À l’heure de la transition écologique, la question peut paraître saugrenue.
Mais passer du pétrole aux énergies renouvelables implique moins d’extraction pétrolière et plus d’extraction minière.
Car pour faire des batteries, des rotors d’éoliennes et des panneaux solaires, il faut des métaux, beaucoup de métaux et notamment des “terres rares”1.
Les plus grandes éoliennes nécessitent parfois jusqu’à une tonne de terres rares1 !
C’est considérable.
“Terres rares” de Chine et d’ailleurs
Or la Chine produit 71% des terres rares1.
Ces métaux, appelés lanthanides, sont surnommés “terres rares” parce qu’au XIXe siècle, lorsqu’on les a découverts, on pensait qu’il n’y en avait pas beaucoup.
En réalité, les réserves sont importantes mais concentrées sur certains territoires comme la Chine. Il y en aurait également en Russie, en Australie ou en Alaska.
Cela donne à la Chine une position ultra dominante sur le marché de ces métaux. Ainsi, elle assure les approvisionnements en batteries du monde entier, ce qui la rend incontournable pour tous les appareils électriques ou électroniques.
Maîtrisant le marché, les Chinois refusent de vendre des terres rares directement. Ils préfèrent vendre des batteries qui coûtent beaucoup plus cher. Aux Français, qui se plaignent, ils rétorquent “vous vendez bien du vin plutôt que du raisin”1.
Une nouvelle révolution industrielle et minière ?
Aucune révolution industrielle ou technologique ne s’est faite sans une maîtrise sûre des matières premières nécessaires à ce tournant.
L’Angleterre est devenue la première puissance économique du monde parce qu’elle disposait de réserves de charbon. Les Etats-Unis ont pris le relais lorsque le pétrole et l’électricité sont devenus les matrices de l’économie.
Aujourd’hui, le pétrole est toujours important mais les terres rares sont devenues une matière première ultra-stratégique.
L’Europe, cependant, n’en possède pas. Cela la condamne-t-elle à rester à la traîne ?
Pas nécessairement.
Cuivre, étain, zinc, magnésium ou… carbone ?
Pour l’Europe, cela passe sûrement par l’utilisation de matériaux de substitution.
Pour les éoliennes par exemple, il est possible de remplacer les terres rares par le cuivre1.
Des chercheurs ont par ailleurs démontré qu’il était possible de produire des composés à base de zinc, d’étain ou d’azote capables d’avoir les propriétés électroniques ou magnétiques des terres rares3.
Une autre piste consisterait à “nano-structurer” des particules contenant des éléments simples et largement disponibles comme le fer, le cobalt et le carbone. L’idée est de recréer des composés capables d’agir comme des aimants à la manière des terres rares4.
À terme, donc, il devrait être possible d’avoir recours à des matériaux de tous les jours pour construire les batteries, les téléphones, les rotors d’éoliennes, etc.
Pour les batteries de voitures, il a été démontré que l’on pouvait substituer au lithium, qui n’est pas une terre rare mais qui est polluant, du magnésium5. Ce métal est très abondant, même en France. En revanche son extraction est plutôt polluante…
Activité minière encadrée
Toutes ces solutions pourraient faire revenir des activités de minage en France et en Europe.
Evidemment ces projets comportent, par nature, des risques pour l’environnement.
C’est le risque de pollution de l’air et des eaux ou celui de perturber la faune et la flore.
Il est évident que de tels projets devraient être très encadrés, limités dans le temps et dans l’espace, et ciblés. Ils doivent incorporer, dès le départ, un projet pour réhabiliter l’espace après le temps d’extraction.
La France pourrait se spécialiser dans la création de petites “mines propres” dont le modèle pourrait s’exporter partout dans le monde.
Certains ingénieurs travaillent déjà sur le sujet et évoquent la notion de “projet de territoire” plutôt que de “projet minier”. Pour qu’une mine de magnésium, par exemple, ait du sens, le projet doit avoir été conçu en concertation avec la population et toute transparence6.
Cela permettrait d’avoir des lieux d’extraction locaux et maîtrisés.
C’est moins de transport, c’est moins de pollution extrême en Asie et c’est plus de savoir-faire en France. C’est aussi plus d’emploi et la relance d’une activité industrielle qui a besoin d’un renouveau.
En parallèle, la filière “recyclage des terres rares” pourrait aussi être développée. À condition toutefois que les terres rares soient un matériau pour demain. Ce n’est pas dit.
Economies d’énergie demandées
Pour être cohérent, le retour à des activités ciblées de minage devrait être accompagné de véritables efforts pour diminuer nos dépenses énergétiques.
En baissant la consommation générale d’électricité, on réduit le besoin de production.
Cela passe par :
- l’isolation des bâtiments : seuls 7% des bâtiments en France sont convenablement isolés !
- une meilleure maîtrise de l’éclairage : pourquoi ne pas avoir de temps morts lumineux entre 1h et 4h du matin dans les grandes villes par exemple.
- une meilleure utilisation de la chaleur produite par les activités humaines, à commencer par celle dégagée par les serveurs…
Transition économique et révolution numérique peuvent aller de pair, mais cela passera par notre capacité à faire des choix intelligents… et maîtrisés.
Au travail !
Julien
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Cette communication est intéressante. Elle rejoint une note de 4 pages qui a été publiée en deux articles sur la revue Internet « Info du Jour.fr » <http://view.robothumb.com/infodujour.fr/> Dans le cartouche de recherche (assez peu visible) à côté du titre Robothumb, taper LUBRANIECKI et cliquez sur le logo de recherche. Avec cette note, j’ai mis une note de lecture N° 5 : « 5 Voir, par exemple, du plastique biodégradable produit à partir de macro-algues par un procédé similaire :
<http://www.algopack.com/>, mais voir également les nombreuses pistes sur
<https://competitivite.gouv.fr/actualites-institutionnelles-109/production-et-valorisation-des-microalgues-une-strategie-francaise-en-marche-1899.html?cHash=46a51caab34cdd767885767ef8dc3806>
Une autre piste à étudier : faire des batteries à partir du carbone végétal comme celles faites avec du coton (Chercher « batterie coton »). Le CUC pourrait être un gisement énorme et peu cher pour ce carbone végétal. » Vous voyez le rappport immédiat avec la présente communication ? Ça peut-être énorme !… YL.
Bonjour
Très intéressant et surement une vraie vision du système économique de demain. Si seulement tout le monde voulait se projeter sur 50ans , il y aurait moins de dégât écologique et humain.
Bonne journée
J’ai trouvé cet article très clair et bien documenté. Je n’irai pas vérifier les différents arguments, mais c’est éminemment cohérent.
Je ne comprends pas le propos de manuel van thienen
Bien sûr que le capitalisme est en embuscade. Partout où il y a opportunité de profit, le capitalisme rôde. Mais il faut bien que l’espèce humaine survive (si possible en harmonie avec la nature et avec plus de solidarité entre les peuples et les classes sociales) et trouve des solutions. Moi, je suis un décroissant et « non consommateur » convaincu, mais la décroissance ne peut pas surgir du jour au lendemain… Il y a par ailleurs certains domaines du progrès scientifique et technologique (dans le domaine médical par exemple) qui ne sont pas à renier. Est-ce que manuel van thienen souhaite revenir à un monde agraire d’avant la révolution industrielle du 19ème siècle ? Pourquoi pas, mais il faut le dire et l’assumer.
Il faut à tout prix se libérer de la dépendance à la Chine étant donné le cauchemar que nous vivons actuellement à cause de ce qui se passe dans ce pays (émergence de virus dus à leurs marchés d’animaux).
Un très bel article, plein d’information, j’ai beaucoup appris, je garde tout cela en moi, Quand le moment pour moi sera venu d’agir, je serai informée. En attendant je prie cad je sais que nous sommes reliés dans l’invisible, et je dis merci à Julien, et à vous tous.
Bravo! Mais j’ai lu que les éoliennes sont des attrape nigauds dangereux, couteuses et polluantes à la fabrication et remplissent les poches de certains.
oui extrayons les ressources ici afin d’en faire bon usage pour tous.
Merci pour cet article très clair. La mise en pratique sera moins simple, dépendant de véritables volontés politiques de changement de société. » C’est pas gagné » …
Merci pour cet article qui pose très clairement la problématique, dont il ressort 2 choses à mettre en exergue et à analyser dans un prochain: 1) besoin absolu de réduire les besoins de production d’énergie TOUJOURS polluante, donc la consommation énergivore (et donc la pub!), 2) ce qui implique une restructuration des secteurs concernés pour créer de nouveaux emplois, en privilégiant des projets à l’échelle locale qui intègrent l’ensemble des facteurs à problème, notamment: conflits d’usage des terres y compris cohabitation avec la nature. Problème de fond sous-jacent: les besoins humains sont spatialement mal répartis (et on est trop nombreux!). On n’est pas sortis de l’auberge…
Je suis d’accord avec Manuel. Et le mieux serait sans doute de diminuer notre consommation , chacun, de vivre plus consciemment par rapport à cela et le reste ( alimentation etc );
J’ai appris il y a déjà qqs années, au risque d’en choquer qqs uns, que la nouvelle génération d’énergie nucléaire est bcp moins polluante, bcp plus sécurisée, ne serait-ce pas une alternative temporaire en attendant que les nouvelles énergies soient plus efficaces? Car même l’électrique pollue terriblement pour sa production ( batteries etc ). Rien n’est simple, mais ne soyons pas butés par rapport à nos idées sur le nucléaire nouvelle génération, plutôt que d’exploiter charbon et autres sources très polluantes. Bien sûr, le mieux reste la modération. Et l’isolation efficace de nos bâtiments . Nous sommes tellement gâtés que l’effort nous semble difficile.
Bonjour, avant de songer à massacrer de nouveaux territoires, menons plutôt des actions efficaces pour préserver l’existant. Le gouvernement actuel est en train de détruire la forêt domaniale française pour que quelques individus s’enrichissent au détriment de la collectivité. L’état remplace le personnel de l’ONF par des agents privés, on rase la forêt de feuillus pour planter des douglas en culture intensive avec emploi de produits toxiques pour la biodiversité, érosion des sols,…ect…
La technologie n’est pas ma tasse de thé J’adhère à votre discours et le fait de faire revenir chez nous l’industrie mais surtout très ENCADREE avec l’OBLIGATION pour l’exploitant de RHEABILITER l’espace et ne PAS LEUR DONNER L’AUTORISATION DE DETRUIRE des territoires naturels dédiés à la restauration de la biodiversité
Les lobbyistes ont leurs entrées au gouvernement Je suis méfiante… Et si les médias informaient inlassablement de la nécessité pour chacun d’économiser les énergies et commencer par les espaces publiques
Je l’ai déjà signalé sur les réseaux sociaux: ce systeme de pétition est « bloqué » en matière de dialogue. On devrait pouvoir dire pourquoi on ne signe pas, et éventuellement nuancer les réponses. Et pas seulement, je signe ou je ne signe pas.
merci Julien, texte honnête mais certains commentateurs plus écolos que logiques oublient que leur usage d’internet dépense et dépend des terres rares donc chercher des alternatives semble plutôt rationnel non ?
Malheureusement, le mal est déjà fait, l’Allemagne a franchi ce cap en autorisant l’exploitation de la lignite pour remplacer le nucléaire de ses centrales électriques, des villages entiers ont disparut de la surface de la terre pour cette stratégie absurde du 0 nucléaire.
Un vif merci pour cet article très bien conçu et instructif sur des données que je ne possédais pas encore !
En 2021 sera lancé sur le marché un moteur électromagnétique produisant beaucoup plus qu’il ne consomme (contrairement aux vieilles idées reçues, c’est tout à fait possible). Il sera aussi utilisé pour la production d’électricité via des auto-générateurs. Cela augmentera la production d’électricité en diminuant la consommation. 5moins de besoin d’électricité pour le même résultat) Il faudra donc augmenter le nombre de mines pour les terres rares mais nous pourrons stopper le charbon, l’uranium et le pétrole
Vous oubliez l’extraction de pétrole en Afrique noire ! Bref ces gens là n’ont aucune envie de faire marche arrière qui serait tout à leur honneur mais ils préfèrent continuer a courir tout droit vers le mur , donc c’est à nous de recréer un autre modèle de société.
Notre premier EFFORT est de cesser de consommer à outrancecomme nous le faisons, de remplacer des objets qui pourraient vivre encore longtemps, tel, télé, voiture etc. Soyons un peu plus sobre
Désolée pour toutes ces fautes de frappe, révoltée et apeurée à la fois.
Je suis beaucoup Aurelien BARRAU et malheureusement comme beaucoup de personnes je n’ai pas choisi de conduire une voiture qui pollue, ni de me chauffer avec une énergie qui pollue, ni de mettre des merdes dans mon alimentation et qui polluent, en passant qui nous rend malade et qui pollue encore parce qu’on nous fait prendre des médicaments qui nous pollue, je n’ai pas choisi non plu d’avoir tout ces besoins qu’on nous a créé comme la télévision, internet et portable qui pollue également l’environnement mais aussi nos pensées..
Mais comme tout le monde ( il me semble ) j’aimerai que ça change même si je dois me passer de tout ce confort dans lequel on nous a bercé, si c’est pour que nos enfants et petits enfants puissent connaître la beauté de la vie..