Depuis plus de 10 ans, le Chili se prépare à devenir l’un des grands leaders mondiaux de l’énergie.
L’ambition du Chili est d’atteindre cet objectif tout en devenant neutre en émission de CO2. (1)
Les autorités chiliennes estiment être en avance sur ces prédictions. Il y a 5 ans, elles pensaient qu’en 2050, 70% de leur énergie pourrait être verte, désormais elles pensent pouvoir atteindre cet objectif en 2030. (1)
C’est ce qu’a affirmé en 2020, dans un webinaire sur l’hydrogène, le jeune ministre chilien de l’énergie et des mines, Juan-Carlos Jobert. (1)
En 2050, 95% de l’énergie chilienne pourrait venir des énergies renouvelables. Mieux, le Chili pourrait être l’un des plus grands exportateurs d’énergie du monde !
Et pour réaliser ce rêve, le gouvernement chilien compte sur l’hydrogène vert.
Hydrogène vert ?
L’hydrogène est représenté sur le tableau périodique des éléments ou tableau de Mendeleïev par le symbole H.
C’est le plus simple de tous les éléments. Il est composé d’un proton et d’un électron. (2)
C’est l’élément le plus abondant de tout l’univers.
Avec l’hélium, l’hydrogène est sans doute le premier élément à s’être formé dans l’univers après le Big Bang. (3)
Sur la planète terre, l’hydrogène est répandu mais jamais seul.
Il est souvent associé à d’autres éléments. Par exemple dans l’eau avec l’oxygène (H2O)ou encore dans le méthane avec du carbone. (CH4.) (4)
Pour obtenir de l’hydrogène sur terre, il faut donc une transformation.
L’hydrogène est appelé vert s’il a été produit à partir d’énergies renouvelables. (5)
Il est dit gris s’il a été produit à partir d’énergie fossile.
Le méthane en utilisant des énergies fossiles, notamment par vaporeformage.
Mais en vrai, vert ou gris, il s’agit du même hydrogène !
Pur, l’hydrogène est un gaz incolore et non toxique. (2)
Comment produit-on l’hydrogène ?
50% de l’hydrogène actuellement produit dans le monde viendrait du vaporeformage du gaz naturel, composé pour l’essentiel de méthane.
À une température comprise entre 700° et 1000°, la vapeur d’eau réagit avec le méthane et produit du monoxyde de carbone (CO) et de l’hydrogène (H4).
L’oxydation du pétrole ou du propane permet également la production de l’hydrogène ainsi que la gazéification du charbon.
Ces procédés se font dans des raffineries ou près des centres d’extraction des énergies fossiles.
Ils sont malheureusement très polluants même si les choses pourraient être en train d’évoluer. (4,5)
L’électrolyse est un autre procédé connu. Cette technique est elle aussi en pleine évolution. (6).
Il en existe aujourd’hui différentes sortes.
Dans tous les cas, on utilise des molécules d’eau (H2O) dont l’on sépare les éléments : d’un côté l’hydrogène et de l’autre l’oxygène (O).
Le dihydrogène est composé de deux atomes d’hydrogène liés entre eux.
La séparation de ces deux atomes d’hydrogène produit une quantité importante d’énergie.
1 kg de dihydrogène permettrait ainsi de produire 4 fois plus d’énergie que 1kg d’essence. (6)
Si l’électricité produite pour effectuer l’électrolyse est recyclable, ce procédé est beaucoup moins polluant. (6)
Les avantages de l’hydrogène
Le Chili mise sur l’hydrogène vert pour différentes raisons.
D’abord, il s’agit d’une électricité stockable.
Les centrales solaires, éoliennes ou hydrauliques fabriquent de l’électricité qui peut à son tour servir à produire de l’hydrogène.
Stockée dans des piles à énergie, elle peut également être transportée assez facilement.
L’hydrogène permet par ailleurs de gérer les surplus de production liés aux aléas des énergies renouvelables.
Lorsqu’il y a beaucoup de soleil l’été ou lorsque les éoliennes tournent à plein régime à cause d’un vent fort, le surplus d’énergie sert à produire de l’hydrogène.
Plus tard, si l’énergie vient à manquer, l’hydrogène des périodes fastes permet de créer de l’électricité.
Enfin les techniques d’électrolyse progressent (6) et le prix de cette opération diminue. (1)
Pour le Chili, qui en plus dispose de larges réserves de lithium qui permettent de faire des batteries, développer le secteur électrique grâce à l’hydrogène est très avantageux. (7)
Le Chili : un eldorado pour l’énergie solaire
L’enthousiasme des autorités chiliennes vient de que leur pays dispose d’une situation géographique exceptionnelle. (1)
Le potentiel du pays sera 70 fois supérieur à ce qu’il est actuellement. Or, le Chili produit déjà près de 20% de son électricité avec des énergies renouvelables. (1)
Au nord, du pays, l’ensoleillement est très présent. C’est là que se trouve le désert d’Atacama.
Une immense centrale solaire y a été inaugurée en 2021. Le site s’appelle Cerri Dominador. (8)
La centrale utilise une grande tour, des panneaux solaires et des miroirs comme la centrale de Phoenix aux Etats-Unis (9) ou celle de Ouarzazat au Maroc. (10)
Ce type d’énergie est appelée thermodynamique à concentration. L’énergie du soleil y est transformée en chaleur par de nombreux miroirs. Cette chaleur est utilisée pour produire de l’électricité.
Au Chili, le gouvernement estime que le potentiel pour ce type d’énergie serait de 587 Gigawatts. (1)
Toujours selon les estimations officielles, cette énergie solaire pourrait être complétée par des panneaux photovoltaïques dont le potentiel serait de 878 GW. (1)
Les autres atouts du Chili : montagnes, vents forts et longue côte
Plus au sud, les chaînes de montagne et les nombreuses rivières du Chili offrent la possibilité de développer des centrales hydrauliques. Le potentiel du pays serait de 15 GW. (1)
Enfin en Patagonie de puissants vents balayent le Chili et permettraient de produire jusqu’à 295 GW. (1)
On l’a vu l’hydrogène stockée dans les piles à combustible se transporte bien.
Et le Chili peut produire beaucoup d’hydrogène.
Ce pays est aussi doté d’une longue côte si bien que les unités d’hydrogène produites pourraient être exportées aisément dans le monde entier.
En effet, où que l’on se trouve au Chili, on n’est jamais bien loin d’un port !
Les exportations se feraient par voie maritime.
À terme, les navires devraient être eux-mêmes propulsés avec de l’énergie produite par de l’hydrogène embarqué sur des piles à combustible. (11)
La situation géographique spécifique du Chili lui donne un autre avantage…
Le gouvernement chilien envisage déjà des exportations en Asie notamment en Corée du Sud, aux Etats-Unis et en Europe.
Quel est son argument principal ? Le coût !
D’après les prédictions du cabinet de conseil McKinsey, qui travaille avec de nombreux gouvernements dont celui du Chili, le coût de 1 kg d’hydrogène vert en 2030 sera de :
- 1,4 $ au Chili
- 1,7 $ en Australie
- 2,1 $ aux Etats-Unis
- 2,2 $ en Chine
- 2,6 $ en Europe
Ainsi, pour le Chili, le coût de transport lié à l’hydrogène vert serait largement compensé par son faible coût de production.
En tout cas, l’enthousiasme de Juan Carlos Jobert et sa vision claire des choses est plutôt encourageante pour le Chili !
Le Chili peut-il devenir l’un des plus gros fournisseurs d’énergie au monde demain, comme l’Arabie Saoudite aujourd’hui ?
Cela dépendra peut-être de la capacité des autres pays à développer leurs propres ressources à un prix attractif.
La course est lancée !
Solidairement,
Julien
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Ce qui me fait peur c’est mc kinsey qui est égal à corruption
L’hydrogène a un rendement catastrophique.
C’est tout sauf une solution écologique.
C’est juste un moyen pour les pétroliers de garder captifs les propriétaires de voitures.
A bannir.
Atricle intéressant, mais vraiment orienté Science Fiction, avec le tout Hydrogène !
Et pourquoi s’emballer pour l’exportation d’énergie, idiote par nature, qd on peut et doit redevenir le + autonome possible régionalement !
Ce que permet évidemment la variété et la complémentarité des énergies renouvelables à notre service !!!
Et très gros manque dans l’article, nos immenses potentiels de :
– Sobriété, que mets ENFIN en avant l’AIE, le résumé pour décideurs du GIEC, des gouvernements, …
– et d’Efficacité.
Les 2 cumulés démontrent que même en cette 3° décennie du 21° siècle, nous gaspillons toujours 2 / 3 de l’énergie, ce qui « tue » notre Climat.
Ils sont indispensables dans tous les scénarios 100 % renouvelables à notre disposition, AIR, RTE, Greenpeace, ADEME, négaWatt :
Tout est expliqué clairement sur http://www.negawatt.org , merci !
Il existe peut-être des solutions techniques, mais il est urgent d’abord de réduire notre impact écologique avant de parier sur des tas de solutions plus ou moins raisonnables. De toute façon notre futur doit aller vers la sobriété (associé à une baisse démographique).
Tous nos efforts écologiques risquent d’être anéantis par quelques états qui vont à contre sens (comme un risque de guerre), or l’ONU n’est pas conçue pour et n’a pas les moyens militaires d’obliger certains états.
Avant de concevoir des solutions, il faut changer la mentalité de tous les pays pour que les mots « partage » et « respect » soient appliqués mondialement, associés à un nouveau modèle économique fortement anti-capitaliste.
https://lejustenecessaire.wordpress.com/2022/04/06/le-neoliberalisme-detruit-lecologie-pour-leconomie/
Rien n’empêche de chercher des solutions pour trouver plus d’énergie sans nuire à l’écologie.
Il faut vraiment arrêter de fumer la moquette.
Le chili exploite les plus grosses centrales à charbon de la planète, normal il n’a pas les finances pour payer les centrales nucléaires (il vaut mieux avec les gouvernements mis en place par la cia).
L’hydrogène est une grosse fumisterie pour les usages civils (voir la catastrophe du Hindenburg suite à laquelle on a pris conscience du danger inacceptable que représente ce gaz) sans compter son rendement très nettement inférieur à 25% (pour celles et ceux qui ne comprendraient pas, il faut 4x plus d’énergie pour produire l’hydrogène que celle ci n’en produira jamais).
La seule énergie verte est le soleil qui permet la photosynthèse chez les plantes mais comme le jour du dépassement est maintenant en mai, toutes les fumisteries que nous inventerons empireront la situation.
Et toutes ces piles quand elles seront saturées elles seront nos nouvelles montagnes?Les éoliennes nos nouveaux arbres?super héritage pour les générations suivantes!!
Bonjour,
Pour l’hydrogène je ne sais pas, mais pour le Lithium, le chili se fait construire une centrale à charbon par EDF pour l’exploiter, ça va juste dans l’autre sens.
super intéressant. Merci
avec McKinsey. ça pue…
Encore et toujours MC Kinsey !! Est-ce qu’on ne pourrait pas se passer de ces prédateurs ? A force d’être à la remorque des amerloques on va finir en slip avec un monde dévasté !
Je lis ici encore un ramassis de bêtises et de contresens qui dénotent le peu de connaissances réelles de ce sujet.
Quand on lit : »Stockée dans des piles à énergie, elle peut également être transportée assez facilement. », je me roule par terre tellement c’est affligeant!
Cher Julien, sachez que ce que l’on appelle pile à combustible, ici improprement renommée à hydrogène, a pour but de produire de l’électricité en transformant l’hydrogène et l’oxygène (de l’air) en eau. Il ne s’agit nullement d’une solution de stockage.
Ensuite, la production d’Hydrogène est sur le plan physique et chimique la réaction la plus consommatrice d’énergie qui soit.Son utilisation, avec une pile à hydrogène ou même simplement en la brûlant est économiquement et techniquement une mauvaise affaire en terme de rendement.
Qui plus est, le stockage d’hydrogène gazeux est difficile, dangereux. Son stockage sous forme liquide serait avantageux si cela ne représentait un challenge technique énergivore de compression et de stockage à des températures extrêmes. De plus, sous cette forme, peu de contenants sont étanches, ce qui rend le tout explosif.
Rappelons que la technique de liquéfaction de l’hydrogène est connue depuis fort longtemps, servant pratiquement uniquement aux fusées que l’on ne remplit qu’au dernier moment, et dont un certain nombre ont explosé!
Enfin, pour finir, si vous produisez l’hydrogène avec de l’électricité solaire, le rendement de ces opérations est minable, d’un amortissement très improbable.
Si le Ministre de l’Energie Chilien se forme avec Science et Vie junior ou qu’il croit au mouvement perpétuel ou au moteur à eau, grand bien lui fasse, mais je plains le contribuable Chilien ou le crétin prétentieux qui investira là dedans!
Quand aux sources que vous utilisez, méfiez vous de ces charlatans qui sont très forts pour piller les ressources fiscales et aider au lavage de l’argent sale.
Alors, s’il vous plait, cher Julien, il y a dans ce monde des causes bien plus justes à défendre, rien qu’au Chili, le détournement des maigres ressources en eau de l’altiplano au bénéfice de l’exploitation du lithium qui servira dans la batterie de votre voiture ou de votre portable.
le Chili n’est pas contrairement à ce que vous le laisser entendre n’est pas un pays écologique.
Les mines à ciel ouvert de métaux(cuivre) et de terres rares(lithium) polluent des surfaces immenses (poussières)et de plus détruisent par leur exploitation (cratères de plusieurs kilomètres de large et de plusieurs centaines de mètres de profondeur) des dizaines de plantes en voie de disparition .
Les journalistes feraient bien de faire des recherches plus approfondies avec les avantages et les inconvénients de certaines avancées techniques.
Les norvégiens qui développent les voitures élecrtriques pour avoir 0% d’émission de CO2;
Quand on leurs parle de ces pollutions pour fabriquer des batteries, ont répondu : Oui mais cela ne pollue pas chez nous ???
Dans ce climat de tensions tous azimuts, il est vraiment réconfortant de recevoir ce genre de message. Une action à confirmer et à suivre de près. Merci.
Bonjour,
Article intéressant, MAIS, personnellement, je suis très méfiant vis-à-vis des fables racontées par McKinsey.
A bon entendeur.
Je pense qu’ont devrait faire pareil ! Nous avons l’eau, le soleil et le vent, donc pourquoi pas..?!? Aux Pays-Bas il y a des éoliennes partout, pourquoi ne pas plus en mettre ici?!? Plus aucunes dépendances de l’extérieur ou peu.La mer, si plus d’eau, la désaleniser et la rendre potable, et avec la force des vagues pourquoi ne pas l’utiliser?!? Il est temps de changer ! Ces pays là sont en avance et respectent le climat, la nature pourquoi ne pas en faire autant?!? Prenons exemple sur eux au lieu de continuer comme ça !
Les éoliennes ont un rendement de 25%, elles sont toujours soutenues par des centrales thermiques (gaz, fioul, charbon) au cas où il n’y aurait pas assez de vent. On ne sait pas les recycler –> on enterre leurs palles. EDF est obligée d’acheter leur électricité 3 fois plus cher qu’il ne la vend. Sans leurs monstrueuses subventions elles ne sont pas rentables.
Idem pour les « fermes solaires ».
Je suis prof de techno, cela fait plusieurs années que j’aborde ce problème mais surtout cette solution de production d’énergie/stockage de des énergies renouvelables. Le vecteur hydrogène est la « batterie »utilisable de suite! Cela permettrait d’optimiser l’utilisation des éoliennes, capteurs…Qu’attendent nos dirigeants qu’on soit à nouveau à la traine (comme avec le photovoltaïque, et se faire passer devant par les chinois et Cie). A quand l’indépendance énergétique (la vraie, décarbonnée, dénucléarisée!) mais il ne faut surtout pas froisser nos lobbys (Total, ENGIE…).
Comme quoi si on veut on peut trouver une solution écologique et économique, pourvu que les pouvoirs publics s’y intéresse si ça ne rapporte pas assez d’argent.
Enfin des gouvernants qui ont le courage pour ne pas dire autre chose, de lancer un tel programme ! Bravo à eux, que l’on prenne exemple.
Merci pour cet article inspirant ! J’étais justement en train de me renseigner sur l’investissement durable (le vrai), je vais ouvrir un compte chez « lumo » ça a l’air bien ! C’est ma banque qui m’a conseillé ça suite à mes demandes de placement éthique (sinon eux ils ont rien !)
Bien À suivre