Un modèle à bout de souffle
Après 70 ans de ce régime productiviste à outrance, la terre de France n’en peut plus.
Les sols se sont appauvris et la croissance des rendements n’est plus au rendez-vous. Ils stagnent depuis les années 9010.
Les sols demandent toujours plus d’engrais, toujours plus de pesticides, si bien que le coût de la production augmente.
Le modèle français n’est plus rentable.
L’absence de stocks stratégiques
Dans les années 70, au moment où la France est entrée dans une phase de surproduction agricole destinée à l’exportation, l’Etat régulait les marchés agricoles par les stocks4.
Cela avait un coût mais permettait de garder des réserves alimentaires disponibles en cas de crise.
Au fil des années, cette politique a été abandonnée.
Il n’y a plus désormais de stocks stratégiques. Seuls les stocks des coopératives et entreprises de l’agroalimentaires sont encore disponibles. Ils semblent avoir été suffisants pour faire face à la crise actuelle.
Néanmoins, il serait peut-être temps que l’Etat français s’intéresse à nouveau à la gestion de stocks stratégiques pour la nation. Dans une époque aussi incertaine qu’est devenue la nôtre, cela semble devenu absolument nécessaire.
Le manque de main d’oeuvre
Le coronavirus et le confinement ont également eu une autre conséquence. Les frontières ayant été fermées, les agriculteurs ont manqué de main d’oeuvre.
Habituellement, des travailleurs saisonniers venus d’Espagne, du Maghreb ou de Roumanie viennent prêter main forte aux agriculteurs, notamment pour les récoltes ou la taille des arbres4.
Cette année, le Ministre de l’Agriculture a lancé un appel à la population pour que de la main d’oeuvre locale remplace les saisonniers étrangers. Et cette démarche a rencontré un grand succès. De nombreuses personnes se sont portées volontaires.
Hélas peu de contrats ont été signés, le travail étant très physique. Les agriculteurs seraient encore à la peine pour pouvoir faire toutes leurs récoltes11.
Il faut tirer deux grandes conclusions de ce qui s’est passé :
- le système actuel repose sur une forme de “dumping social” par lequel on importe de nombreux travailleurs alors qu’il existe en France un fort taux de chômage ;
- près de 300 000 emplois pourraient être créés de façon pérenne dans le domaine agricole.
Les engagements internationaux de la France
Le Président Macron, que l’on ne peut soupçonner de souverainisme, a lui-même déclaré que “déléguer notre alimentation à d’autres est une folie” lorsque la crise du coronavirus a éclaté12.
Est-il pourtant possible de revenir en arrière ?
Depuis 1945, la France s’est engagée dans de nombreux traités de libre échange auxquels ont été intégrés les produits agricoles.
C’est le cas de la politique agricole commune, de négociations avec l’organisation mondiale du commerce, des accords CETA avec le Canada, ou du Mercosur avec l’Amérique du Sud.
Ces accords font des produits agricoles des marchandises comme les autres.
Sortir de ces accords ou en limiter la portée ne se fera pas sans une réelle volonté politique.
Mais il n’est pas impossible que d’autres pays soient favorables à cette évolution.
Aux Etats-Unis, le gouvernement a acheté pour plusieurs milliards de produits agricoles en surproduction pour les livrer aux banques alimentaires13.
Libérer les semences… et les agriculteurs !
Retrouver la souveraineté alimentaire, c’est aussi desserrer l’emprise des lobbies agrochimiques et agroalimentaires sur le monde agricole.
La première chose à faire serait de libérer les semences.
Aujourd’hui, seules les semences inscrites au catalogue sont autorisées à la vente en France14.
Le catalogue est une liste de variétés de plantes que les agriculteurs ont le droit de cultiver. Il a été mis en place dans les années 30.
Cependant, les contraintes sont telles pour inscrire une variété dans ce dispositif que seuls les grands groupes comme Monsanto Dupont ou Dow Chemical y parviennent14.
Les semences traditionnelles ou artisanales sont exclues du système. Les agriculteurs ne peuvent, ni les acheter, ni les vendre.
De même, il n’est pas possible pour un agriculteur d’utiliser ses propres semences, ce qui a été la base de l’agriculture depuis que l’agriculture existe !
Autonomie des agriculteurs et autonomie alimentaire vont de pair !
Changer de modèle d’agriculture pour que les paysans puissent vivre décemment
Les agriculteurs conventionnels sont pris dans un engrenage infernal.
Tous les ans, ils doivent acheter des semences, des engrais et des pesticides pour produire les denrées que la politique agricole commune leur demande.
Pour cela ils s’endettent.
Ensuite, ils revendent leur production. Cela leur permet de rembourser leurs emprunts, parfois d’investir pour l’année suivante. Mais l’équilibre est toujours fragile.
Et l’amertume guette.
Car la grande distribution ou les entreprises agroalimentaires revendent leur production beaucoup plus cher après l’avoir transformée ou simplement stockée pour la revendre au prix fort du marché. C’est de la spéculation. Et cela crée une tension sur toute la filière.
Vers l’agroécologie ou la permaculture
A l’inverse, l’agriculture biologique propose un modèle beaucoup plus vertueux.
Économiquement d’abord, car les paysans n’ont pas besoin de commencer par investir massivement pour cultiver15.
S’ils achètent des semences, il n’ont pas besoin d’intrants et de pesticides chimiques.
Ils ne pratiquent pas la monoculture, si bien que leurs cultures sont moins malades et plus complémentaires entre elles16.
Il leur faut beaucoup moins d’eau car ils choisissent leurs cultures en fonction de leur terrain et ils pratiquent le paillage et la culture en buttes17.
Leurs produits sont de meilleure qualité et labellisés comme tels, ce qui leur permet de les vendre à un meilleur prix et ce qui peut, dans certains cas, compenser la petite taille de leur exploitation18.
Voilà pourquoi beaucoup de paysans préfèrent s’installer en agriculture biologique. Cela coûte moins cher au départ, et c’est potentiellement plus rentable.
Toutefois pour ceux qui sont en conventionnel, passer au bio n’est pas toujours évident. Cela peut impliquer une baisse de rendement dans un premier temps, d’autant qu’il faut plusieurs années de culture biologique avant de pouvoir obtenir un sol de qualité7.
Une agriculture plus écologique
Le bénéfice écologique est encore plus évident.
L’agriculture biologique, notamment en permaculture, ne pollue pas, respecte les écosystèmes, les rivières, l’air et les paysans.
Ces derniers ne risquent pas leur santé en cultivant la terre.
Par ailleurs, ils rendent des services environnementaux essentiels parce qu’ils :
- replantent des haies qui captent le CO2, gardent l’eau dans la terre et facilitent la biodiversité ;
- favorisent la diversité des cultures ;
- développent le retour aux variétés anciennes de légumes, voire de races d’élevage anciennes ;
- évitent l’épuisement des sols grâce aux pluricultures.
Toutes ces actions leur confèrent une liberté d’action et une responsabilité qui donnent un sens profond à leur travail.
Ils nourrissent les hommes et ils soignent la terre. Ils sont rémunérés pour le premier service rendu, quand va-t-on enfin payer le deuxième ?
La crise sanitaire actuelle montre les défis de l’agriculture moderne.
En France, elle a montré que nous étions devenus dépendants de l’étranger pour de nombreux produits.
Aux Etats-Unis, où des millions de litres de lait ont été jetés pour maintenir les cours d’un marché réduit par la fermeture des frontières, elle a montré son absurdité.
Il est temps que cela change.
Nous avons besoin d’un mouvement mondial pour un retour vers le local.
Et pour cela je vous propose de signer la pétition ci-dessous.
Retrouvons notre souveraineté alimentaire !
Solidairement,
Julien
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