Dans les années 80, la France disposait d’importants excédents alimentaires. (1)
Le pays exportait massivement et à bas prix certaines denrées comme les céréales, le sucre, le beurre, le lait en poudre et des viandes. (2,3)
Mais en 1984, les quotas laitiers ont mis fin aux excédents dans ce secteur. (4)
Cette tendance, s’est encore accentuée en 1999, avec l’obligation faite aux agriculteurs de mettre 10% de leurs terres en jachère. (5)
L’Union européenne est devenue déficitaire sur le plan alimentaire en 1995, puis est redevenue excédentaire en 2005.
Mais comme le fait remarquer Marc Dufumier, ingénieur agronome et auteur de l’excellent livre De la terre à l’assiette, si l’on prend en compte les produits de la mer, il n’y a plus d’excédent. (6)
Car dans ce domaine, l’UE importe plus de 60% de ses besoins ! (7)
Une dépendance connue depuis longtemps
Et l’ingénieur agronome a été visionnaire sur la question de la souveraineté alimentaire.
Dans son livre, paru en 2020, juste avant la crise sanitaire, il indique :
”Plus gênante, en revanche, est la dépendance céréalière de l’Europe vis-à-vis de pays comme l’Ukraine, qui représente plus de 25% de ses importations en blé. Le climat météorologique (et politique) de ce pays étant aléatoire, on peut craindre que cela pose un jour de sérieux problèmes à l’Europe, par exemple, en cas d’accident climatique et de pénurie momentanée dans ce pays.“
Il ajoute :
“En 2010 et en 2011, on a déjà subi ce phénomène avec la Russie qui, pour éviter une hausse immodérée des prix sur son marché intérieur, n’a pas hésité à mettre un embargo sur ses exportations de blé”.
Un secteur ultra dépendant au soja du Brésil
La dépendance de l’UE à l’égard de pays tiers ne s’arrête pas là. Dans le domaine de l’élevage, elle est encore plus flagrante.
90% du soja consommé au sein de l’Union européenne vient d’Amérique Latine. (8)
Les tourteaux de soja servent à faire des graines pour nourrir les bêtes.
Et ces cultures sont souvent OGM. (9)
Elles servent à nourrir la viande que vous consommez tous les jours !
Sauf que la plupart des consommateurs européens n’en n’ont aucune idée en l’absence totale d’étiquetage sur le sujet.
Si demain, pour une raison X ou Y, il devait y avoir un embargo sur ces importations, de nombreux animaux d’élevage mourraient de faim.
Le problème est évidemment plus marqué en hiver puisque l’été une partie des ruminants se retrouvent tout de même dans les pâturages.
Cela dit, cette situation ne concerne pas que le grand bétail.
Les élevages de porcs et les volailles sont aussi très dépendant des importations de soja et de maïs. (10)
En fait la fin de votre article sur l’autosuffisance est toute à fait intéressante; en Aunis les cultures maraichères ne fournissent que 4% des besoins et les cultures céréalières polluent l’air et les captages. Il fait changer de modèle et sans attendre;
Le Vérinois
Et si nous commencions par consommer moins de viande ? Cela permettrait de réduire notre dépendance alimentaire et nos émissions de gaz à effet de serre. Et de revenir à des modes d’élevage moins intensifs, donc plus respectueux du bien être des animaux. Et pour cela nul besoin d’attendre que le gouvernement prenne des décisions, il suffit juste de consommer autrement
De toutes façons la mondialisation n’a jamais été « heureuse » pour tout le monde, en particulier pour les filières africaines avicoles anéanties par les importations de poulets français bas de gamme.Et ce que vous appelez des « échanges entre les pays »recouvre une réalité souvent sordide.
Le temps de la mondialisation heureuse est achevé.<– Ah ? Parce que ça a existé ? Je devais être sur Mars à ce moment là.
Extrêmement clair et intéressant pour un ex-citadin
Un point essentiel à rajouter dans vos propositions: diminuer voire arrêter la consommation de produits animales! C’est la solution la plus efficace, rapide, élégante contre l’agro-industrie et la dépendance. La protéine pas chère est à l’origine de grand part de nos problèmes écologiques!!
Sauf que certains produits animaux contiennent des molécules qu’il n’y a nulle part ailleurs et que notre organisme ne sait pas synthétiser. Donc il faut réduire drastiquement la consommation de produits animaux (et encore, faire la différence entre consommer un steak de 200 g et deux oeufs), mais pas s’en passer complètement. Ceux qui le font sont obligés de supplémenter (et d’où viennent ces suppléments ?).
Alors vous êtes mal renseignée. Je ne consomme pour ainsi dire aucun produit animal depuis des années (sauf quelques oeufs des poules de mes voisins), je fais du sport tous les jours, et je vais très bien, sans supplémentation alimentaire
L’élevage = la préservation des prairies et de toute leur biodiversité sauvage, animale et végétale, et si variable selon les milieux (types de sol, milieux humides/secs, etc.).
Biodiversité d’ailleurs régulièrement aussi en lien avec le bétail.
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Supprimer l’élevage et détruire ces prairies et leur biodiversité[!!]… ne mettrait aucunement fin à une dépendance sciemment organisée par le commerce et la finance internationales, c’est une pure illusion. Il suffit de voir d’où vient ce qu’on mange actuellement.
Quant à trouver « élégante » la solution des monocultures… Et surtout ne pas se faire d’illusions, la mentalité est telle de nos jours (et la spéculation sur les terres) que les surfaces récupérées ne se verraient pas attribuées à des réserves naturelles.
(Et les agrocarburants, juste un exemple, le sucre qu’on met absolument partout même là où il ne devrait pas être, la surproduction pour les exportations à gogo ..),
Plutôt qu’une solution illusoire et simpliste, que le marketing* nous assène, il faut exiger de revoir entièrement le rôle et les pratiques de toute[!] l’agriculture, végétale ET animale, et lui rendre son rôle normal plutôt que celui d’industrie, commerce, finance et spéculation.
Et pour ce qui est des aliments non produits ici (ex. cacao…), il faut exiger un commerce non seulement réellement** respectueux de l’environnement mais aussi un commerce équitable.
A faire aussi : manger raisonnablement et diversifié, avec un souci du respect du Vivant, sans ruée générale sur un produit soi-disant « miracle » ou l’autre par mode ou autre (voir la catastrophe des avocats).
*Marketing, même les produits soi-disant vegans qu’on nous vend sont trop souvent le fruit d’une agriculture délirante et toxique. D’ailleurs, quand on remonte la chaîne des entreprises productrices, on retombe régulièrement sur les mêmes grands groupes agro-alimentaires qui ne font que diversifier leurs produits et bénéfices.
On pourrait aussi <<s’amuser>> d’une propagande anti-élevage diffusée par certains acteurs politiques et économiques soi disant au nom de l’environnement… et de la totale non remise en question de la mode et des pratiques toxiques pour produire les textiles etc (CO2 etc jusque dans les méthodes agricoles, eau, produits toxiques…). Au contraire, en faisant de nouveaux logos et labels flous, soi disant « raisonnablement respectueux », ils font reculer tout le secteur du bio et des pratiques réellement plus correctes.
** « Réellement » respectueux…. ce n’est pas gagné en ces temps de faux vert, faux durable…
Mais oui, mais oui? Sauf que 90% des animaux d’élevage sont produits hors sol. Il faut arrêter avec ces arguments bucoliques et regarder les chiffres
Simple mais efficace
Je suis complètement d’accord !