La bonne nouvelle, c’est que ces changements sont possibles
Dans le monde, le développement rapide de la permaculture ou agroécologie, ou simplement de l’agriculture biologique a permis de démontrer, en quelques décennies, qu’il était possible d’être très productif sur de petites surfaces comme sur de grandes surfaces.
Cette productivité exceptionnelle se fait sans intrants.
Cela veut dire que :
- les semences viennent des paysans eux-mêmes et non des semenciers industriels qui proposent des semences hybrides non reproductibles.
- les engrais ne sont pas nécessaires. Les paysans enrichissent leur sols grâce à un paillage généreux et parfois l’ajout d’un compost local.
- les pesticides sont inutiles. Les associations de plantes qui se protègent mutuellement et la présence de toute la chaîne alimentaire des prédateurs d’insectes et d’organismes vivants assure un bon équilibre général de l’écosystème. Les récoltes ne sont que légèrement touchées. Elles sont par ailleurs plus résistantes aux maladies.
- la consommation d’eau est limitée, voire inexistante. Le travail régulier sur le sol qui n’est pas retourné mais paillé, nourri au compost, et éventuellement décompacté permet à l’eau d’y rester. C’est un sol riche, vivant et protégé.
La force des projets pionniers
Il y a encore 30 ans, parler d’agriculture biologique faisait sourire. Et personne ou presque ne connaissait la permaculture.
Le mouvement prend de l’ampleur aujourd’hui parce que ceux qui l’ont initiée étaient crédibles.
Leurs projets, isolés au départ, ont tenu bon et ont fait des émules.
Permettez-moi de citer quelques-uns de ces projets emblématiques dont on dira dans quelques décennies qu’ils auront contribué à changer la face du monde.
“La révolution d’un seul brin de paille”
Masanobu Fukuoka était un microbiologiste japonais, décédé il y a quelques années à l’âge de 95 ans.
Toute sa vie, il a défendu l’agriculture naturelle.
Il a commencé par transformer la ferme familiale selon ses convictions, avant qu’elle ne devienne un lieu de référence et d’inspiration, dans les années 80, pour tous les passionnés d’agriculture bio.
Il est l’un des premiers à avoir fait connaître au monde entier l’importance du paillage et de la protection des sols.
Il a été une source d’inspiration cruciale pour Bill Mollison et David Holmgren, les fondateurs et premiers promoteurs de la permaculture.
Il a exposé ses idées dans le livre “La Révolution d’un seul brin de paille”, publié en 1975 au Japon, puis traduit en français6.
La ferme Sainte Marthe : vive les semences libres !
Fils de paysans engagés dans l’aventure de l’agriculture biologique dès 1969, Philippe Desbrosses crée en 1974 au sein de la ferme familiale en Sologne un conservatoire des semences de variétés anciennes.
Il a par ailleurs participé à l’implantation réussie du potimarron en France.
Cette courge avait été développée au Japon sur l’île d’Hokkaido après avoir été introduite par des Portugais en provenance du Pérou…
Le travail mené à la ferme de Sainte Marthe sur les semences aura été essentiel pour permettre aux particuliers de continuer à accéder à des variétés anciennes de fruits et légumes7.
Cultiver les déserts et les coeurs : les prophéties de Pierre Rabhi
Quand dans les années 60, Pierre Rabhi s’installe avec sa femme sur un sol caillouteux d’Ardèche, les banques ne veulent pas lui prêter d’argent pour son projet de ferme naturelle8.
Personne n’y croit.
50 ans plus tard, son jardin et la parole de Pierre Rabhi sont connus du monde entier.
En travaillant le sol, enrichi grâce à des apports de matières organiques, il a fait de son domaine une oasis fertile.
Il a partagé son savoir-faire avec de nombreux paysans dans le monde. Dans les années 80, il s’est beaucoup investi dans le Sahel où il a réussi, avec les paysans locaux, à faire reculer le désert.
Durant toutes ces années, Pierre Rabhi n’a cessé d’exhorter ses semblables à aller vers ce qu’il appelle la sobriété heureuse : une vie frugale connectée avec la nature.
Le Bec Hellouin : le beau, le bon et l’abondance
C’est plus un jardin qu’une ferme, explique Cyril Dion, dans son livre, tiré du film Demain.
Il ajoute :
“Les différents espaces de culture sont aménagés avec de multitudes de formes et de couleurs, certains en rangs, d’autres en cercles, des mares y côtoient des prairies, des jardins mandalas, une serre et un petit bout de forêt” 9
Le tout est cultivé sur 4,2 hectares, dont Charles et Perrine Hervé-Gruyer ont pensé chaque millimètre.
Là aussi une attention particulière est accordée au sol, densément cultivé et paillé systématiquement avec des roseaux, des copeaux de bois, etc.
Mais la ferme du Bec Hellouin c’est aussi un lieu de formation et de recherche.
Depuis des années, les journées de présentation de la permaculture proposées à la ferme affichent complet10.
Et en 2011, un partenariat avec l’INRA et AgroParisTech est signé afin de mener une étude sur les pratiques mises en oeuvre au sein de la ferme.
En 2015, les résultats finaux sont rendus publics.
Ils démontrent qu’il est possible de créer une activité durable et décemment rémunérée sur 1000 mètres carrés !
Lors de la 3ème année de l’étude, il a été possible de dégager un chiffre d’affaires annuel de 56 000 euros, ce qui aurait permis de dégager un salaire mensuel net de 2000 euros par mois9.
En France, certains agriculteurs conventionnels ne touchent pas plus de 500 euros par mois…
Butter en gardant l’esprit ouvert !
Philip Forrer est un britannique installé dans l’Aude. Il cultive un espace de 600m2 à 620 mètres d’altitude11.
Son “jardin du Graal”, comme il l’appelle, est d’une extraordinaire productivité.
Y poussent des fruits d’une taille exceptionnelle : des radis et des betteraves de 5 kg, des choux de 40 cm de diamètre et des pommes de terre de plus de 500 g11 !
L’espace est luxuriant et le jardinier peut récolter des denrées toute l’année.
Le secret de cette réussite, vient notamment de la technique de buttes développée par Philip Forrer.
Au fond d’un creux, il pose du broyat de bois : bûches, branches, écorces… sur lequel il ajoute de l’herbe pour boucher les trous, avant de remettre de la terre, de pailler abondamment et de planter ses graines.
Si faire la butte lui prend un peu de temps, le reste est simple : il suffit de semer et de laisser la nature travailler.
Evidemment, la technique de Philip a surpris plus d’un permaculteur car, en général, il n’est pas conseillé de mettre de matière organique sous la terre.
Et pourtant ! Personne ne peut nier l’étonnant succès du jardin du Graal12 !
Extension du domaine de la permaculture !
En France et dans le monde, les exemples de projets réussis en permaculture ne manquent pas.
Et les mêmes histoires se répètent : ceux qui nourrissent leur sol, prennent le temps de “penser” leur ferme ou le jardin en permaculture et qui adaptent leurs techniques et leurs choix de cultures à leur terrain obtiennent d’incroyables rendements.
En Australie, un couple fait pousser plus de 450 kg de fruits et légumes par an dans son jardin d’un peu plus de 100 mètres carrés : 8 mètres sur 1213 !
Dans le même pays, la maison de David Holmgren est située sur un terrain d’un hectare dans une zone pavillonnaire d’une petite ville de l’Etat de Victoria. Avec son épouse, ils ont bâti leur maison et conçu leur jardin de manière à être intégralement autonomes sur le plan alimentaire et énergétique14 !
Mais l’agriculture biologique n’est pas qu’une histoire de micro-fermes
En Normandie, Thierry Hazard créé une ferme de 6 hectares destinée à la permaculture en 201715.
A Brétigny sur Orge, une grande ferme appelée Sésame prévoit de réunir 13 agriculteurs qui cultiveront 61 hectares. Il s’agit de l’ancienne base aérienne reconvertie en terres agricoles16.
L’agriculture biologique en France représentait en 2018 plus de 7,5% de la surface agricole utile, soit 17% de plus que l’année précédente17.
En 2010, l’agriculture bio ne représente que 3% de la surface agricole utile18.
Le mouvement est enclenché.
Seuls les responsables politiques semblent encore à la traîne.
Il ne fait aucun doute que si tout le monde encourage ce mouvement, plus personne ne pensera que nourrir 9 milliards d’habitants avec des cultures bio et locales est impossible.
Pour aider le monde politique à prendre la mesure de ce qui est en train de se jouer, une pétition citoyenne a été lancée, que je vous propose de signer ici.
Solidairement,
Julien
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L’autonomie pour le maximum de productions est une sécurité pour chacun des peuples et éviterait que l’on aille piller le voisin ou faire faire le tour de la planèteà un produit que l’on peut fabriquer ou faire pousser sur place ..La gestion de l’eau est au coeur du problème ,
faire venir des avocats du Pérou en privant ces populations d’eau est un vol et un péril à court terme
Il est urgent de montrer que l’on peut nourrir la planète avec des modes d’agriculture alliant la nature ;EN -retrouvant les anciennes semences adaptées au sol et plus résistantes-boisant pour abaisser la température et abriter les animaux qui se nourrissent des insectes et chenilles-en associant les cultures qui se défendent mutuellement -en STOPPANT les pesticides,pour retrouver des sols vivants vers de terre..qui aèrent le sol et permettent l’écoulement des eaux de pluie sans raviner.
Bonjour Julien, bien sûr je suis favorable à l’autonomie alimentaire de chaque pays et de la France en particulier. Mais selon moi il est impossible de transformer notre agriculture sans transformer aussi notre alimentation qui fait de la viande notre priorité. Gardons à l’esprit que pour 1 kilo de viande bovine il faut 16 kilos de fourrage et 15 000 litres d’eau !
Amender nos pratiques agricoles oui mais pas sans changer dans le même temps nos habitudes alimentaires dispendieuses autant que peu saines.
Et nous devons le rappeler jusqu’à obtention de ce changement indispensable pour la survie humaine.
En outre, cela fait des années qu’on demande aux particuliers de faire des économies d’eau, alors que la consommation domestique d’eau représente moins de 10 % de la consommation générale ! L’industrie et l’agriculture industrielle et intensive (l’élevage animal) consomment plus de 90% des ressources en eau de la planète !!!
IL EST URGENT QUE CELA CHANGE !
Merci pour vos liens et vos pétitions, ne lâchons rien, continuons inlassablement à réclamer les changements indispensables à la survie et la santé de la planète et de ses habitants, hommes et bêtes, plantes, arbres et fleurs, TOUTE VIE.
Je suis avec vous à 100% pour 100%.C’est mon ambition de developper l’agricuture bio au nord de la republique de Guinée Conakry.
Père Bidiar Tama Sébastien, prêtre de l’Archidiocèse de Conakry
Bonjour,
merci pour votre message et pétition tout à fait pertinents. Il pourrait être utile de mentionner l’étude réalisée il y a quelques années par Olivier de Schutter, rapporteur pour le fonds mondial pour l’alimentation qui a fait la preuve que l’agroécologie pouvait nourrir toute la planète. La crainte du public ou les messages des refractaires à une approche locale et biologique est de prétendre qu’il n’est pas possible de nourrir toute la planète. On reste dans l’idée que les agricultures occidentales sont un modèle et doivent nourrir toute la planète !
Je suis pour une alimentation BIO, je boycotte l’industriel, pour des raisons sanitaires, de santé, environnementales, et pour la cause animale !
Souveraineté alimentaire pour chaque peuple !
Je signe des deux mains si le mot « France » est remplacé par « Union Européenne ». Et je suis prêt à défendre cette idée dans un débat
Il est évident qu’aucun pays ne devrait s’appauvrir en exportant toutes ses richesses … chacun devrait être à peu près autonome et n’exporter que les surplus ..mais c’est une utopie … la plupart des pays se moquent totalement des autres !!! leur seule valeur est malheureusement l’argent !!!! si l’argent était supprimé ce serait une bonne chose…le troc suffirait …..et il n’y aura pas 9 milliards d’individus sur terre ! les maladies microbes virus ( et pas seulement le covid bien sûr dont on parle trop pour effrayer les gens et essayer de manipuler d’avantage ) et les guerres, se chargeront d’en éliminer comme toujours un grand nombre ….c’est la LOI de la NATURE … il y a un équilibre en général …..
Réagissons avant qu’il ne doit trop tard