes ces lumières sont visibles. On repère ainsi toutes les grandes métropoles. Les autoroutes belges en particulier sont faciles à voir d’après les astronautes (2). Elles sont illuminées tout du long !
Hélas, c’est une catastrophe.
Car ces lumières incessantes ont un effet nocif sur le monde vivant, à commencer par vous.
Votre santé est menacée
En Corée du sud, des chercheurs se sont intéressés aux effets de l’exposition aux lumières nocturnes chez l’être humain (3). Ils ont suivi un groupe de plus de 52 000 personnes. Leur conclusion est que plus les personnes étaient exposées aux lumières la nuit et plus elles prenaient de somnifères et moins leur sommeil était bon.
Or, le manque de sommeil a par ailleurs été associé à de très nombreuses pathologies telles que :
- les cancers du sein ou de la prostate (4);
- l’hypertension (4)
- les troubles de la concentration (5);
- la dépression (6);
- l’arthrose (7);
- Alzheimer et d’autres démences (8) ;
L’exposition à la lumière la nuit peut jouer sur l’horloge biologique et dérégler les personnes. S’en suivent de nombreux troubles potentiels dont le plus visible reste le mauvais sommeil (9).
Les plantes aussi dorment la nuit !
Et les êtres humains ne sont pas les seuls concernés ! Toute la nature est programmée pour une alternance entre le jour et la nuit. Mais ni les animaux, ni les plantes ne dorment dans une chambre dont ils peuvent éteindre la lumière !
Pendant des siècles, les plantes ont pu “dormir” la nuit, c’est à dire, fonctionner au ralenti pour se régénérer.
Si la lumière des villes ou des réverbères d’autoroute n’est pas aussi intense que celle du soleil, elle perturbe nécessairement le temps de repos des plantes, et donc leur vitalité.
Des chercheurs de l’Université d’Exeter se sont ainsi intéressés à des plantes d’eau qu’ils ont soumis à un éclairage nocturne. Ils avaient installé des LED au-dessus d’un étang.
Ces plantes ont été moins productives que celles qui n’étaient pas exposées à la lumière de nuit (10,11,12,13).
Pour les chercheurs, les lumières des villes produisent le même effet sur le monde vivant que les LED de leur expérience. On épuise les végétaux à petit feu…
Toute la biodiversité est malmenée
Tous les êtres vivants fonctionnent par cycles, et la lumière du jour est l’un des grands régulateurs de ces cycles (10).
En imposant aux plantes et aux animaux de tous genres un voile lumineux la nuit, les hommes perturbent ces équilibres.
Et les résultats commencent à être mesurés par les scientifiques. Les conséquences sont multiples sur la nature :
- Les pollinisateurs nocturnes ne pollinisent plus aussi bien (14) ;
- Les oiseaux migrateurs sont désorientés (15) ;
- Les bébés tortues qui devraient plonger dans la mer éclairés par la lune filent vers les villes qui les attirent. Ils se perdent et meurent par millions (16) ;
- Les prédateurs, qui se servent de la lumière pour chasser, sont déboussolés (16) ;
Certains scientifiques n’hésitent pas à dire que l’arrivée de la lumière la nuit a été l’une des charges les plus violentes d’Homo Sapiens sur la nature ! (16).
Une gabegie énergétique
Si la lumière la nuit nous rassure, nous apporte un vague confort, elle se fait au prix d’une dépense énergétique considérable.
Aux Etats-Unis, une étude a estimé que 30% de l’énergie utilisée pour l’éclairage extérieur était gâchée (17).
En France, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie estime que l’éclairage public nécessite une puissance d’environ 1300 MW. Cela représenterait 41 % de la consommation d’électricité des collectivités territoriales (18). C’est considérable.
Cet excès de consommation représente un coût, une nuisance lumineuse et un surplus de CO2 relâché dans l’atmosphère. Il y a mieux à faire !
Depuis que mon département a engagé un projet de remplacement des éclairages des voies publiques par des luminaires LED, la pollution et les nuisances lumineuses sont montées d’un cran. Une véritable gabegie, alors que les discours au sujet de ce projet laissait entendre tout le contraire. Une dissonance cognitive consternante et irritante. Des éclairages bien trop blanc et trop lumineux, en surnombre par endroit et souvent très mal orientés. Il est clair que nous avons eu à faire à de l’incompétence sur toute la ligne, alors que les particularités des matrices à LED étaient connu depuis 10 ans, avec des retours d’expériences souvent négatifs. Il fallait tout simplement des luminaires à température de couleur et des niveau de luminosité très bas, et non le contraire comme on le voit encore très souvent ! Purement scandaleux…
Bonjour ! Je suis étonné qu’au début du 19e siècle, on ne mentionne pas l’éclairage public au gaz d’éclairage récemment inventé. Il me semble que c’est cet éclairage qui a indisposé les papes de l’époque, en particulier celui de 1832 qui a interdit l’éclairage public car contraire à la volonté divine. Pendant qu’il y était, il a aussi interdit la vaccination antivariolique alors que cette maladie était souvent mortelle ou invalidante pour les rescapés.
Bonjour,
Dans les zones commerciales, on voit un éclairage des enseignes encore maintenant. Quant à l’insécurité, elle a lieu même en pleine lumière… on repère davantage les personnes qui sont obligées de s’éclairer dans la nuit pour commettre leur méfait …
Chacun n’a qu’à s’équiper, au besoin, d’une lumière pour rentrer chez lui quand les lampadaires sont éteints.
Dans les campings, aussi, c’est éclairé souvent toute la nuit… il y a beaucoup d’endroits où c’est inutile et désastreux pour les personnes et la nature.
Dans mon bureau, où je suis seule, je m’éclaire à la lumière naturelle le plus possible mais j’ai des collègues qui me disaient d’allumer (ce que je ne faisais pas) et quand la mesure a été prise, sans lumière artificielle, j’étais dans les normes….
Bonne journée à tous et toutes
Éteindre toutes les enseignes des magasins et entreprises dès leur fermeture, ainsi que les panneaux publicitaires ( abris bus, sucettes…) . Utiliser des peintures réfléchissant la lumière des phares.
Bien sûr qu’il y a une débauche d’éclairage inutile qui dérange les animaux nocturnes, chauve-souris, lucioles,
hiboux, hérissons, etc.. Je voudrais apporter une rectification, les autoroutes Belges ne sont plus éclairées toute
la nuit, sauf aux endroits importants. Ils vont également passer à un type d’éclairage moins énergivore, cependant
les Français adoraient circuler sur nos autoroutes, gratuites en plus. La photo que vous montrez est assez ancienne
mais je suis d’accord sur le fait qu’il y a trop d’éclairage en général.
Vous pourriez mentionner le développement des serres qui fait parti du fléau. Les serres de Ploubazlannec près de Paimpol en Cotes d’Armor qui sont allumées toute la nuit et confisquent la nuit à plus de 15km à la ronde.
Sans rentrer dans le sujet global des serres chauffées polluantes et dévastatrices, pourquoi ne pas les obliger “au moins” à ce que la nuit elles doivent pouvoir ne pas laisser passer leur éclairage “monstrueux”.
Nous sommes en effet confrontés à une pollution lumineuse extérieure, mais moi je ne comprends pas pourquoi, à l’intérieur des logements, nous sommes également exposés à une pollution lumineuse : tous les appareils contiennent, à ce jour, des lumières, souvent bleues : téléphones fixes, radio-réveils, télés, etc… Il est vraiment très compliqué de cacher toutes ces lumières, pour éviter de se trouver la nuit, dans des pièces « éclairées ».
Peut-être faudrait-il envisager d’autres normes de construction, auprès des fabricants ?
L’urbanisation galopante dans ma rue, autrefois interdite aux camions, toujours bordée en un endroit d’une zone naturelle de marais, délestée de beaucoup de grands arbres, a vu cependant, de l’autre coté de sa route surgir, entre autres, un éco quartier, de 200 logements prévus, sur pilotis…Lampadaires et parkings y sont illuminés de lumières orange qui, de nuit, éclairent même mon escalier intérieur, par ses pavés de verre . Ma maison étant située à 200 m.
Les grenouilles qui chantent depuis le début de Février, et tout le biotope ici négligés, risquent fort de ne pas y survivre. Pourtant ces deux derniers maires sont des personnes ayant aussi eu d’autres postes à responsabilités.
Pilote civile ,je peut témoigné que en survolant le vendredi soir et samedi tous les petit villages et villes , a la tombé du jour illumine leurs terrains de foot juste pour des entrainements de nuits ,avec souvent 5 a 6 personnes ou parfois que des enfants ,vu la consommation de ses projecteur ,ce n’est que du gaspillage ,et le plus ridicule certains maire coupe l’éclairage publique de quelques lampadaires, Alors que l’éclairage du terrain de Foot représente au centuple l’éclairage publique
Pour faire cesser la pollution lumineuse, voici ma solution de long terme : il faut faire cesser l’insécurité. D’où vient l’insécurité ? De l’absence des parents pour l’éducation des enfants. Les femmes doivent absolument travailler comme les hommes pour joindre les deux bouts mais surtout pour protéger leur autonomie matérielle. Pourquoi cela ? Parce ce les hommes tendent à exercer un contrôle serré sur leurs revenus personnels, ce qui engendre la violence conjugale. La boucle est bouclée : les femmes travaillent pour diminuer les risques de violence conjugale mais doivent faire face à la délinquance de leurs grands enfants. Qui est responsable au bout du compte ? C’est notre système patriarcal. Ma solution immédiate : que toutes les femmes qui le peuvent aient une adresse personnelle. Il est tout à fait possible de vivre marié mais à dans des lieux différents. Je ne crois pas qu’on puisse parler de consentement dans les rapports sexuels si les deux partenaires sont dans le même lit et la femme gagne moins que l’homme.
Mes excuses dans le message précédent, il faut lire: ‘ une notion très MAL comprise.
Bonjour,
La pollution lumineuse est une notion très comprise par le grand public, un exemple significatif:
En 2013, lorsque j’étais adjoint à l’environnement dans ma commune, nous avons mis en place l’extinction de l’éclairage public de 24h à 4h.
Lors des élections municipales de 2014, la liste opposée a principalement axé sa campagne sur l’annulation de cette mesure d’extinction. Et malheureusement elle a gagné.
Concernant l’utilisation des leds, pour moi c’est une bonne chose car elles consomment 3 à 4 fois moins d’énergie que les lampes au sodium. Mais faut-il ne pas profiter de cette baisse de consommation pour justifier une augmentation des zones éclairées.
Un autre exemple d’élus:
En 2010 ayant remplacé les illuminations de Noël incandescence par des leds le facteur 4 (diminution de la consommation énergétique a été atteint. Mais l’équipe suivante, avec comme argument la faible consommation, a multiplié par deux les illuminations et les laissent allumées quasiment deux fois plus longtemps. Résultat des courses: la consommation énergétique est revenue au niveau de départ. Et cela sans compter l’énergie grise nécessaire à la production des nouveaux équipements.
Une autre contre vérité à combattre: L’absence d’éclairage public augmente les vols et la délinquance. Les statistiques de gendarmerie prouvent qu’au contraire ces risques diminuent.