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methaniseurs

Méthaniseurs, faut-il continuer ?

Le défi de la transition écologique fait naître des projets et des idées.

Pour sortir des énergies fossiles, on tente de développer des alternatives.

Les méthaniseurs font partie des pistes explorées.

Ce sont de grandes cuves dépourvues d’oxygène qui transforment des déchets organiques, – végétaux et animaux – en biométhane par fermentation.

La matière organique utilisée vient des villes, notamment des déchetteries, des déjections des animaux d’élevage, des déchets végétaux de ferme, etc.

Certaines exploitations agricoles complètent leur activité en y associant un méthaniseur.


Tout est bon dans la vache !

Les vaches de ces fermes produisent :

  • du lait ;
  • des déchets dont on fait du biométhane ;
  • du digestat : le résidu organique des déchets non utilisés pour faire du biogaz qui sert alors de fumier.

De son côté, l’agriculture y gagne un complément de revenu substantiel. En Allemagne cette nouvelle manne a même conduit à une course à la méthanisation des fermes1.

Toutefois, les investissements nécessaires au projet sont tout de même lourds et n’auraient peut-être pas pu se faire sans d’importantes subventions publiques1.

 

La France s’y met 

Longtemps réservé à nos voisins allemands, l’eldorado des vaches à méthane nous tend désormais les mains.

En mars 2013, l’ancien ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, avait fixé le cap : il fallait 1000 méthaniseurs en France en 20202.

A terme, le gouvernement de l’époque souhaitait qu’en 2030, 10% du gaz utilisé en France soit issu de la méthanisation, voire 30% en 20502.

La France compte à ce jour 646 installations et de nombreux dossiers sont actuellement à l’étude3.

L’Allemagne, elle en compte près de 10 0002.

Mais en France, de plus en plus de voix s’élèvent contre le développement de cette filière industrielle qui n’est pas sans inconvénients.

Ça pue et ça pollue !

Pour faire fonctionner les méthaniseurs à plein régime, des déchets de l’industrie agro-alimentaire et des boues de station d’épuration sont utilisés, avec leur plastique et leurs métaux lourds, qui sont ensuite mélangés aux effluents agricoles.

C’est un scandale !

Imposons des limites pour que cette technologie reste une idée brillante.

Odeurs et émission de gaz

Sans grande surprise, ces installations dégagent des odeurs pestilentielles.

C’est évidemment très désagréable pour les riverains.

Mais c’est aussi un problème environnemental.

Ces mauvaises odeurs indiquent que des gaz s’échappent des sites.

Est-ce du méthane qui émet 25 fois plus d’émissions à effet de serre que le CO2 ?

Est-ce du sulfure d’hydrogène hautement toxique et hautement corrosif – donc dangereux pour l’installation elle-même2 ?

 

Mauvaise maîtrise des installations

Sur certains sites mal implantés, les déchets organiques nécessaires à la production de biométhane manquent.

Le bon fonctionnement de la cuve nécessite alors des apports extérieurs venant parfois de plusieurs centaines de km2…

Sur ces sites, des dizaines de camions doivent remplir les cuves tous les jours.

A quoi bon développer des alternatives qui dépendent aussi massivement du pétrole ?

Par ailleurs, certains sites ont subi des explosions ou des incendies3.

Enfin, les résidus organiques des méthaniseurs, le fameux digestat destiné à être épandu sur les terres agricoles, est liquide.

Ce digestat est composé pour l’essentiel d’azote ammoniacal, très sensible au ruissellement.

Il va donc dans les champs mais aussi dans les ruisseaux alentours et les nappes phréatiques.

Or une trop forte concentration de ce produit est toxique.

Ce n’est bon ni pour les poissons, ni pour ceux qui s’aventureraient à boire de cette eau…

La filière est-elle vraiment maîtrisée en France ?

 

Accaparement des terres et des ressources agricoles 

Les limites du système ne s’arrêtent pas là.

Certains s’inquiètent de voir une augmentation de la surface agricole utile dédiée au méthane.

En Allemagne, 7% de la surface agricole lui est consacrée.

En effet, de grandes entreprises se sont jetées dans la course au biogaz.

Elles ont accumulé des terres agricoles pour y implanter de grandes usines à méthane4,5.

La demande en fourrage a considérablement augmenté.

En Basse-Saxe, par exemple, des territoires entiers ont été transformés en vastes champs de maïs, parfois au détriment de petites fermes bio1.

Ces immenses étendues de monoculture nuisent à la biodiversité et nuisent à l’agriculture tout court !

Faut-il passer la souveraineté énergétique avant la souveraineté alimentaire ?

Retrouvez ici les arguments de ceux qui s’opposent à la méthanisation de l’élevage.

Le tout est peut-être de trouver un juste milieu entre le modèle ultra-industrialisé allemand et le refus total de ces installations.

Solidairement,

 

Julien

 

P.S. : Vous avez déjà signé cette pétition ? Faites passer le message à votre entourage : transférez tout simplement cet email à vos contacts ou partagez cet article sur Facebook en cliquant ici.

P.P.S. : vous voulez réagir à cet article ? Evoquez votre ressenti lors de la signature de la pétition ou cliquez ici pour laisser un commentaire au bas de cet article.

Pour faire fonctionner les méthaniseurs à plein régime, des déchets de l’industrie agro-alimentaire et des boues de station d’épuration sont utilisés, avec leur plastique et leurs métaux lourds, qui sont ensuite mélangés aux effluents agricoles.

C’est un scandale ! Imposons des limites pour que cette technologie reste une idée brillante.

Défendez votre propre cause !

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31 Comments
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Le Louet Maryvonne
4 années il y a

je voudrais ajouter quelques réflexions après avoir pris connaissance des textes de ceux qui ont publié des commentaires.
Il m’apparaît tout d’abord que la grande majorité ne sait pas vraiment de quoi il s’agit concrètement et « parle » pour le plaisir de se sentir exister et avoir de l’importance. Pardon, mais c’est la caractéristique majeure d’Internet.
Ensuite,il ne faut pas tout mélanger. Produire des énergies alternatives, ok, je suis bio/écolo, depuis toujours, ayant grandi à la campagne, mais pas n’importe comment. Quand le fait d’en produire consomme plusieurs fois en pétrole la quantité de gaz produite, d’une part, et entraine des nuisances REELLES, il y a lieu de refuser ces projets. Je m’explique :
. Un hangar de stockage du lisier mesurant 25 m de large X 20 m de profondeur et 10 m de hauteur….imaginez les tonnes stockées et …la façade avant de ce hangar est ouverte pour permettre à un engin d’en extraire régulièrement et 24/24 h le lisier pour alimenter la cuve de méthanisation (contenance : 3.800 m3).
. Odeurs : vous penseriez que ce lisier/fumier qui est un mélange d’excréments des vaches mélangés à de la paille, fermentant dans un hangar, ouvert, n’ait pas d’odeurs ? Le meme lisier quand il est épandu aux alentours, on le sait et cela ne sent vraiment pas bon.
. Ajoutez à cela : 28 tonnes/jour de lisier provenant d’autres élevages (volailles, cochon) pour compléter la quantité nécessaire au fonctionnement du méthaniseur, et j’ajoute que ces lisiers ne proviennent certainement pas de petits élevages… et vous comprendrez peut etre un peu plus les odeurs.
.BRUITS : les camions semi-remorque transportant ces lisiers pluri-quotidiennement sur des petites routes de campagne font du bruit et de la poussière et de plus dans mon cas ils vont circuler sur une route vicinale ou une seule voiture peut circuler de front, avec des virages à angles droits, donc sans visibilité. Imaginez vous au volant de votre voiture voir surgir un de ces engins devant vous. Lequel, selon vous devra faire marche arrière (il y a des fossés de chaque coté de la route) ? Comme je l’ai dit tous ces camions, tracteurs…utilisent du pétrole. La cuve du méthaniseur ne fonctionne pas non plus 24/24h avec l’air du temps.
. Autre conséquence : non seulement fini le calme, le chant des oiseaux et l’odeurs des roses et des autres arbres fleuris… ma maison, nos maisons (nous sommes 5 foyers) ne valent déjà plus rien, elles sont invendables.

Alors vous pensez toujours que ce gaz peut etre appelé « bio » ? J’ai la copie du dossier de demande d’autorisation de construire, fourni par la mairie, et il y a encore bien des choses que je n’ai pas dites. Je respecte les agriculteurs, étant née dans leur proximité mais je n’accepte pas tout pour autant et il y a une règle majeure dans une société démocratique : la liberté de chacun s’arrète là ou commence celle de l’autre. Autrement dit : respect mutuel.
J’avais demandé des conseils – et éventuellement de l’aide dans un précédent commentaire. J’ai revé. Je vais tacher de les trouver ailleurs, si cela existe.

Bonne continuation à tous et faites marcher votre « petit pois »…cerveau.
Maryvonne

Le Louet Maryvonne
4 années il y a

Je suis dans la situation d’une « riveraine » concernée par ce projet de méthanisation. J’ai en mains tout le dossier de demande d’autorisation de construire, signée par le préfet. Je me suis informée aussi alentour. C’est très inquiétant pour ne pas dire plus. Odeurs, bruits, poussière, mouches, ballet de gros camions et tracteurs avec remorques sur une route vicinale où une seule voiture peut rouler de front… Et il n’y a eu aucune concertation ni information préalable. Le projet est en cours. Que peut-on faire? J’aimerais qu’on en fasse un débat national car c’est de toute évidence une source de pollution. Et : – on produit du soi-disant « biogaz » en consommant du diesel pour les (je signale que pour alimenter la cuve de méthanisation il faut un tracteur avec benne qui fonctionne 24 h/24…alimenté au diesel aussi bien sûr, quand il intervient – toutes les 2 h, ou plus souvent, le digestat liquide contenu dans le méthaniseur est automatiquement éjecté vers une autre cuve, à une température de 50 degrés. Dans le cas présent, la cuve contenant le digestat liquide, ou purin, a une contenance de 5.500.000 litres qui seront forcément épandus
sur les terres agricoles.

  • on cultive du mais, des petits pois ou autres, pour alimenter le méthaniseur, ce qui est un détournement de la fonction première de la terre.

Voilà. J’ai lu dans le dossier : 150 kw utilisés pour 180 kw produits ! Et certaines choses me font douter du chiffre 150.
Je me répète : je souhaiterais une consultation et un débat sur ce sujet en demandant l’avis des personnes engagées dans la défense de l’environnement.
Merci de toute réponse.
Maryvonne
my.lelouet@gmail.com

Ps. En attendant, ma maison ne vaut plus grand chose (financièrement).

gardet cadet christiane
4 années il y a

c’est plutot l’elevage et sa viande qu’il faut réduire en liquidant ces énormes fermes

Bernadette RIHOUX LEHEMBRE
4 années il y a

où est la lettre de pétition ? adressée à qui ?

CANTA Hélène
4 années il y a

Toutes les idées sont bonnes à écouter mais il faut les étudier avant de les mettre en application et en toute choses il faut de la mesure. Le problème est que les financiers se précipitent sur toutes les opportunités pour optimiser leurs investissements. En somme, ils font leur travail de financiers ….. sans aucune conscience. Qui doit prendre les décisions, en conscience ? Les pouvoirs publics ? Les agriculteurs ? La question est complexe et nous renvoie à notre système économique.

Cecile
4 années il y a

Il faudrait prendre un peu plus de renseignements avant de publier des bêtises. Les methaniseurs sont des ouvrages en général en béton qui sont entièrement fermés et désodorisés ! C’est règlementé ! De plus les boues des stations d’épuration sont produites par l’homme il faut donc bien essayer de réduire les déchets. Les boues qui sont épandues dans les champs sont maintenant majoritairement pâteuses et non liquides. Je pense que votre pétition était bonne il y a 20 ans mais pas aujourd’hui…!!

Erwan
4 années il y a

Encore un article qui utilise des exceptions pour généraliser. Il y a de grosses différences Eve les installations industrielles et agricoles. Et entre l’Allemagne et la France. Pas de 100% mais en France. La matière organique n’est pas perdue dans le digestat. Pas de fuites ni odeurs sur les sites sauf exception. Bref continuons dans le mur en s’inventant des problèmes et en passant à côté d’un moyen vertueux de produire électricité et chaleur ou gaz…

Gelin Daniel
4 années il y a

le gaz à partir des déchets ORganiques: Je ne suis pas preneur car le rendement global est ridicule
au départ, c’est la photosynthèse qui est à l’origine de la production avec un rendement ridicule au point de vue énergétique: 0,3% dans nos contrées. L’usage de cette matière organique est à privilégier pour augmenter l’humus direct en compostage. pour l’énergie solaire, le rendement en utilisant les énergies « résiduelles » c’est 90% de rendement soit 300 fois plus. il faut 300 ha de cultures pour un ha de solaire, soit de quoi nourrir 1200 personnes.
je suis en train de réaliser un captage solaire en concentration avec suiveur de la course du soleil géométrique de 16 m²
en savoir plus arbres2vies@gmail.com
basé sur les réalisations de Jean Luc Perrier Angevin qui a réalisé un four de 100 m², produisait de l’hydrogène, avait une voiture adaptée (juste le carburateur a changer) et chauffait avec les « résidus » de la chaîne thermodynamique, sa maison tout l’hiver en stockant dans une réserve d’eau de 200 m³ isolée. il affirmait, de par sa réalisation, qu’avec les chômeurs formés en 2 mois, il fallait 5 ans pour que l’énergie Française soit autonome à 100% en utilisant les « réservoirs » du Gaz de Lacq comme stockage d’H² avec 3 ans d’autonomie…
pour couper le principe de l’énergie à partir de ce qui est vivant, une seule piste: réaliser une alternative crédible. qui veut essayer et apprendre???

Benoit
4 années il y a

Bonjour Julien,
j’ai signé bon nombre de vos pétitions lorsqu’elles étaient correctement argumentées et de bon sens pour un futur plus sain et davantage respectueux de l’environnement.
Sur le sujet de la méthanisation, vous me semblez un peu trop imprécis et démagogique !
Certains commentaires illustrent très bien les limites de vos affirmations…
Moi je suis pour l’utilisation et le recyclage de cette énergie (qui est de toute façon produite) mais bien sûr de façon éthique et dans les règles de l’art.
Évidemment, comme pour tout nouveau créneau, vous trouverez toujours certains groupes industriels ou personnes sans scrupules qui iront à fond dedans seulement au regard des profits que cela peut générer, au détriment des conséquences environnementales et de l’éthique citoyenne qui devrait aller avec…
Il vous appartient donc de dénoncer ceux qui ne jouent pas le jeu et ne respectent pas les lois en vigueur (souvent minimalistes et dictées directement par les lobbies industriels… je vous l’accorde mais ils nous appartient à tous de les faire alors évoluer) plutôt que de mettre tout le monde dans le même panier.
Donnez-nous des noms afin qu’ensemble, citoyens, élus et associations, mettons tout en oeuvre pour remettre dans le droit chemin ceux qui dérapent et ne respectent pas les règles !!!
À l’avenir, merci d’avance d’avoir à l’esprit une volonté de transparence totale et plus objective des sujets que vous traiterez afin que ceux-ci puissent avoir une portée encore plus légitime et soient davantage mobilisateurs.
Pour un monde meilleur, bien cordialement.

arnaud
4 années il y a

votre petition est tout simplement débile, je rappelle que ce qui est injecté dans les digesteurs est du déchet agricole, qui produira du biogaz s’il est stocké à l’exterieur sans être retourné de temps en temps.

Tout le monde veut de l’energie verte, mais jamais chez soi (NIMBY en anglais: Not In My Back Yard).

Je rappelle que le méthane est 27 fois plus nocif en gaz à effet de serre que le CO2.

IL y en a marre d’ecouter les gens qui font que se plaindre, la planete montre déja des signes de faiblesse, et nous, pauvres cons, on est en train de trouver des excuses pour rien faire, ce qui conduira substanciellement à la mort de l’homme , pas de la planète, ni de la nature, qui s’adaptera.

Alors, ce n’est pas parfait, et on trouvera mieux, mais pour l’instant c’est une des technologies qu’on connait.

Alors arretons ces petitions débiles de gens frustrés régressifs au changement, car un méthaniseur, ca fait du gaz vert, ça économise du méthane à l’atmosphère, et ça enrichit les sols, et je rappelle que les activités agricoles génèrent des mauvaises odeurs (d’ailleurs il existe des biofiltres pour traiter les odeurs !!!).

May
4 années il y a

La pétition parle de plusieurs sujets bien distincts. Déjà, la méthanisation c’est un outil qui transforme la moitié la plus facilement dégradable du carbone contenu dans tous nos déchets organiques mais comme tout outil :
– il peut y avoir de mauvais outils (mauvaises métha, souvent pour tirer les prix vers le bas, au détriment de la sécurité et de l’environnement). Malheureusement ça arrive et ça fait du mal à la filière
– l’intéret d’une métha dépend avant tout de ce que tu mets dedans (déchets agricoles, collectifs, etc.)

Je vais essayer de parcourir l’article point par point :

1) La majorité des déchets viennent des villes : c’est faux. La plupart des métha actuelle en France sont justement situées en campagne et valorisent des effluents d’élevage. Les déchets urbains se développent maintenant dans un second temps. Pas de déchets de déchetterie en métha (on ne peut rien mettre de ligneux)

2) Revenu complémentaire : c’est vrai, la métha est actuellement le seul revenu « fixe » de beaucoup d’agriculteurs dont les prix des produits dépendent plus des cours mondiaux que de leur qualité. Même si l’investissement à la construction est conséquent, au bout de 7 ans c’est remboursé et l’agriculteur peut y voir clair sur les recettes, une vraie bouffée d’air pour la filière qui a la tête sous l’eau. Bien des fois, c’est paradoxalement la métha qui permet aux agriculteurs de garder leurs animaux, c’est regrettable mais c’est tout le système agricole actuel qui est à revoir… la conséquence de vouloir manger pas cher !

3) Le prix : en effet, l’investissement est important et la plupart des méthanisations sont actuellement subventionnées de deux manières : tarif de rachat élec et gaz préférentiel, aide à la construction. Mais c’est également le cas des autres énergies renouvelables (PV, éolien). Les subventions aident généralement à lancer une filière. Le truc c’est que dans la métha (contrairement aux autres énergies renouvelables), l’investissement ne va pas à la baisse mais plutôt à la hausse afin de rendre les installations plus sûres et éviter les fuites ce qui somme toute n’est pas une mauvais chose. De nos jours, une méthanisation n’est donc pas rentable par rapport aux énergies fossiles… et ne risque malheureusement pas de le devenir si le prix de l’énergie reste aussi bas !

4) Odeurs : les odeurs potentielles de la métha proviennent toutes des intrants (fumier, lisier, déchets agroalimentaires), une fois restés une soixantaine de jours dans les digesteurs, le digestat n’a pas d’odeur (il m’arrive de récupérer des sacs de digestat pour fertiliser mon propre potager et de les trimbaler pendant une journée de train, personne ne s’en rend compte haha). La suppression des odeurs est même l’un des arguments intéressant pour la métha : les nuisances lors de l’épandage sont réduites : pour le voisinage, la différence entre l’épandage de lisier porcin ou de digestat liquide c’est le jour et la nuit. Dans nos installations, lorsque l’on a des déchets odorants (ex : lactosérum, graisses), ils sont stockées dans des préfosses fermées et l’air de ces préfosses est traité par un biofiltre. Aucune des installations que j’ai visité n’avait une odeur pestilentielle, mais encore une fois, il y a sûrement de mauvais exemples.
Pour ce qui est des émissions de gaz, il faut effectivement faire très attention, mais là le faible niveau de connaissance de l’article transparaît de lui même : le méthane n’a absolument aucune odeur haha. Mais bon, toujours est il qu’il faut faire très attention et je trouve ça bien que la réglementation soit de plus en plus sévère pour éviter les installations low costs avec de potentielles fuites de gaz. En allemagne, ils sont plus avancés au niveau des contrôles.

5) Implantation et distance : Il est vrai qu’un méthaniseur doit rester une installation très locale pour éviter de gaspiller plus d’énergie en transport de matière que ce que l’installation produit. La distance à laquelle on va chercher les matières dépend de leur pouvoir méthanogène. Sur nos installations, les limites sont : 5km pour un lisier, 10km pour un fumier, 20km pour des déchets végétaux et jusqu’à 50 à 100km pour des graisses ou autres substrats très méthanogènes. C’est pour cela que la création d’énormes projets de métha, pour moi, perdent tous leurs sens. De toutes façons, si un projet veut obtenir des subventions, toutes ces questions sont abordées et le bénéfice environnemental de l’installation est contrôlé.

6) Digestat : le digestat en sortie de méthanisation est séparé en 2 phases (une phase liquide, comparable à du lisier, et une phase solide, comparable à du fumier). Il est très chargé en azote et en phosphore, ce qui permet souvent de supprimer des intrants minéraux (dont la production est très nocive pour l’environnement). En effet, la forme de l’azote change et elle devient très volatile après méthanisation, ce qui a des avantages : plus rapidement assimilable par les plantes, et des inconvénients : volatibilité et lixiviation. Ce que l’on conseille généralement c’est de changer la méthode d’épandage et passer par des épandeurs qui injecte le liquide directement dans le sol. En général, l’épandage doit être bien contrôlé (comme l’épandage d’effluents d’élevage et de boues de stations d’épuration), chaque méthanisation doit faire son plan d’épandage de façon à ne pas avoir de trop grandes concentrations de N ou de P à certains endroits. A mon avis, l’épandage sous la terre devrait être rendu obligatoire pour limiter ce soucis là. En fait, ce qu’il faut savoir c’est que la méthanisation n’enlève et ne rajoute pas de N et de P, tout l’azote et le phosphore présents dans le digestat viennent des intrants de base, tout comme les potentiels éléments nocifs (plastiques, métaux lourds, etc.). L’épandage de la méthanisation est soumis aux mêmes règles que l’épandage de compost (dont on parle très peu) en termes de métaux et de plastiques (quantité, granulométrie) qui viennent généralement des biodéchets et des boues de stations d’épuration (en gros c’est les déchets humains qui sont les plus crades), les méthanisation purement agricoles n’ont pas ce soucis. Mais généralement, les premiers concernés sont les agriculteurs et ils n’ont aucun intérêt à accepter des intrants trop chargés en indésirables. Comme tu l’auras compris, la métha n’est qu’un outils, qu’un maillon dans la chaine de traitement des déchets : 50% de boues de station d’épuration sont déjà épandues en France et la métha ne change rien à cela. Idem pour le compost des biodéchets.

7) Accaparement des surfaces agricoles : là on change complètement de registre et de problématique : le précédent point était plutôt lié à la méthanisation de déchets, alors que là on parle de méthanisation de matière végétale. Tout d’abord, il existe deux types de matières végétales en méthanisation : les cultures dites principales (par exemple maïs dont on substiturait l’usage pour l’intégrer en méthanisation), et les cultures dites intermédiaires : ce sont des cultures, généralement d’hiver, qui s’intègrent à une rotation de culture classique et qui ont plein d’avantages : elles permettent de ne pas laisser la terre à nue pendant l’hiver, évitent l’érosion, stockent de la matière organique dans les sols et ne « concurrencent » pas les cultures principales. En France (à la différence de l’Allemagne), on est limité à 15% de culture principale dans le tonnage de la méthanisation. L’utilisation de cultures énergétiques fait débat et j’étais très contre au début et puis en voyant que 80% de nos surfaces agricoles étaient utilisées pour nourrir des vaches et des cochons, je me suis dit qu’après tout, je préférait manger moins de viande et produire notre énergie un peu plus localement. La monoculture de maïs n’est pas positive du tout mais la question c’est plutôt l’utilisation que l’on veut faire de ce maïs… Pour moi la métha ne transforme pas les paysages ruraux en grands champs de maïs, le maïs est déjà là sauf que l’on nourrit des porcs avec et ça ne choque personne haha !

En définitive, je trouve que l’article mélange des notions très différentes :
– la métha d’effluents d’élevage
– la métha de déchets
– la métha de matières agricoles végétales
Il faut à mon sens aborder chacune avec un angle de vision très différent. C’est particulièrement le cas de la méthanisation de déchets qui est en ce cas comparable à un incinérateur ou à un centre d’enfouissement. Il convient alors de se poser comme question : qu’est ce que l’on veut faire avec nos déchets ? Est ce que l’on veut continuer à brûler des déchets constitués à 70% d’eau, tout bazarder dans un gros trou et attendre que ça se passe ou est ce que l’on veut tendre vers une bonne séparation qui permettrait de retraiter 30% de notre poubelle grise en méthanisation ?

Aucune technique n’est parfaite mais à un moment c’est une question de choix. Pour ma part, je préfère assumer collectivement les quelques externalités négatives de la méthanisation (tout en essayant bien sûr de les réduire), que de continuer à importer du gaz qui vient de l’autre bout du monde, qui crée des conflits et qui (comme le gaz de schiste que l’on importe en masse), détruit les milieux naturels… mais loin de chez nous c’est mieux !

Au final, je trouve que la conclusion de l’article est bonne : un meilleur encadrement réglementaire (épandage, contrôle) permettrait d’éliminer les mauvais exemples qui nuisent à l’image globale de la filière qui est loin d’être aussi négative !

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