L’histoire de la plateforme pétrolière Eurêka a quelque chose de fascinant.
Elle représente un paradoxe de l’ère industrielle. Et montre que dans le domaine écologique, comme ailleurs, les choses ne sont jamais aussi simples qu’il n’y paraît.
En 1984, la Royal Dutch Shell, la compagnie néerlando-britannique de pétrole, fait construire au large des côtes de Californie une grande plateforme pétrolière appelée Eurêka. (1)
L’extraction du pétrole a d’abord été assurée par sa filiale locale : Shell Production California. (2)
La plateforme est ancrée au sol à 75 mètres de profondeur et 13 km des côtes.
Elle est haute de 200 mètres.
Sous l’eau, une douzaine de puits assurent l’extraction du pétrole.
Eurêka est venue s’ajouter à deux autres plateformes construites à partir de 1980 : Elly et Ellen. (3)
Ces trois sites fonctionnent ensemble.
Eureka est la plus éloignée. Elle est reliée par un pipeline à Ellen et Elly, qui achemine le pétrole sur la côte, où il est raffiné.
Les trois sites sont désormais gérés par une société d’exploitation locale : la Beta operating company qui est une filiale de Amplify energy. (4)
En tout, 23 autres infrastructures géantes ont été implantées dans la zone. (5)
15 d’entre elles sont encore en activité, dont Eurêka.
Mais la plateforme arrive en fin de vie. Il faudrait la retirer.
Un site industriel et scientifique
Depuis 2002, la Nasa, l’agence spatiale américaine, a déployé un système d’évaluation de la zone sur le plan scientifique, environnemental et industriel.
Ce réseau s’appelle le Nasa Aeronet Ocean Color.
31 sites ont été choisis pour faire des prélèvements.
La plateforme Eurêka fait partie de ce réseau. Elle est donc aussi d’utilité scientifique et publique. (6)
Ce travail d’observation et de collecte des données marines se fait en collaboration avec l’Université de Californie du Sud.
Un programme de recherche dédié à la plateforme a été mis en place. Il s’appelle Seaprism. (7)
Des instruments de mesure très précis ont été disposés sur le site et surveillent l’espace aérien et marin. (8)
Eurêka est donc plus qu’une simple plateforme pétrolière. C’est un site d’observation scientifique : un laboratoire à ciel ouvert.
Le risque de marée noire et de fuites est-il suffisamment pris en compte ?
Le 2 octobre 2021, a eu lieu une terrible marée noire qui a couvert la mer et s’est étalée le long des côtes californiennes. (9,10)
Le pipeline entre les plateformes Elly et Ellen aurait subi une fuite très grave. Environ 100 000 litres de pétrole ont été déversés dans l’océan.
Deux plages en particulier Huntington et Newport ont été polluées. (11,12)
Mais ce sont surtout les animaux marins qui ont été touchés.
Les autorités ont réagi rapidement et les plages ont pu être nettoyées par les services environnementaux locaux sans l’aide de bénévoles. (13,14)
Cet incident n’a pas vraiment amélioré la côte de popularité des plateformes auprès des écologistes.
D’autant plus que la gestion des trois plateformes par Bêta operating avait été remise en cause par le passé. (15)
L’administration en charge de la sécurité et de l’environnement (Bureau of Safety and Environmental Enforcement), qui est une agence fédérale, a régulièrement souligné les manquements de la société Beta operating.
En tout, 125 notifications lui ont été envoyées. (16)
Par ailleurs, même la gestion financière de la société semble avoir été imparfaite.
Proche de la faillite en 2017, la Beta operating a bénéficié de mesures très favorables des autorités des tribunaux pour poursuivre son activité. (17)
Une partie de sa dette a notamment été effacée. La société a été restructurée mais cela n’a pas empêché la marée noire…
Malgré ces polémiques, les écologistes tiennent à la plateforme Eurêka, à défaut d’aimer son activité d’extraction pétrolière.
Il faut démanteler complètement cette plate-forme, c’est une évidence, ça n’a rien à faire là. On ne peut pas au prétexte que des crustacés se sont accrochés ou que des poissons s’y reproduisent conserver une telle polution environnementale, c’est un très mauvais signal pour le futur. Un jour, on nous dira que les centrales nucléaires doivent être conservées parce que des oiseaux nichent dans les cheminées… où va-t-on ? La vérité est simple: le démantèlement coûte très cher et les exploitants ne veulent pas l’assumer, ils s’entourent alors de scientifiques, parfois douteux, pour faire du Greenwaching, le seul but poursuivi n’est pas de garder quelques poissons ou crustacés qui ne représentent même pas 1 milliardième de l’Océan, mais d’économiser des dizaines de millions ! De plus, le démantèlement n’empêche en rien de créer une zone de protection interdite à la pêche. ARRETONS D’ETRE NAIF !
Surtout pas de solution 1, cela reproduirait une nouvelle pollution. 2 et 3 à débattre mais honnêtement je ne vois pas quel serait l’intérêt de maintenir la superstructure sauf à y mettre un petit groupe de scientifiques avec des moyens d’observation de l’évolution de la vie sous cette ancienne plate-forme. Cela vaudrait la peine de voir ce qui peut sa passer ailleurs autour d’anciennes plate-formes. La solution 3 nécessiterait la réalisation d’un balisage pour signaler ce qui sera devenu un obstacle sous-marin et un danger pour la navigation.
La solution 3 est évidente…
Merci pour cette information et ce bel article ! J’espère que ce sera le 2ème scénarii qui va voir le jour 🤞🫶 article partagé sur FB et pétition signée !! ✊
Je ne suis pas surpris dans le années 80 je travaillais en côte d’ivoire, et nous allions tjrs à la pêche au gros autour de la plate forme Espoir gérée par Philips Petroleum. Il faudrait plus d’initiatives de ce genre pour offrir un refuge aux poissons et crustacés dans ces zones de mer libre qui en sont dépourvues. Quand à la surpêche ne vous inquiétez pas nos « amis » du WEF s’activent sur ce sujet, au motif louable de l’écologie bien sûr…et consommer des produits de la mer déviens un luxe réservé aux plus riches. Avez vous remarqué que sur les étalages des poissonniers plus de la moitié sont des produits d’élevage, le sauvage est pratiquement inabordable.
Les états ne gèrent pas les ressources dans l’intérêt des générations futures, ils courent tous après un plein emploi, et en son nom ils saccagent la planète.
L’activité non essentielle devrait diminuer de plus de 50%, et un revenu minimum pour tous, pousser le maximum de gens à vivre au ralenti et ne pas participer à cette sur-production.
Or hélas, les gouvernements font le contraire:
https://lejustenecessaire.wordpress.com/2023/04/13/on-ne-freine-pas-on-accelere/