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agriculture-urbaine

Serez-vous nourri demain grâce à l’agriculture urbaine ?

L’histoire du peuplement de la ville de Détroit sur les 220 dernières années est assez incroyable.

En 2020, cette ville est en train de devenir une véritable ferme urbaine géante !

Plus de 1600 micro exploitations agricoles ou jardins communautaires y prospèrent.

Ce sont des fermes, des serres, des jardins, des projets éducatifs, etc.

Ces paysans urbains travaillent en permaculture ou en agriculture biologique.

De nombreux habitants de Détroit sont désormais investis dans ces projets et la ville en fait même une attraction touristique !

Pour comprendre comment on en est arrivé là, il faut regarder l’histoire de la ville.

Un gros village français

Détroit a été fondée en 1701 par un français : Antoine de la Mothe Cadillac.

Il a appelé le site “Fort Pontchartrain du Détroit”.

Et en effet, la ville est située au bord d’un détroit entre le lac Érié et le lac Huron.

Mais les anglais s’en emparent avec l’aide des iroquois lors de la guerre de 7 ans qui met un terme à la présence française dans le nouveau monde (même si le Québec reste francophone).

Le village devient simplement : “Détroit”.

Il compte 1500 habitants en 1800, qui sont des descendants de français, d’anglais, d’amérindiens et de noirs américains.

L’aventure industrielle

Après l’indépendance des Etats-Unis, Détroit est à la frontière entre l’influence anglaise, indienne et américaine.

Elle finit par être sécurisée par les américains en 1813. Un maire est nommé, un plan établi et les premières infrastructures voient le jour.

Les événements s’enchaînent : les guerres avec les anglais, puis les indiens, la guerre civile, l’arrivée du chemin de fer, le développement du transport maritime sur les grands lacs et Détroit devient à la fin du XIXe siècle une ville qui compte.

Différentes communautés se sont installées dans la ville. Sont venus des irlandais, des allemands, des polonais, des noirs américains, qui seront rejoints à partir de 1890 par des familles grecques et italiennes.

Se sont par ailleurs implantées différentes industries prospères, notamment la métallurgie et le tabac.

En 1900, Détroit s’étend sur 30 km² et compte près de 300 000 habitants.

L’industrie automobile investit alors la ville. Ford, General Motors et Chrysler, les grands constructeurs automobiles américains, y ont leurs sièges et de nombreuses usines.

La main-d’œuvre afflue : en 50 ans plus d’un million et demi de personnes s’installent à Détroit.

La ville compte 1 850 000 habitants en 1950, son plus haut historique !

La plupart des habitants travaillent pour l’industrie automobile.

Déclins, friches industrielles, pauvreté et violence

Le déclin de l’industrie automobile à Détroit s’amorce dès l’après-guerre.

Les conflits à répétition avec les syndicats, le choc pétrolier de 1973 et la concurrence accrue de l’industrie automobile japonaise et allemande font chuter les investissements à Détroit.

Le modèle change. Les usines sont construites ailleurs, dans la banlieue de Détroit ou plus loin. Les habitants partent et la ville décline graduellement.

Elle sombre dans la pauvreté, la violence et les tensions raciales.

Plus d’un million de personnes quittent la ville et 40 km² de terres sont laissés vacants et 400 000 maisons sont abandonnées ! (2)

Seule une maison sur 10 est restée habitée…

Détroit n’est plus qu’une vaste friche industrielle.

La ville ne compte plus que 670 000 habitants en 2020 !

Détroit devient alors l’une des villes les plus pauvres et les plus violentes des Etats-Unis.

Elle touche le fond en 2013 quand, la ville est déclarée en faillite. (3)

En effet, les vagues de départ de citoyens ont fait chuter les ressources fiscales de la ville qui ne s’en sort plus.

De nos jours, les trois quarts des français habitent en ville. Selon les Nations Unies, en 2050, près de 70% de la population mondiale sera citadine. Or, une ville comme Paris dispose tout au plus de 4 jours d’autonomie alimentaire.

Il est grand temps de sensibiliser les citadins au jardinage urbain ! La solution ? Créer des espaces partagés à cultiver au cœur de nos villes !

La révolution agricole en ville

Le déclin de Detroit a eu de grandes conséquences :

  • de nombreux lopins de terre se sont trouvés vacants ;
  • les citoyens n’avaient plus de quoi se nourrir, notamment en produits frais.

Les supermarchés ont disparu du centre ville ne laissant que des fast-food pour nourrir la population dont l’état de santé s’est rapidement dégradé. (5)

C’est ainsi que Détroit a pu être désignée comme étant un “food desert” ou désert de nourriture car l’essentiel de la nourriture venait de l’extérieur.

Mais cela a changé aujourd’hui. La ville est désormais presque mieux connue pour ses micro fermes urbaines que pour son passé industriel !

S’il reste de nombreux défis à relever pour la ville (drogue, pauvreté, gangs), les investissements et les habitants, notamment les étudiants, commencent à revenir. (6)

Tout est parti du quartier Brightmoor, une zone de trafics et de délinquance où une poignée d’habitants ont décidé d’utiliser les espaces laissés vacants par les maisons démolies pour y faire du jardinage et de l’agriculture.

Ils ont créé plusieurs associations, notamment “the greening of Detroit” et “Keep Growing Detroit”.

La création d’un réseau de paysans urbains

Les premiers projets sont résolument tournés vers la solidarité. Les fruits et légumes produits sont à disposition de tous gratuitement.

Petit à petit, des familles ont commencé à faire du maraîchage pour elles-mêmes.

Rapidement, elles se sont retrouvées avec un surplus.

Elles se sont mises à écouler leurs produits dans les marchés bio.

Et le mouvement a pris. Le “Eastern market” ou “marché de l’Est” est ainsi devenu le rendez-vous des permaculteurs et de leurs clients.

Les jardins communautaires se sont multipliés, redonnant de la nourriture de qualité et de la fierté aux habitants de ces quartiers.

D’autres projets ont vu le jour comme le Michigan Urban Farming Initiative ou AgriHood. (7,8)

Et en Europe ?

L’histoire de Détroit est très particulière.

Elle a donné des idées ailleurs aux Etats-Unis, dont les villes sont très étendues.

En Europe peu de villes ont connu une telle croissance et un tel déclin en si peu de temps !

Toutefois, les initiatives de Détroit et d’ailleurs ont donné de nombreuses idées aux européens.

Le mouvement “incroyables comestibles”, parti du Royaume Uni, connaît en France et en Belgique un grand succès. (9)

Dans presque toutes les villes de France, des projets se sont implantés.

Pour l’instant, ces projets ne permettent pas de nourrir les populations contrairement à Détroit où la part de surface cultivée est plus importante.

Mais ils permettent de créer un mouvement et une prise de conscience que les autorités suivent de près.

Compte tenu de la densité de population dans beaucoup de villes européennes, il est possible que l’agriculture périurbaine se développe plus que les fermes en ville.

L’avenir le dira !

Solidairement,

Julien

 

P.S. : Cliquez ici pour partager la pétition « Faisons de nos villes des potagers à ciel ouvert ! ».

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Il est grand temps de sensibiliser les citadins au jardinage urbain ! La solution ? Créer des espaces partagés à cultiver au cœur de nos villes !

Partagez-nous vos idées et vos textes de pétition en cliquant ici.

Pourquoi créer une pétition ?

Il est important et nécessaire que les opinions et valeurs des citoyens soient prises en compte en permanence et pas uniquement au moment des échéances électorales.

Une pétition est un moyen d’action efficace, pour que les citoyens reprennent le pouvoir sur les combats qui leur semblent justes.

Vous aussi, prenez part à la mobilisation citoyenne !

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9 Comments
Commentaires en ligne
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susan
2 années il y a

Je trouve cela génial et cela permettrait à beaucoup de citadins de se rendre compte ce qu’est la culture et ne plus acheter n’importe quoi et vouloir acheter toujours moins cher

Didille
2 années il y a

Bonjour à tous
Je suis très heureuse que des personnes unies puissent relever cette ville de DÉTROIT
La base d une famille est l amour mais la nourriture y joue un rôle très important de survie …De partages !
Oui entièrement d’accord de ce projet
Même 1 m2 de terre peux être utilisé
Et puis …remettons à notre Chère Terre ce que nous lui prenons !!!

Biomes
2 années il y a

Chouette article. C’est un exemple optimiste pour tous ceux qui comme moi pensent aux avantages environnementaux de toute baisse démographique. (Cela dit, je ne me réjouis pas pour tous les chômeurs qui ont dû quitter la région).
Il faut se servir de tout prétexte à connotation utopique comme l’exemple de Détroit, pour faire avancer les choses.

Pipa
2 années il y a

D’une part je vois pas en quoi signer un pétition pour cela va servir à grand chose. Les gouvernements n’ont pas pour mission de nous rendre indépendants mais au contraire de nous asservir. Techniquement parlant, certains pensent que l’on peut pas nourrir toute une ville comme cela…. je ne sais pas répondre à cette question. Ce qui est sur c’est que nous vivons dans un rythme qui nous fait manger au delà de nos besoins. Nous avons perdu la phase avec la terre. L’initiative personnelle sera la seule manière de survivre et seulement ceux qui sont destinés à le faire pourront le faire. Nous ne sommes que partiellement maitre de notre destinée. Chouette article cependant, sujet passionnant.

Bourguet Nicole
2 années il y a

Bonjour, J’ai connaître l’impact de la pollution urbaine sur la qualité de ces légumes ? Cela me semble incompatible ?!…

2 années il y a

Bonjour,

comme je l’ai expliqué dans un article de Silence (n°378, avril 2010), l’agriculture urbaine est un mythe : tout au plus pouvons-nous cultiver une partie de nos légumes… un peu de fruits, mais pas grand chose d’autres (on mange aussi des céréales, de la viande…). Dans l’article, j’avais fait le calcul de la production possible en tenant compte de toutes les surfaces disponibles : en cultivant sur tous les toits, toutes les rues, tous les espaces verts, j’ai estimé que l’on pouvait atteindre 30 % de surfaces cultivables. Résultat : pour Lyon, on arrivait à nourrir 10 % de la population ! Moins à Paris. Seule la ville d’Arles dépasse les 100 % car la Camargue est essentiellement sur la commune d’Arles !

Et comme nous ne renoncerons pas aux rues, qu’il faut mieux mettre des capteurs solaires sur les toits, cela ne sera pas possible.

Donc il s’agit d’une énorme farce (pour être poli !).

L’agriculture urbaine, c’est bien pour le côté pédagogique, apprendre aux enfants, mais aussi aux adultes comment poussent les plantes… mais cela ne nourrira pas.

Et à Détroit, seule une petite minorité de personnes produit sa nourriture… et s’intoxique car les sols sont pollués.

Bonne journée
Michel Bernard
(à l’origine, ingénieur agricole)
revuesilence.net

Francis
2 années il y a

Evidemment il est préférable que chacun se fasse un jardin bio (c’est mon cas) plutôt qu’une grande pelouse tondue avec un petit tracteur (c’est moins fatiguant d’être assis dessus que de marcher derrière une tondeuse classique). Mais attention aux friches industrielles, il faut vérifier que le sol n’a pas été pollué dans le passé, même lointain, par des métaux lourds, radioactifs ou des substances chimiques de toutes sortes !

P SONREL
2 années il y a

Les villes françaises n’ont rien à voir avec la configuration de Détroit, ou il y a toujours eu beaucoup de place et qui est devenue un désert avec ruines et espaces libres ouverts.
Une « agriculture urbaine » à la française est tout au plus susceptible de se faire plaisir avec quelques plants de tomates et de faire caqueter des bobos. Voyez les « jardins » le long de l’ex chemin de fer de petite ceinture (qu’il aurait mieux valu remettre en route plutôt que construire un tram très couteux, techniquement très compliqué, qui a nécessité d’étayer les immeubles sur 100 mètres de chaque côté, et dont le seul avantage est: « voyez je fais quelque chose -votez pour moi »)

cancianim
2 années il y a
Répondre à  P SONREL

C'(est une totale utopie que de croire qu’on peut nourrir la population terrestre à partir des villes comme à Détroit? Au mieux,on peut arriver à produire 10 % des besoins mais pas plus car il faut bcp d’espace pour produire du blé pour le pain et les pâtes et de l’huile pour cuire les aliments qu’on ne peut pas faire en ville…CM

Pourquoi créer une pétition ?

Il est important et nécessaire que les opinions et valeurs des citoyens soient prises en compte en permanence et pas uniquement au moment des échéances électorales.

Une pétition est un moyen d’action efficace, pour que les citoyens reprennent le pouvoir sur les combats qui leur semblent justes.

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