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Quand un Texan parle d’écologie, faut-il l’écouter?

Il y a quelques jours, j’ai pris le temps d’écouter ce que le géologue Scott Tinker avait à dire sur le débat écologique.

Cet homme est le directeur du Bureau of Economic Geology, un organisme public du Texas.

Scott Tinker est aussi Professeur à l’Université de Austin. (1)

Il a également fondé une ONG, appelée Switch Energy Alliance, qui promeut l’accès à l’énergie pour tous.

Scott Tinker n’est pas lui-même Texan puisqu’il est né en Illinois, près des grands lacs.

Mais le Texas est devenu sa terre d’adoption depuis de nombreuses années.

Et la pensée de Scott Tinker est forcément influencée par les gens de cet Etat qui en quelques génération s’est transformé profondément.

En 200 ans, le Texas est passé d’une terre de chasse, à une terre d’élevage, puis d’industrie et de services.

Les amis du Texas

Le Texas est le 28ème Etat à avoir intégré les Etats-Unis. C’était en 1845. (2)

Avant, cela ce territoire avait été habité par de nombreuses tribus amérindiennes.

Le mot “Texas” lui même vient du mot “taysha” qui dans la langue des indiens Caddo veut dire “les amis”. (3)

Mais les Caddo, qui occupaient l’est du territoire, n’étaient pas les seuls à vivre dans la région. (3)

Ils avaient pour voisin à l’ouest les Wichita, les Tawakoni et les Kitsai qui eux-mêmes étaient entourés des Kiowas, des Commanche et des Bidai. Au sud des Caddo se trouvaient les Tonkawa, les Karankawa puis vers le Mexique les Coahuireci et les Carrizo. (3)

A l’ouest se trouvaient les Apache, les Jumano et les Pueblos.

Parmi toutes ses tribus l’amitié ne régnait pas forcément.

Apaches et Comanches : la lutte à mort

Les Apaches étaient les plus puissants. Ils avaient tendance à terroriser la région. (4)

Ils maltraitèrent les Comanches durant de nombreuses générations, les obligeant à se réfugier dans les montagnes Rocheuses.

À cette époque, les Comanches étaient chasseurs-cueilleurs. Et tout le monde se promenait à pied. (4)

Les Comanches étaient petits quoique râblés. Les Apaches étaient plus grands et plus forts.

En combat singulier, les Apaches l’emportaient, le plus souvent.

Puis, les Espagnols sont venus. Et avec eux, le cheval.

Les Comanches sont tombés sous le charme des chevaux que les Apaches ont dédaignés.

Le guerrier Comanche est devenu cavalier de jour comme de nuit. On ne le voyait plus quitter son cheval.

Il s’est mis à chasser le bison et l’Apache à cheval. Le rapport de force s’est inversé.

Et les Comanches se sont vengés. (4)

Une immigration anglophone

Longtemps les européens ont peu pénétré le Texas.

Ils n’étaient pas assez nombreux et ils avaient une peur terrible des indiens de la région.

Le premier à y avoir établi une colonie est un français : 1685, René-Robert Cavelier, Sieur de La Salle. Elle s’appelait Fort Louis. (2)

Mais le site a été détruit au bout de trois ans.

Les Espagnols ont créé des villages et, petit à petit, ont grignoté le territoire.

Lors de l’indépendance du Mexique, le Texas a fait partie de ce nouvel État. (2)

Et les mexicains, qui voulaient peupler ce territoire, ont fait appel à une main d’œuvre anglophone. (2)

Et en 1834, on comptait un peu plus de 30 000 anglophones pour 8000 mexicains. (2)

Finalement, les texans ont pris leur indépendance en combattant contre le Mexique.

Et le Texas est devenu une république indépendante avant de rejoindre les Etats-Unis.

Des chevaux, du coton et du pétrole

Les Texans ont gardé l’amour des Comanches pour les chevaux.

Ils sont devenus éleveurs. Et la maison du Texan est devenue le ranch.

Ils ont aussi fait pousser du coton.

Puis, au début du 19e siècle on a découvert du pétrole dans cet État : dans les terres et le long de la côte.

Le Texas est devenu un pays industriel et une terre de cocagne.

De nombreuses personnes sont venues y habiter.

Cet État compte aujourd’hui 30 millions d’habitants. L’économie y est diversifiée et plutôt tournée vers les services. La taille de son économie est proche de celle de la France. (5)

C’est un État qui compte aux Etats-Unis et un territoire qui a une influence sur le monde.

Mais les habitants n’ont pas oublié ce qu’ils doivent à la terre et au pétrole.

Et c’est ainsi qu’ils ont créé un Bureau de géologie économique : ce n’est pas tout d’étudier la terre, il faut aussi en tirer quelque profit !

Voilà donc l’univers dans lequel Scott Tinker a travaillé depuis les années 80.

Face à l’urgence climatique, repenser notre approche de l’énergie est indispensable.

La France a l’opportunité de mener une révolution dans le domaine du nucléaire grâce à une alternative plus propre et plus efficiente (le thorium) pour atteindre l’autosuffisance énergétique.

Signez, partagez la pétition pour accélérer cette transition vitale vers une énergie durable et sûre.

Trois questions que l’on ne pose jamais

Et, ses trois interrogations dans le débat actuel sont (6):

1/ Peut-on débattre de l’écologie et du climat sans tomber dans le jugement des uns et des autres ?

2/ Peut-on espérer qu’il y ait une véritable activité économique avec zéro émission carbone ?

3/ Peut-on changer l’état du monde sans prendre en compte ce que veulent les populations ?

Quelle énergie veut-on ?

Scott Tinker rappelle que la science est fondée sur le doute. (6)

Le travail du scientifique est d’abord de poser des hypothèses et de voir si elles sont confirmées dans le temps.

Si plus personne ne doute, il n’y a plus de science. Et il s’inquiète de voir le débat sur l’écologie devenir un combat dogmatique.

Il s’inquiète de voir les certitudes écologiques mettre l’être humain de côté.

Pour lui, ce que l’on demande aujourd’hui, c’est de l’énergie :

  • fiable,
  • aux coûts abordables,
  • qui émet le moins de CO2 possible.

C’est ce qui permet d’avoir des hôpitaux et des écoles qui fonctionnent. (6)

À l’échelle du monde

Pour donner un peu de perspective au débat, Scott Tinker parle du monde.

Il explique qu’il a visité plus d’une 60aine de pays. Il a vu les populations pauvres, sans accès à l’énergie. (6)

Il rappelle que 2,2 milliards d’être humains cuisinent avec du bois ou de la biomasse. (6)

Ces populations sont souvent exposées à des fumées toxiques.

Lui-même a visité des hôpitaux où meurent des mamans atteintes de pathologies respiratoires ou de cancers des poumons causés par des années de cuisson au bois. (6)

L’accès à l’énergie fiable est un luxe que 5 milliards d’habitants sur terre ne connaissent pas. (6)

De nombreuses populations d’Afrique et d’Amérique Latine, notamment, ont accès à une énergie à relativement bon prix mais sans fiabilité.

Pour ces populations, les priorités vitales sont l’accès à de l’eau propre, à une énergie fiable et à l’école pour leurs enfants.

La pollution et le CO2 viennent en second plan.

“Les énergies renouvelables n’existent pas”

Voilà ce qu’explique Scott Tinker.

Il faut des métaux pour les panneaux solaires et l’éolien. Il faut des métaux pour les batteries sans lesquelles l’électrisation du monde n’est pas possible. (6)

Et pour tous ces métaux, il faut creuser la terre.

Or, rappelle le géologue, l’activité minière n’est pas une activité écologique.

Et ces métaux doivent être transformés. Il faut des hauts fourneaux, des usines.

L’essentiel de cette transformation a lieu en Chine. (6)

La transition énergétique, si elle a lieu, ne se fera pas sans ce pays !

Scott Tinker ajoute que pour savoir ce que pensent les dirigeants, il faut regarder ce qu’ils font plutôt que ce qu’ils disent.

Car pendant que des accords sont signés et proclamés lors des fameuses COP, partout la consommation de charbon, de pétrole et de gaz naturel augmente. (6)

Scott Tinker explique que l’Asie émet plus de CO2 que l’ensemble du monde.

Mais cela est dû à la consommation du monde, à commencer par celle de l’Europe et de l’Amérique du Nord qui ont délocalisé leur production en Asie.

 

Construire le bon équilibre entre les énergies fiables et les énergies intermittentes

Scott Tinker rappelle que le charbon a changé le monde parce qu’il s’agit d’une source d’énergie très dense, très efficace. (6)

Ont suivi d’autres sources d’énergies très denses comme le pétrole, le gaz naturel et le nucléaire. (6)

Ces énergies polluent mais elles apportent aux êtres humains les services dont ils ont besoin.

L’hydraulique, le solaire et l’éolien émettent moins de CO2 mais ce sont des énergies intermittentes.

Par exemple, en 2022 la production d’électricité des barrages hydrauliques a chuté à cause de la sécheresse. (7)

Les panneaux solaires peuvent être transpercés par la grêle. (8)

Et l’éolien est par nature aléatoire.

Sortir des logiques manichéennes

Enfin Scott Tinker propose de sortir de la vision moraliste de l’écologie.

Il n’y a pas, selon lui, une énergie propre et une énergie salle, il n’y a pas les bons élèves et les mauvais élèves. (6)

Il y a des molécules chimiques qui se combinent d’une manière ou d’une autre. (6)

Pour lui, l’avenir appartient à ceux qui trouveront la bonne formule.

Alors, évidemment, le problème est que le temps presse.

Il me semble que l’on aura du mal à passer à une économie qui émet peu de carbone sans une dose de sobriété, de planification et d’innovation, qui nécessite de la liberté.

Mais Scott Tinker a raison, aucun changement ne fera sans prendre en compte les gens et leurs besoins.

Face à l’urgence climatique, repenser notre approche de l’énergie est indispensable.

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Références

  1. https://www.beg.utexas.edu/people/scott-tinker
  2. https://www.thestoryoftexas.com/discover/texas-history-timeline
  3. https://morganesque.org/2018/03/07/mon-texas-a-moi/
  4. https://www.youtube.com/watch?v=ZSYN7GF_ll0
  5. https://www.texastribune.org/2023/12/19/texas-2023-population-growth-census/
  6. https://www.youtube.com/watch?v=aTfwqvNuk44
  7. https://www.tf1info.fr/environnement-ecologie/secheresse-la-production-hydroelectrique-deja-menacee-en-france-2249292.html
  8. https://www.energy.gov/femp/hail-damage-mitigation-solar-photovoltaic-systems
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26 Comments
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Martine Lagarrigue
9 mois il y a

Bonjour, article très intéressant et surtout logique. Ce genre de discours devrait être tenu par tous. Après quelles sont les solutions envisageables ?

9 mois il y a

Qui parle de l’énergie de la mer, qui vient du solaire directement ou par l’intermédiaire des vents.
Désolé d’introduire un gros mot ici mais le seul c’est Mélenchon. J’aimerai bien qu’on critique cela: est ce aussi bon que çà en a l’air? Pourquoi ce silence? CC

Jean-Marc Naudy
9 mois il y a

Merci beaucoup pour vos courriers toujours instructifs et pédagogiques.
J’ai lu quelques commentaires qui permettent de constater déjà une forte hétérogénéité des points de vue..; Cela ne facilitera donc pas la prise de décisions fortes et cohérentes si on doit prendre en compte les positions des citoyens. Nous manquons surtout de structures pouvant organiser de vrais débats citoyens dont les conclusions pourraient être réellement prises en compte (un peu dans l’idée de la Convention Citoyenne sur le Climat, mais sans la parodie qui s’en est suivie : mesures ignorées ou dénaturées par le pouvoir en place… dont les intérêts semblent coïncider curieusement trop souvent avec ceux des grandes sociétés…

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